jeudi 31 mai 2018

Copenhague, 5

La commune de Humlebaek, à trente quatre kilomètres de Copenhague, peut s'enorgueillir d'offrir aux visiteurs un des plus beaux musées d'Europe : le Musée d'art moderne de Louisiana. Quand le bus m'a déposée devant l'arrêt du Louisiana, j'ai tout de suite remarqué un paysage verdoyant et dès que je suis rentrée dans l'enceinte du bâtiment, j'ai compris que ce lieu me plairait au plus haut point tellement son emplacement est exceptionnel. Consacré à l'art contemporain, ce Beaubourg du Danemark a comblé toutes mes attentes. A l'extérieur, le parc donne sur la mer Baltique et expose des sculptures de Calder, Miro, Ernst, etc. Des massifs de fleurs et des arbres parsèment la pelouse et chacun peut déambuler et s'assoir en toute liberté. Une grande cafétéria permet aux visiteurs de se restaurer. A l'intérieur, des grandes galeries vitrées prolongent le bâtiment central et le parcours est très facile à comprendre. Les collections permanentes présentent des salles dédiées à des artistes danois comme Asger Jon et Kirkeby. Mais, j'ai surtout retrouvé un artiste qui me touche beaucoup : Alberto Giacometti. J'ai vu ses femmes longilignes, l'homme qui marche, son autoportrait, et ces silhouettes disproportionnées et reconnaissables montrent toujours une solitude intrinsèque de la condition humaine. Les expositions temporaires m'ont permis d'apprécier l'art de la céramique de Picasso avec des sculptures féminines très étonnantes et surtout, j'ai découvert une artiste allemande, Gabriele Münter (1877-1962). Compagne du peintre abstrait, Kandinsky, l'artiste est une représentante majeure de l'expressionnisme allemand et de l'avant-garde munichoise du début du XXe siècle. Les femmes peintres me réjouissent toujours car il fallait qu'elles s'imposent beaucoup pour parvenir à une certaine reconnaissance artistique avec ces tableaux très colorés et figuratifs. Une belle librairie propose des objets du design danois et de nombreux livres d'art de tous les artistes exposés. Ce musée dispose aussi d'une salle de concert. J'ai quitté avec regrets ce lieu magnifique et je me souviendrai longtemps de l'ambiance sereine de ce musée et surtout de son cadre au bord de la mer.  Vivre à la danoise, c'est vivre à la fois dans la nature dès qu'un rayon de soleil apparaît et profiter évidemment de son intérieur, un logement confortable avec la présence chaleureuse du bois, matériau produit sur place et peu onéreux. Visiter Copenhague et ses alentours m'a révélé que je vivais aussi comme les Danois en cultivant cet art de vivre, baptisé "Hygge" (cocooning) que j'essaie de pratiquer tous les jours : la lecture dans le jardin, une vie en plein air, des balades dès le printemps et l'hiver, une envie de cocooner près du poêle devant ma bibliothèque en bois... Dorénavant, je vais partir à la découverte des capitales scandinaves, une échappée vers le Nord de l'Europe, pour changer d'horizon... 

