lundi 26 décembre 2011

"Le premier été"

Ce roman d'Anne Percin, édité aux Editions du Rouergue, m'a touchée et je me souviens bien de sa "petite musique" de son précédent, "Le bonheur fantôme". Dans ce "Premier été", l'histoire se situe en Haute-Saône dans un petit village de la France profonde. Deux soeurs passent l'été dans la ferme de leurs grands-parents. Elles sont adolescentes et pensent à leurs premières rencontres avec des garçons de leur âge. L'une, la benjamine, aime lire et évoque le charme magique du "Grand Meaulnes". Elle se refugie souvent dans le grenier et deviendra même une "libraire" solitaire, plus tard dans sa vie d'adulte. Les deux soeurs reviennent dans cette ferme pour la vider à l'occasion du décès de leurs grands-parents. Catherine se souvient avec émotion d'un été particulier, le "premier été", celui où elle a rencontré un garçon de son âge un peu mystérieux et très beau. Elle s'abandonnera à lui dans une soirée festive sans le connaître et sans lui parler. L'influence des lectures "romanesques", le comportement de sa soeur et des garçons du village à la recherche des amourettes adolescentes, et finalement l'ambiance estivale provoquent en elle ce passage imprudent à l'acte sexuel sans protection. Ce drôle de garçon appartient à une famille marginale dans le village et il est décrété "idiot" et moqué avec cruauté. Comment va réagir Catherine face à l'opprobe générale ? Aura-t-elle le courage d'assumer son geste ? Je ne veux pas dévoiler la fin pour vous donner envie de le découvrir. Je note dans ce roman une atmosphère particulière loin de la niaiserie et de la naïveté que l'on rencontre souvent dans les portraits d'adolescents. La lâcheté de Catherine et la cruauté sociale envers ceux qui ne sont pas "comme les autres" donnent un sentiment doux-amer à ce livre d'éducation sentimentale. Je suivrai dorénavant l'aventure littéraire d'Anne Percin. Je vous laisse donc découvrir ce roman si sensible et si subtil...