lundi 30 décembre 2013

Rubrique cinéma

Mon dernier film de l'année 2013 s'appelle "Suzanne" de la réalisatrice Katell Quillévérè. La comédienne Sara Forestier interprète un rôle de fille à la limite de la marginalité. Au fond, elle n'en fait "qu'à sa tête" sans trop réfléchir aux conséquences de ses actes. Elle incarne donc une certaine jeunesse qui a beaucoup de mal à accepter le "principe de réalité". Suzanne est élevée par un père courage, chauffeur de poids lourd, chaleureux et attentif car il éduque ses filles tout seul. Ses deux filles s'entendent à merveille, malgré l'absence d'une mère, morte trop tôt de maladie. Le milieu social de Suzanne ne l'encourage pas à faire des études pour changer sa vie. Elle va choisir la pire des solutions : tomber enceinte à 17 ans parce qu'elle "en avait envie". Son père et sa sœur assument la situation, contraints mais toujours patients. Quand Suzanne rencontre son "amoureux", elle ne lui résiste pas longtemps et comme c'est un jeune délinquant, elle s'enfuit avec lui pour vivre une cavale qui va la conduire en prison après un vol avec agression. Et Suzanne, toujours dans l'improvisation, a abandonné son fils qu'elle aime pourtant. Quand elle quitte la prison, elle tente de revivre avec son fils mais son compagnon resurgit et elle reprend sa vie marginale en l'accompagnant dans ses trafics de drogue. Ils vont même donner naissance à un enfant qu'ils mêlent à leurs minables opérations. La vie aurait pu continuer ainsi, mais Suzanne veut présenter son enfant à sa mère au cimetière quand elle se rend compte que sa sœur est décédée, victime d'un accident de la route. Cette révélation va changer le cours de sa vie... La réalisatrice montre le déterminisme familial et social de Suzanne,  l'ennui d'un destin tout tracé dans des travaux ingrats. Suzanne préfère la liberté et l'amour sans se poser de questions.  Son père l'aime malgré tout ce qu'elle lui fait subir, un père Goriot, un personnage exemplaire et bouleversant joué par l'excellent François Damiens. Sa sœur joue le rôle de l'aînée, sérieuse, travailleuse et patiente envers sa sœur rebelle. Suzanne et son copain délinquant forme un couple de paumés, d'égoïstes et d'inconscients. Le père et la sœur sont les véritables héros du film pour leur abnégation, leur solidarité et leur dignité. Un bon film réaliste, un beau portrait de famille disloquée, dévastée et pourtant soudée.