mercredi 30 mai 2018

Copenhague, 4

Près de Copenhague, il existe un lieu magique qui se trouve sur la même côte vers le Nord de la ville : le musée Karen Blixen. J'ai pris le train pour Rungsted pour atteindre mon but. A la gare, pas de bus pour visiter le musée et j'ai donc utilisé le moyen le plus simple : la marche. Mais, quelle fut ma surprise d'arpenter un sentier forestier pour rejoindre la maison de l'écrivaine danoise ! Cette traversée dans une forêt entourée de champs augurait bien de la magie du lieu. Quand je suis arrivée devant la maison de campagne, j'étais déjà sous le charme. Karen Blixen (1885-1962) a passé dix-sept ans au Kenya elle a écrit plus tard "La ferme africaine", adaptée au cinéma en 1985 avec Meryl Streep. Quand elle est rentrée au Danemark, elle s'est installée dans cette maison familiale confortable et cossue. Tout est resté dans l'état : le salon, le bureau, la salle à manger avec une grande table où une belle vaisselle était disposée comme si Karen Blixen nous conviait au repas du soir. Des bouquets de fleurs décoraient avec une grâce infinie les espaces intimes de ce lieu magnifique. Des portraits de l'écrivaine et des panneaux illustrent sa vie et quand on sort de cette maison, on a envie de se plonger dans son œuvre littéraire. J'ai pris une collation raffinée dans le petit café du musée et le personnel (exclusivement féminin) était particulièrement accueillant. Pour écrire dans une quiétude totale, cette maison de famille, située dans un bois et au bord de la mer devait convenir parfaitement à sa vie d'ermite des lettres danoises. Karen Blixen dessinait, peignait et ses toiles sont exposées dans une pièce. La cuisine aussi se visite avec des références sur "Le festin de Babette" et je ressens l'envie d'évoquer le menu : soupe de tortue géante, blinis Demidoff, cailles en sarcophage, baba au rhum et fruits. Comme la littérature est une de mes passions, visiter une maison d'écrivain me touche beaucoup. Mon imagination flambe devant ce décor si féminin avec un intérieur où se côtoient les poêles en fonte, les meubles anciens, les bibliothèques, le paravent chinois, les fauteuils confortables, les rideaux très longs, les souvenirs d'Afrique sur le mur du bureau et sa machine à écrire. Il faut se mettre des patins pour visiter le musée, une précaution pour respecter ce lieu rare... Et cet été, je compte bien lire une œuvre de cette femme exceptionnelle et en lisant ses mots, je repartirai à Rungsted, dans cette si belle propriété... 

lundi 28 mai 2018

Copenhague, 3

Quand je choisis de partir pour une capitale européenne, un de mes critères concerne la présence des musées... Je suis une "inconditionnelle" de ces institutions publiques ou privées car je considère ces lieux comme des "temples" de l'art, de la beauté, de la connaissance, du patrimoine à la portée de tous. A Copenhague, j'ai mentionné le Musée de la Civilisation danoise, visité dès le premier jour. Puis, j'ai eu la chance de voir le Musée national des Beaux Arts, ouvert le lundi de Pentecôte. J'ai surtout remarqué un peintre danois assez connu en Europe, Vilhelm Hammershoi (1864-1916). Ces tableaux montrent des intérieurs énigmatiques avec des portes et des fenêtres dans lesquels filtre une lumière diffuse et timide. Des personnages féminins, en pleine contemplation, tournent le dos et observent des murs clairs et nus. Une tristesse infinie semble étreindre ces femmes et cette mélancolie universelle m'a touchée. L'artiste utilise des tons gris, de brun ou de blanc. J'ai pensé à Edward Hopper ou à Morandi, des peintres de la solitude et du silence. Une poésie intime se dégage de cet art de la discrétion. Philippe Delerm a consacré un ouvrage à ce peintre peu connu en France et pourtant, Hammershoi, mort à 52 ans, fascine toujours de nos jours. J'ai vu une bonne trentaine de ses toiles réparties dans les musées de Copenhague. Je ne pouvais pas manquer la salle réservée à ce peintre dans le musée Davids Samling. Un autre musée au nom imprononçable, "Den Hirschsprungske Samling" propose la peinture danoise du XIXe siècle et surtout les toiles intimistes d'Hammershoi, émouvantes et captivantes. Un dernier musée de Copenhague, le Ny Carlsberg Glyptotek, méritait toute mon attention. Fondé en 1897 par la famille Jacobsen des bières Carlsberg, ce musée propose des collection d'art égyptien, grec, romain. J'ai vu avec un plaisir renouvelé une très belle collection de vases grecs (même à Copenhague !), des statues dont une belle Amazone, une salle de philosophes (Socrate, Platon, Epicure, etc.). Dès l'entrée, j'ai découvert un délicieux jardin d'hiver avec des palmiers, une fontaine, des statues en marbre. Une salle présente aussi un ensemble de peintres impressionnistes français : Monet, Bonnard, Vuillard, Degas pour ne citer que les plus connus. Copenhague dispose de très beaux musées et peut revendiquer le double label : nature et culture... 

