mercredi 10 juillet 2013

"Le gardien invisible"

Je ne lis pas beaucoup de romans policiers mais j'ai fait une exception avec Dolores Redondo, recommandée par des critiques élogieuses. Son "Gardien invisible", édité chez Stock dans la collection récente "La Cosmopolite Noire", m'a procuré un plaisir de lecture, teinté de frisson et de nostalgie. Le cadre du roman est culturellement proche de mon ancrage symbolique au Pays Basque, du côté Navarrais, qui va de Pampelune à Elizondo. L'héroïne se nomme Amaia Salazar, inspectrice ultra formée au FBI. Elle revient dans son village d'origine, Elizondo, pour résoudre une enquête fort difficile concernant l'assassinat de plusieurs jeunes filles. Ces victimes sont exposées selon un rite digne d'un sérial killer, assoiffé de pureté. Ce meurtrier semble connaître à la perfection la forêt où coule la rivière Baztan. Amaia utilise les techniques d'investigation les plus sophistiquées pour confondre cet étrange meurtrier. Une légende parcourt le livre avec la présence d'un "basajaunn", être mythologique de la culture basque. Ce yéti des forêts est-il l'instigateur du cérémonial morbide entourant les victimes ? L'inspectrice retrouve aussi dans ce retour aux sources sa terreur d'enfance face à une mère en proie à la maladie mentale. Ses sœurs ont repris l'entreprise de pâtisserie familiale et l'aînée, Flora, lui reproche son absence et sa désertion, Amaia ayant choisi une destinée différente, loin de son village. Ce roman policier n'est pas seulement une enquête sur la disparition des jeunes filles et la traque du meurtrier. J'ai beaucoup apprécié l'analyse psychologique des personnages, l'environnement austère de cette partie du Pays Basque espagnol, la qualité de l'écriture (excellente traduction de Marianne Million), le rôle des légendes, le poids des traditions et le dénouement inattendu. Un très bon roman à lire cet été, et pour moi, une surprise heureuse en découvrant cette femme écrivain, née à Saint Sébastien en 1969... Elle va poursuivre son chemin littéraire avec Amaia Salazar, tant mieux !