J'aime bien les écrivains non conformistes et Jean Clair, né en 1940, essayiste et historien de l'art, appartient à la catégorie des frondeurs et des électrons libres. Pourtant, il occupait des fonctions très illustres : Académicien, Ancien directeur du musée Picasso, Conservateur général du patrimoine, Commissaire d'expositions mémorables. Dés les années 80, il a élaboré "Les Réalismes", "Vienne", "Balthus", "Mélancolie" à Paris. Mais, il dérange un lectorat éminement progressiste qui ne supporte aucune critique sur le devenir merveilleux de l'humanité. Tout va très bien sur notre planète. Mais, les écrivains ne respectent pas toujours ce pacte du "politiquement correct". J'ai donc eu la curiosité d'ouvrir un de ses livres, "Les Derniers jours", publié en 2013. Ce récit mêle des éléments biographiques à des réflexions personnelles. Il est certain qu'il partage avec son ami, Alain Finkielkraut, une certaine nostalgie du passé, un défaut majeur de nos jours car regretter le monde d'avant relève d'une régression pessimiste, Son regard critique sur notre monde moderne n'est pas aussi dépourvu d'humour et d'ironie. Jean Clair est réputé par sa critique radicale de l'art contemporain, un art, selon lui, du vide sidéral. Son conservatisme sociétal peut se comprendre si on le rapproche de la citation d'Albert Camus, homme de gauche, qui avait écrit : "Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse". Dès les premières pages, l'écrivain évoque l'art de lire, ce qui me touche tout particulièrement : "Les humains disparaissent ou s'effacent sous le mince dépôt gris du présent, mais, si les choses se détériorent, les livres les inscrivent d'un doigt léger dans la cendre, et elles sont toujours là, au même endroit. L'art a-t-il eu meilleure raison que d'assurer cette permanence ?". Il aime les livres et par conséquent, il adore les bibliothèques : "Il existe à travers le monde une fraternité secrète des gens qui possèdent, dans leur bibliothèque, les livres que vous avez chez vous". Il n'oublie pas de citer l'utilité de la dictée et cette mention "archaïque" m'a fait sourire en pensant aux milliers de dictée que j'ai écrites dans la moitié du XXe siècle ! Et ces dictées obsolètes que je considérais comme un jeu m'ont donné le goût de la littérature. Les souvenirs scolaires de l'écrivain rappelent ceux des générations nées avant 1960. Jean Clair raconte sa scolarité dans un bon lycée parisien alors que ses parents d'origine paysanne avaient fui la campagne pour une meilleure vie. Très bon élève, le futur écrivain rend un hommage vibrant à l'école publique. (La suite, demain)
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