vendredi 6 décembre 2013

"Roma/Roman"

Quand on a séjourné récemment à Rome, lire ce livre, écrit par Philippe de la Genardière et publié chez Actes Sud en 2013, prolonge le bonheur du voyage. J'ai retrouvé toute la beauté de cette ville dans ces 300 pages où les quartiers (dont le Campo dei Fiori où j'ai séjourné) sont mentionnés ainsi que les places, les églises, les sculptures, les peintures, les fontaines, les lieux antiques, et bien d'autres monuments romains. Rome est vraiment le personnage central du livre et ce superbe portrait urbain, on ne le trouve pas dans un guide touristique ou un essai.  L'écrivain s'adresse aux trois personnages en les vouvoyant et cette construction du roman peut dérouter le lecteur(trice) mais, cette forme d'écriture donne un souffle dramatique au texte. Ariane, psychanalyste, est invitée à Rome pour fêter les vingt ans d'un film culte, réalisé par Adrien, cinéaste sur le déclin. Un troisième protagoniste intervient dans le film. Il se nomme Jim et s'est installé à Rome pour écrire un roman qu'il n'a toujours pas terminé. Ariane accepte ce séjour avec appréhension. Est-elle amoureuse de Jim, vingt ans après ? Ils ont été amants à cette époque. Jim se pose la même question : Ariane représente la femme fatale, idéale, fantasmée. Adrien aime aussi Ariane mais n'a jamais osé lui déclarer cette passion. Ils se retrouvent donc tous les trois face à leur passé, en tentant l'impossible : le revivre en éprouvant les mêmes sentiments amoureux dans cette ville magique, envoûtante et fascinante. Le roman de Philippe de la Genardière parle du temps, du souvenir, de la nostalgie de la jeunesse. Ce texte "proustien" brasse des thèmes sur l'amour, sur le rôle d'une ville comme Rome dans le mystère de la création artistique, sur le cinéma, sur les liens entre tous ces mondes concrets et virtuels. Un beau livre, écrit dans un style somptueux, ce qui est rare de nos jours. Je cite un passage : "Or, c'était cela qu'il fallait introduire dans le livre que vous écrivez, ce rire romain que vous entendez chaque jour, qui vient du fond des âges, remonte au temps de César, d'Auguste et aussi de Tibère ou de Caligula, et qui s'est perpétué au cours des siècles (...)".