dimanche 27 mai 2018

Copenhague, 2

Pour se balader à Copenhague, la marche convient très bien pour découvrir la ville. Mais, il existe aussi le vélo, les bus, les taxis (trop chers) et les bateaux-bus. Maîtriser le monde des transports urbains, c'est déjà participer à la vie danoise. Quand j'aperçois les "touristes" dans leur bus colorié, je me dis que ces visiteurs ne prennent vraiment aucun risque, prisonniers dans leur bulle protectrice. J'aime bien monter dans un bus, prendre le train, le métro et rencontrer des Danois dans leur quotidien. Ainsi, j'ai pris un bateau bus (waterbus) pour découvrir les rives de la ville. Copenhague (port des marchands) possède quatre cents îles et sa situation entre la Mer baltique et la Mer du Nord lui donne un charme irrésistible. J'ai ainsi parcouru à deux reprises le détroit d'Oresund et j'ai humé l'air marin avec délectation sous un ciel d'un bleu grec. Le bateau bus passe d'une rive à l'autre et permet de voir les édifices les plus emblématiques de la ville : le Diamant noir, extension extraordinaire de la Bibliothèque royale, l'Opéra, tout en verre et en feuille d'or, le quai Larsens, les clochers, les places, et au loin, une rangée d'éoliennes qui prouvent l'engagement du pays pour les énergies renouvelables. Je découvre au fil de l'eau les maisons colorées, les pontons en bois, les passerelles entre les canaux, les anciens entrepôts en brique, les baigneurs audacieux. Ce spectacle permanent fait partie du charme total de Copenhague. Et quand je quitte le bateau, je ne vois aucune bousculade à cause de la politesse et de la civilité des Danois. Je ressentais le sentiment naturel d'un pays apaisé et apaisant. J'ai quand même succombé à une coutume touristique : voir la célébrissime Petite Sirène (Den Lille Havfrue), symbole de l'amour perdu, d'après le conte d'Andersen. Cette sculpture modeste attire les selfies et les photos souvenirs. Le lundi après-midi, jour férié de la Pentecôte, j'ai traversé la place Amalienborg, quasi déserte, où se trouve la résidence de la reine Margrethe. Quatre palais du XVIIIe se font face et offrent un ensemble architectural somptueux. Deux gardes nationaux impassibles surveillent avec solennité les entrées du Palais royal. Un marathon "royal" avait lieu ce soir là et réunissait plus de soixante dix mille participants. Cette capitale scandinave respire un air ambiant d'une douceur particulière. 

