vendredi 14 juin 2019

Rubrique cinéma

J'ai vu cet après-midi le film "Un havre de paix" du réalisateur israélien, Yona Rozenkier. En Israël, trois frères se retrouvent dans le kibboutz de leur enfance pour enterrer leur père. Ce "havre de paix" ne ressemble pourtant pas à un îlot serein. Les anciens du kibboutz ne supportent plus les alarmes car ils veulent un sommeil tranquille. Pourtant, tout au long du film, le bruit des bombardements encercle le camp. Nous sommes après la guerre des 6 jours (1967). Avishaï, le cadet, doit rejoindre la frontière libanaise où un nouveau conflit vient d'éclater. Le frère aîné, Itaï, l'encourage à partir et surtout l'entraîne à se défendre lors d'un paintball. L'autre frère, Yoav, revient du front et s'est installé à Tel-Aviv. Il est traumatisé par la guerre et va influencer son jeune frère pour qu'il refuse de partir. Le film dénonce au fil des images cette pesanteur familiale d'autant plus que le père exigeait que ses fils défendent le pays. Yoav est considéré comme un traître par les gens du Kibboutz car le jeune homme s'est volontairement retiré de cette vie familiale étouffante. Il a fui le poids du devoir, le culte de la virilité, l'autoritarisme paternel. La mère bienveillante, d'origine italienne, tente de créer des liens plus harmonieux entre les frères. Mais la présence-absence du père revient sans cesse dans la tête des frères. Il a écrit son testament et désire qu'une partie de son corps qu'il a donné à la science soit déposé dans une grotte. L'enjeu de ce geste va déclencher l'issue des retrouvailles. Le jeune Itaï décide de plonger dans la mer pour accomplir le vœu du défunt. Les deux autres vont eux-aussi plonger pour l'aider mais au moment où ils sont revenus à la surface, Yoav va blesser son frère cadet pour lui éviter son départ au front. Ce premier film évoque le destin de ce pays presque toujours en guerre et les dégâts psychiques que cette insécurité permanente provoque dans la société israélienne. Le réalisateur montre aussi la solidarité générationnelle dans le kibboutz, les difficultés d'une vie en commun, l'ambiance menaçante près des frontières. Un film original et sensible sur le thème de la transmission assumée ou rejetée par ces trois frères perturbés