jeudi 21 avril 2011

Olive Kitteridge

Sous ce drôle de prénom et de nom, Olive Kitteridge, se cache un personnage romanesque attachant. Dès que cette femme entre en scène, le lecteur attend ses réactions en souriant tellement Olive est toujours à contretemps. Elle est mariée à Henry, pharmacien plus que patient et aimable. Elle est professeur de mathématiques assez tyrannique avec ses élèves et connaît tous les habitants de la petite ville où ils habitent. Leur fils Christopher étouffe dans l'ambiance familiale et part loin d'eux, se marie, divorce, se remarie sous les yeux ébahis d'Olive qui ne comprend absolument pas le désamour de son fils unique à son égard. Chaque chapitre du roman raconte un micro-drame : un couple se sépare, une famille se déchire, un meurtre passionnel par ci, une fugue par là. La petite ville vit, souffre, respire à travers une galerie de personnages que l'on ne voit qu'une seule fois comme dans une série de nouvelles dont le souffle me rappelle Raymond Carver. Olive Kitteridge sert de fil conducteur et le lecteur la retrouve, soit comme spectateur de la scène, soit comme personnage principal. Cette fresque polyphonique s'étale sur trente ans et Olive Kitteridge finira par se réconcilier avec elle-même, en découvrant à la fin de sa vie que l'empathie pour les autres, la paix et la sérénité peuvent enfin la rendre heureuse. Ce personnage dominé par la colère et l'esprit de contradiction mène une guerre contre les préjugés et les faux-semblants dans une Amérique de classes moyennes. Ce roman est écrit par une jeune romancière américaine, Elizabeth Strout, et son livre a reçu le prix Pulitzer en 2009. Ce beau roman s'inscrit dans la lignée de Carson Mac Cullers, "Le coeur est un chasseur solitaire", un chef d'oeuvre de la littérature américaine. Elizabeth Strout a écrit un premier roman "Amy et Isabelle" que je vais m'empresser de découvrir. La littérature américaine nous offre très souvent des beaux romans où le lecteur se retrouve comme dans un monde familier, proche de nos modes de vie et de pensées. L'Océan atlantique n'est qu'un lac plus grand que celui du Bourget (où je vis) et nos rives littéraires nous sont communes...