samedi 26 mai 2018

Copenhague, 1

Après Venise et la Sicile, je me suis envolée avec des amies à Copenhague. Cela faisait longtemps que je rêvais de cette capitale danoise. J'aime sa littérature avec la figure emblématique de Jens Christian Grondahl, sa philosophie avec Kierkegaard et ses vues des façades colorées des quais. J'ajoute aussi la série Borgen, très attachante avec une femme charismatique, Premier Ministre qui m'a donnée envie de me rendre sur place. Ce petit pays européen possède un des plus hauts niveaux de revenus et la presse internationale ne cesse de parler du bien-être, du bonheur et de l'art de vivre à la danoise. La Scandinavie me semblait à une époque trop au Nord, mais j'avoue que c'était un préjugé car j'ai vécu quatre jours sous un beau soleil, digne de la Sicile... Je n'oublie pas l'empreinte des terribles Vikings, navigateurs exceptionnels et Barbares convertis au catholicisme. J'ai donc réalisé ce rêve en partant de Genève et quatre-vingt dix minutes après, je foulais le sol de l'aeroport de Copenhague. Un train direct facilite l'accès à un coût abordable. Il faut savoir que tout coûte cher : les déplacements, l'alimentation, l'hôtel, les musées, etc. Ce voyage n'est pas conseillé aux "radins" invétérés... Mais, avec ruse, il est facile de ne pas se ruiner. Le week-end de la Pentecôte avait attiré pas mal de touristes (quelques Français en particulier) mais la ville ne souffre pas encore d'un tourisme de masse comme à Lisbonne ou à Venise. Dès que je me suis promenée dans le centre historique, j'ai reconnu le Château Christianborg où siège le Parlement. Le charme a opéré aux premiers regards. Les canaux traversent la ville et apportent la fraicheur et la douceur de vivre. Les Danois m'ont surtout étonnée par leur décontraction, leur flegme et leur excellente éducation : qu'ils se déplacent en vélos, en bateaux ou en voitures, le respect semble constituer une règle de vie que j'ai souvent constatée dans les rues. Si j'empiétais leur couloir de circulation, je ne ressentais aucune agressivité de leur part. Dès le dimanche, j'ai donc déambulé sur les célèbres quais Nyhavn où une foule joyeuse dégustait des bières, des glaces, des smorrebrod (des sandwichs à base de pain de seigle). Il régnait une ambiance légère, bon enfant, conviviale. Certains jeunes se jetaient dans  l'eau du canal pour se rafraichir... Les maisons colorées qui bordent le canal offre un panorama unique et malgré la présence de nombreux cafés et restaurants, le quai conserve sa magie. J'ai visité dès le premier jour le beau Musée national du Danemark, installé dans le palais d'un prince où se côtoient des collections du Paléolithique, de l'Antiquité, des Vikings (dont le Chaudron unique Gundestrup) et de l'histoire nationale jusqu'au XVIIIe siècle. Copenhague mérité sa réputation de capitale du "hygge", une vie paisible, une ville à la campagne, un mélange de nature et de culture réussi !

jeudi 17 mai 2018

Escapade sicilienne, 8

Pour mon dernier billet sur Palerme, j'ai choisi de relater une belle rencontre... J'ai l'habitude de visiter un des lieux que j'aime le plus au monde après les temples grecs... Je parle de la bibliothèque municipale de Palerme. Quand j'ai pénétré dans le hall d'accueil, j'ai raconté que j'étais bibliothécaire (car même à la retraite, on garde l'identité de son ancien métier) et cette information a convaincu les deux employés très gentils d'appeler une collègue qui m'a fait visiter l'institution. J'ai donc découvert une bibliothèque patrimoniale datant du XVIIIe par un mécène et qui a conservé sa salle de travail et de lecture depuis l'origine. Des portraits de personnalités décorent la salle et les livres sont classés selon un ordre encyclopédique habituel. J'ai quand même remarqué une section "Ideologia"  qui n'existe pas chez nous. La bibliothèque était fermée au public et j'ai beaucoup apprécié la sollicitude de ma "consoeur" bibliothécaire. Nous avons perdu chez nous l'aspect patrimonial de nos lieux de lecture publique. Quel dommage ! Je me souviens de la Bibliothèque nationale de Naples qui n'a pas subi la défiguration de la rénovation. Parfois, conserver les traces du passé me semble salutaire et symbolise la présence de tous les artistes (et les artisans) qui ont œuvré pour les bâtir. Imaginons que des architectes contemporains transforment les églises en immeubles, les bibliothèques en bureaux, les palais en lofts, quel serait le visage de nos villes ? Palerme possède ainsi des centaines d'églises, de palais, de places et de monuments et cet ensemble architectural appartient au patrimoine culturel mondial. J'ai terminé mon périple sicilien dans un restaurant réputé, "La Locanda del Gusto" qui propose la nouvelle cuisine "slow food" avec un plat de poisson délicieux et un dessert à base de mascarpone... Le soir, j'ai respecté la coutume de savourer un spritz dans la Via Maqueda, notre quartier de prédilection. Quand je pense à ce voyage, je me remémore les temples grecs, le silence des sites, la beauté des musées archéologiques, l'exubérance des églises baroques, des farandoles d'angelots, la magnificence des palais, la gentillesse des Palermitains, leur joie de vivre malgré les difficultés économiques de la région. Une région d'Italie au caractère affirmé, un patchwork de cultures diverses et un pays très attachant...

