jeudi 21 mars 2013

"Rideau"

En lisant le Monde des Livres du vendredi 8 février, la rubrique "Prière d'insérer" de Jean Birnbaum  évoquait un roman de Ludovic Zékian, "Rideau", édité chez Phébus. Je connaissais la mère de Ludovic Zékian, car elle était propriétaire de la Maison de la Presse à La Tour du Pin, où j'étais nommée comme responsable de la Médiathèque de cette petite ville du Nord-Isère. J'avais souvent de grandes conversations avec elle sur les livres, les revues et je prenais bien soin de lui réserver un budget mensuel assez conséquent pour pallier le manque à gagner que l'ouverture de la médiathèque allait provoquer. Elle m'avait confié sa fierté d'avoir un fils dont la réussite universitaire la flattait beaucoup, à juste titre. Son fils a donc écrit son premier roman, en grande partie autobiographique. Il révèle le rapport particulier que sa mère entretenait avec son "magasin", la Maison de la Presse, qu'elle a gérée avec une compétence professionnelle indéniable. Mais son investissement n'a pas suffi à garder son commerce ouvert. Elle a fini par renoncer et le fermer. Les lieux du livre et de la presse sont décidément fragiles et pourtant indispensables dans nos villes. Ludovic Zékian a écrit un bel hommage à sa mère, et à cette vocation-mission de "vendre" de l'information avec toutes les contraintes financières que cela suppose. J'ai retrouvé avec plaisir l'ambiance des années 95  à la Tour du Pin où ce commerce "culturel" tenait une place essentielle dans une petite ville, bien à l'écart dans le département malgré son titre de "sous-préfecture". Ce roman parle d'une époque révolue qui laisse un goût de nostalgie et la littérature me fait revivre ce passé si lointain et si proche aussi. Ce premier livre "turripinois" (les habitants se nomment ainsi) est vraiment une grande réussite.