vendredi 3 mai 2013

"L'angle mort"

Sélectionné par le Festival du Premier Roman de Chambéry,  "L'angle mort" de Véronique Merlier, édité chez Arléa, se lit avec beaucoup d'intérêt. L'histoire de ce couple "parfait" avec enfant unique se délite subitement quand François révèle à Cécile, sa nature profonde et cachée. Il veut enfin vivre son homosexualité qu'il a combattue et niée depuis son adolescence. Le terme "angle mort" semble bien correspondre à cette découverte comme l'expression que l'on cite volontiers en ce moment "la part d'ombre" de tout individu, son secret non-dit et tabou... Cécile ne perd pas l'espoir de vivre avec son mari, malgré ses absences du soir et de la nuit. La survie de la famille passe par l'acceptation de cette situation nouvelle. L'enfant cimente le couple et empêche la séparation immédiate. Je cite un passage du roman : "Construire des remparts, des fortifications, c'est ce qui l'a occupé durant toutes ces années. Protéger les points vulnérables de la cuirasse. Les oublier même. Mener une vie normale, affublé de cette armure brinquebalante dont il sentait seul le poids". Véronique Merlier aborde la complexe question de l'identité sexuelle. François se ment à lui-même, s'anesthésie pour être "comme tout le monde", avec femme et enfant... Il comprend que sa vie est une véritable impasse. Choisira-t-il sa renaissance et sa vérité profonde ? Mais je ne veux pas vous donner le fin mot de l'histoire, il vaut mieux lire ce roman sensible, bien écrit et qui traite avec une certaine audace d'un sujet encore bien difficile à digérer par certains de nos contemporains...