mardi 15 mai 2018

Escapade sicilienne, 7

En trois jours, j'ai visité un grand nombre d'églises et d'oratoires baroques et j'ai gardé dans ma mémoire, des images d'angelots en stuc (les Putti) aussi espiègles que malicieux... La Sicile baroque s'expose dans ces institutions religieuses où il fallait séduire les fidèles en cumulant le maximum de sculptures en marbre, de fresques peintes sur les plafonds, de statues en stuc, de colonnades torsadées, d'orgues en or, de bois dorés, de pavements géométriques : une débauche d'objets, une exubérance de couleurs et de formes. L'exaltation religieuse s'intensifiait avec l'art. Palerme pourrait se résumer avec ce seul mot : baroque ! J'ai fini par confondre les décors des églises à la fin du séjour pour ne retenir qu'une symphonie triomphale à la gloire de la religion catholique. La ville propose un parcours du sacré baroque et les églises ont des heures d'ouverture très convenables, surtout en fin de journée. J'ai évidemment repéré les musées de Palerme. Le Musée archéologique régional Antonio Salinas m'a vraiment passionnée car j'ai retrouvé les objets des fouilles entreprises dans les sites que j'avais visités.  Installé dans un couvent en 1866, le musée est en cours de rénovation et seules, les salles du rez-de-chaussée étaient ouvertes. Heureusement, la collection grecque se situe à ce niveau et j'ai encore eu la chance d'admirer des dizaines de vases grecs, des statues, des objets divers dont la première baignoire sculptée de l'Antiquité... J'éprouve une vraie fascination pour l'art grec ! La Galerie d'art moderne de Palerme est aussi installée dans un couvent et présente la peinture sicilienne du XIXe et du XXe et même si je ne connaissais aucun de ces peintres, j'aime découvrir ces tableaux qui racontent tous l'identité profonde du pays. Un peintre sicilien a particulièrement retenu mon attention : il s'agit de Francesco Trombadori dont toutes les toiles étaient présentes. Il peignait des femmes qui toutes lisaient... Le Palais Zito, fondation privée, présente une série de peintres italiens contemporains et j'ai remarqué un très beau portrait de Kafka. Pour terminer l'évocation des musées palermitains, je n'ai pas oublié le Musée Abatellis, toujours installé dans un couvent qui retrace les arts en Sicile du XIIe au XVIIe siècle. La fresque du Triomphe de la Mort constitue l'un de ses trésors. Un cheval d'Apocalypse, crinière au vent, transperce l'humanité de ses flèches... J'ai vu le tableau de la Vierge Bleue d'Antonello de Messina, captée dans une lumière toute intérieure. Palerme, à travers ses églises baroques, ses musées et ses monuments se hausse à la hauteur de Naples sans le Vésuve... 

