mardi 28 mars 2023

Rubrique Cinéma, "Les Chemins noirs"

 J'avais bien aimé l'ouvrage de Sylvain Tesson, "Les chemins noirs" et je voulais voir son adaptation au cinéma par le réalisateur Denis Imbert. En 2014, l'écrivain aventurier chute de huit mètres car il était adepte de ce sport acrobatique qui consiste à escalader les façades d'immeubles, les monuments et autres édifices urbains. Il sera hospitalisé pendant de longs mois pour retrouver la forme physique. Le film raconte cette rédemption car l'écrivain (interprété par Jean Dujardin) se lance le défi de traverser à pieds la "diagonale du vide", du Mercantour en passant par le Cantal jusqu'à La Hague, soit plus de mille kilomètres. Le personnage incarne l'écrivain, amoureux absolu de sa liberté. Il entreprend son solitaire "chemin de croix" dans les paysages sublimes d'une France sauvage et abandonnée. Quand le marcheur est en butte aux difficultés pour grimper, des tranches de vie surgissent pour relater le passé de l'écrivain : son alcoolisme, son goût de la fête, sa liaison amoureuse avec une femme qui le quittera. Pendant son périple, il rencontre un jeune homme, Dylan, à qui il conseille de lire Thoreau. Il retrouve un ami qui l'accompagne pendant quelques jours et sa sœur le rejoint aussi pour évoquer leur mère disparue. Et ces coins de France qu'il traverse ? C'est une France non urbaine, non métropolitaine où l'on respire mieux mais on l'on vit au ralenti. Il constate la disparition des paysans, l'effondrement économique des petits commerces dans les villages. Mais ces rencontres sociologiques sont assez sobres et courtes comme des esquisses de critiques. L'important du film réside dans la reconstruction physique d'un homme blessé et de sa volonté farouche de s'en sortir. La marche est une vraie thérapie pour Sylvain Tesson, l'homme de la géographie comme il se définit. Dans un passage du film, il rappelle son credo : "prendre l'air" dans des paysages de montagnes. Cet écrivain déteste la politique, la modernisation effrénée, la course au progrès. Des critiques ont dédaigné ce film pour les idées "réacs" de Sylvain Tesson. Mais, pour apprécier cet écrivain de "plein air", il vaut mieux lire ses livres plus intéressants que voir ce film qui manque de rythme et de profondeur.  Les randonneurs et randonneuses apprécieront certainement cet éloge de la marche vive et vitale pour le corps et pour l'esprit... C'est déjà pas mal !