lundi 9 décembre 2019

Rubrique cinéma

Hier, je suis allée voir le film, "Martin Eden" du cinéaste italien, Pietro Marcello. Cette fresque, tirée du roman de Jack London, se situe à Naples au début du XXe. Cette adaptation plus que réussie raconte l'histoire de Martin, jeune homme issu de la classe ouvrière. Il prend la défense d'un jeune bourgeois lors d'une altercation. Celui-ci l'invite chez lui pour le remercier et voilà notre Martin au sein d'une grande famille de sa ville où il rencontre Elena, une Madone de toute beauté, cultivée, musicienne et peintre. Elle s'intéresse tout de suite à ce garçon maladroit, gauche et empêtré dans son manque d'éducation. L'éblouissement qu'il ressent devant Elena provoque en lui un changement radical. Il veut connaitre ce monde si éloigné du sien. Il comprend que les livres pourraient devenir ce passeport indispensable pour pénétrer dans la vie d'Elena. Il commence à découvrir l'univers de la littérature grâce aux conseils de la jeune femme. Martin en autodidacte dévore les livres et déclare à Elena qu'il veut devenir écrivain. Les parents d'Elena ne voient pas d'un bon œil cette relation amoureuse. Parallèlement, il poursuit sa vie chaotique de marin, d'ouvrier sans abandonner son objectif prioritaire : écrire pour témoigner. Sa chance de gravir les échelons sociaux se manifeste dans les rencontres qu'il va faire : Elena, sa muse bienfaitrice, Brissenden, son mentor politique et Maria, une veuve généreuse qui l'héberge chez elle. Le monde de Naples autour de lui semble féroce et rude. Des archives constellent le récit montrant des images des gens du peuple ravagés par la faim, l'épuisement physique, la maladie et aussi par le rire. Martin, homme instinctif et volontaire, se bat pour conquérir le cœur de sa belle bourgeoise mais cette relation ne peut exister à cette époque-là. La vie n'est pas un conte de fées comme le dit son ami. Sa frénésie d'apprendre, de savoir se heurte au mur infranchissable des classes sociales. Malgré le rejet d'Elena, influencée par sa famille, Martin se met à l'écriture et après beaucoup de refus, un éditeur accepte de le publier. Sa vie va changer et il deviendra un écrivain célèbre. Elena le retrouve au sommet de sa carrière pour vivre avec lui. La célébrité l'a abimé, il ne croit plus à rien et son désenchantement, le dégoût de soi l'empêchent de vivre. La scène finale montre un personnage désespéré mais je ne dévoilerai pas l'acte final. Martin Eden symbolise le malaise des transfuges de classe. D'ouvrier à écrivain, il a trahi ses origines sociales et une image récurrente (la danse folle entre lui et sa sœur dans leur enfance) scande le film comme une promesse non tenue. Ce très beau film italien est l'un des meilleurs de l'année. Il ne faut pas le rater. Et l'acteur principal, Luca Marinelli, illumine la pellicule du début à la fin.