lundi 14 mai 2018

Escapade sicilienne, 6

Après Cefalu, j'ai réservé un appartement à Palerme, la dernière étape du voyage. J'ai choisi un quartier du centre pour visiter les plus belles places et les plus belles églises de la ville pendant trois jours. Dès que j'ai commencé à rejoindre la Via Maqueda, j'ai remarqué le brouhaha automobile et autres scooters omniprésents, ce qui semble normal dans une ville de plus de 600 000 habitants. J'ai retrouvé l'ambiance napolitaine, si proche de Palerme. La municipalité a tout de même "piétonnisé" quelques avenues et a chassé ainsi les véhicules polluants. J'ai l'habitude de découvrir une ville par cercles concentriques : du plus près de ma location aux quartiers les plus éloignés. J'ai donc arpenté les Quattro Canti (les quatre coins) qui ouvre les quatre quartiers de la ville. Ces façades concaves de quatre palais forment une place spectaculaire avec des statues et des fontaines incrustées dans les parois et ont été installées en 1609 par un architecte florentin. Plus loin, la place Pretoria offre un panorama baroque magnifique. La fontaine Pretoria a été achetée par le Sénat de Palerme à Florence et les 644 pièces ont été montées dans cet espace : statues masculines et féminines dénudées (la fontaine de la honte pour les Religieuses), têtes d'animaux, dieux de l'Olympe, allégories. J'ai ensuite visité le Palazzo del Aquile, occupé par la mairie. On pouvait se balader dans les bureaux, les salles de réunion, la salle du conseil sans être surveillés... Une ambiance décontractée et bon enfant. Très près, se trouvent trois églises emblématiques de l'histoire palermitaine : Santa Catarina au décor baroque éblouissant, San Caltado, édifiée en 1160, de style arabo-normand et La Martorana, la byzantine avec des mosaïques dorées. Je me suis ensuite éloignée de la Via Maqueda pour découvrir l'immense Cathédrale de Palerme (1175), mais j'ai préféré les églises baroques de la ville. Dans ce quartier, se situe aussi un monument incontournable (et très fréquenté par les touristes) : la Chapelle Palatina au sein du Palais royal des Normands. J'ai surtout beaucoup apprécié un lieu de silence et de beauté : le monastère San Giovanni degli Eretimi avec son jardin d'orangers et son cloître à double colonnes... J'ai terminé ma journée dans une pizzeria originale, la meilleure de la ville, en dégustant la "spéciale" "Frida Kahlo". Le restaurant rend hommage à cette femme peintre du Mexique avec des portraits dans la salle, la plaquette des menus, le set de table... Une passion artistique du patron un peu déroutante à Palerme...

vendredi 11 mai 2018

Escapade sicilienne, 5

En écrivant ces billets sur mon escapade, je revis tous ces moments avec une pointe de nostalgie, mais une nostalgie apaisante et j'éprouve aussi un sentiment de soulagement sur ma capacité d'émerveillement culturel et de bonne santé pour parcourir les sites et les villes. Voyager, c'est surtout bouger, marcher, découvrir, arpenter, ouvrir des portes et il faut à la fois une immense curiosité et de bonnes jambes... Après l'étape de la Villa Romaine, j'ai visité un site complétement désert, Morgantina, que le guide bleu Hachette me signalait. Occupé par les Sicanes, puis par les Sicules, (premières peuplades de la Sicile), le site s'est hellénisé, puis a été rasé par les Romains... Toujours, des histoires d'invasions, de migrations, de guerres civiles... Il reste donc dans cet espace un théâtre, une agora et des vestiges de villas patriciennes dans un espace solitaire et éloigné de tout. Il n'y avait personne et on atteint les ruines antiques par un sentier fleuri qui serpente dans une colline verdoyante. J'ai vu un mirage hallucinant, une cité fantôme, j'ai écouté un silence rare, j'ai ressenti un lieu d'une poésie poignante. Je pensais à la citation de Paul Valéry : "toutes les civilisations sont mortelles". Les traces demeurent pourtant et nous permettent ce voyage dans le temps. Après cette halte matinale, j'ai repris la route pour Cefalu à une centaine de kilomètres de Morgantina. J'avoue que le contraste des deux étapes m'a frappée. Je venais d'un pays du silence et je suis arrivée dans le brouhaha festif de Cefalu. Cette petite ville de bord de mer possède pourtant un centre ancien avec une belle cathédrale arabo-normande, un musée intéressant (avec un très beau tableau d'Antonello de Messina) et des ruelles pavées très typiques. Mais, c'était dimanche et la plage était bondée. Ce petit Saint-Trop sicilien attire beaucoup de jeunes gens pour cette ambiance de fête. J'avoue que je préfère le silence des temples... J'ai quand même trouvé un chemin hors de la foule en bord de mer au pied de l'hôtel et le soir, j'ai assisté au coucher de soleil, un spectacle toujours captivant. Cette journée s'est terminée sur une terrasse ponton d'un restaurant au pied de la mer et des rochers en dégustant une bouteille de Nero d'Avola (un des meilleurs crus siciliens) et des spaghettis a la vongole... La Sicile, un pays vraiment attachant et gourmand !

