mercredi 21 février 2018

"Une trés légère oscillation"

Sylvain Tesson a réuni dans ce journal, tous les textes écrits entre 2014 à 2017. Ces éclats "tessoniens" ont été publiés en première édition dans le Point, Grands Reportages et Philosophie Magazine. L'auteur les a remaniés pour les confier aux éditions Equateurs et il justifie son entreprise littéraire dans l'introduction : "Un journal intime est une entreprise de lutte contre le désordre. Sans lui, comment contenir les hoquets de l'existence ? Toute vie est une convulsion : on passe une semaine au soleil, une autre dans l'ombre, un mois dans le calme plat, un autre dans la vague, et ainsi fusent les années avec l'illusion, à la fin, que tout fut chapeauté par un principe unique, un motif général, un "cadre de direction" diraient les patrons. Quelle foutaise !". L'écrivain voyageur, toujours aussi passionné, conçoit son journal de bord comme un capitaine de bateau, confiant au papier tous les événements de sa vie, ses mots d'humeur, ses mots d'humour, ses pensées, ses voyages. Il raconte sa convalescence après sa chute d'un toit qui l'oblige à rester immobile pendant quelques mois à l'hôpital. Sa rééducation dans les escaliers de la cathédrale de Notre Dame de Paris démontre sa volonté farouche de récupérer sa forme physique initiale. Il déclare son amour sincère envers les livres et la littérature quand il écrit : "Dans les nuits d'angoisse, jamais les livres ne m'ont à ce point semblé des compagnons". Se glissent entre les textes ses aphorismes qu'il adore écrire dans ses moments suspendus : "Je suis un chasseur-cueilleur de bibliothèque", "L'ombre, mélancolie de l'arbre", "Le corbeau passe, souci sur le front du ciel". Il réagit aussi sur l'actualité : les attentats islamistes, l'Ukraine, la Russie. Il ne faut pas oublier son talent particulier pour transmette à ses lecteurs(trices) le sentiment géographique de la vie. Ses descriptions sur la nature, la mer, les plaines et les montagnes forment un tableau vivant dans lequel le lecteur(trice) se promène avec un plaisir certain. Et malgré mon incompétence personnelle (j'ai passé l'âge !) à mener une vie d'aventures comme celle de Sylvain Tesson, son journal mosaïque m'emporte loin, dans des espaces qu'il me fait partager. Sa philosophie quotidienne se teinte d'un stoïcisme antique et son humour met à distance ses zones d'ombre, ses noirceurs intimes. Un guide de voyage, un récit de vie,  un mode d'être, et cultiver comme lui, une immense qualité : la curiosité...