jeudi 29 novembre 2018

Rubrique cinéma

La Quinzaine du cinéma italien s'est terminée cette semaine, mais j'ai été empêchée d'assister à quelques séances à cause d'une perturbation saisonnière courante à cette période où j'ai enregistré un "choc thermique" à Besançon. A mon retour, je rapportais dans mes bagages un état grippal, une toux, une bronchite. Adieu les films italiens, mes balades, mes plaisirs de sortir. La maladie pas du tout grave empêche la poursuite d'une vie normale. Confinée dans ma maison, j'ai retrouvé après quelques jours brouillardeux l'extrême chance de m'adonner à mes passions de toujours : la lecture et la musique. Avant de sombrer dans cette hibernation forcée, je suis allée voir le dernier film de Paolo Sorrentino, "Silvio et les autres". Le réalisateur de la série "The Young Pope", et de "La Grande Bellezza" démarre son film avec un mouton dans une très belle propriété de Sardaigne. Ce mouton mystérieux et incongru porte un symbole fort que l'on découvre au fil du film. On plonge alors dans une ambiance euphorique quand apparaît Silvio, le Silvio Berlusconi, délirant, tonitruant, clownesque, un des épisodes les plus lamentables de la politique italienne. Ce film dresse une fresque des années "bunga-bunga" où régnaient la fête, la drogue, le sexe. Paolo Sorrentino montre le système qui structurait la cour de cet homme pathétique. Les intrigues circulent à un rythme infernal. L'acteur Tonio Servillo joue ce rôle à merveille en portant le masque d'un sourire triomphant qui ne fait plus rire sa femme. Les maîtresses du Cavaliere se succèdent dans cette vie d'oisif privilégié. Au fond, ce milliardaire des médias est devenu son propre metteur en scène pendant vingt ans en Italie. Il a propulsé la société consumériste où la publicité a pour objectif de "vider les cerveaux"... Son sourire éternel illusionnait ses fans et illustrait cette société du spectacle. Le film révèle aussi les failles de ce personnage flamboyant qui le rend plus humain comme sa solitude, entourée de tant de présences serviles autour de lui. Manifestement, Silvio Berlusconi a fasciné le réalisateur qui admirait sa vitalité jubilatoire et son optimisme béat. Il explique lui-même dans un article de Télérama : "Certains de ses comportements anormaux, d'une virilité parfois violente sont toujours des signes d'un malaise et d'une peur. Mon travail est de les pointer". Un très bon film, une comédie italienne aigre-douce..