jeudi 10 mai 2018

Escapade sicilienne, 4

Après Agrigente, j'ai traversé une partie de la Sicile du  Sud vers l'Est en direction de Piazza Armerina pour visiter un des trésors antiques du pays, la Villa Romana del Casale. Ce rendez-vous avec l'histoire romaine ressemble à une approche littéraire : les 3500 mètres carrés de mosaïques racontent une saga des temps anciens en s'appuyant sur des images pleines de fantaisie et de vitalité. On rentre dans la villa en surplombant les mosaïques à l'aide de passerelles en bois. Malgré une fréquentation constante et importante, le dispositif permet de circuler sans trop se gêner. Cette maison de maître date du IVe siècle apr. J.-C. Les archéologues pensent qu'il s'agissait d'un haut dignitaire de l'Empire. Au XIIe, la villa disparaît sous une coulée de boue, ce qui va la sauver jusqu'au XVIIe. Mais, les fouilles sérieuses ne démarrent qu'en 1950. Les salles les plus "spectaculaires" portent des noms significatifs : la salle des saisons, la salle de la danse, la petite chasse, le couloir de la grande chasse, les douze travaux d'Hercule, et bien d'autres espaces remarquables. Les regards des personnages expriment un étonnement et une sensibilité proches de nous. J'ai surtout admiré deux salles : celle consacrée aux jeunes filles en bikini et celle des enfants. Ces jeunes Romaines de Sicile pratiquent les sports de l'époque : lancer de disque, course à pied, haltères en l'honneur de Téthys, déesse de la mer. J'avais l'impression de voir des jeunes filles d'aujourd'hui et ces scènes joyeuses démontrent une douceur de vivre dans ce coin isolé. Le mystère planera toujours sur l'identité des joueuses, peut-être la fille du propriétaire et ses amies... Un ensemble rare et unique dans l'art des mosaïques. Après cette visite passionnante, j'ai rejoint un domaine où j'avais réservé une chambre : la Villa Trigona. Cette maison de famille offre un cadre enchanteur : meubles anciens, salons confortables, chambres vastes et un grand parc. Cet oasis de calme et de silence m'a beaucoup charmée... Un repas dégustation, composé de spécialités siciliennes (ah, le tiramisu !) a merveilleusement terminé la journée à Piazza Armerina... La petite ville recèle aussi des trésors cachés : la cathédrale, les rues en pente, les places dans un soleil déclinant qui accentuait la couleur ocre des monuments... Une rencontre avec la beauté de la Sicile profonde et désertée des touristes... Encore une étape culturelle et gourmande réussie et surprenante... 

mercredi 9 mai 2018

Escapade sicilienne, 3

Quand je suis arrivée dans la ville d'Agrigente, j'ai remarqué l'anarchie architecturale avec des immeubles construits sans autorisation... Heureusement, le centre historique est préservé et j'ai trouvé un hébergement charmant en plein centre pour découvrir la ville. J'ai commencé par visiter le musée archéologique d'Agrigente dans l'après-midi. Ce très beau musée est installé dans un ancien couvent cistercien. Une salle de céramiques à figures rouges et noires m'a émerveillée. Je lis les vases comme des albums illustrés et cet artisanat nous apprend beaucoup sur la civilisation grecque. Je remarque vite les scènes mythologiques, les banquets, la vie quotidienne, les femmes (si émouvantes), les combats contre les Amazones, etc. J'ai aussi été subjuguée par un "Télamon", un colosse de huit mètres de haut en calcaire et adossé au mur du fond. Il provenait d'un temple et représentait peut-être un Carthaginois vaincu. Ce musée régional conserve toutes les pièces (plus de 5000) trouvées dans les fouilles. Cette visite m'a semblé incontournable et je n'ai croisé pratiquement aucun touriste... Ensuite, j'ai arpenté les rues en pente de la ville et j'entrais dans les églises baroques. Pour terminer la journée, rien ne vaut une pause restaurant (avec une pizza sublime !) et j'ai vu le site archéologique illuminé. Un spectacle magnifique... Le lendemain matin, je me suis retrouvée devant le guichet où beaucoup de visiteurs attendaient sagement. Le site est très protégé car il faut passer devant des agents de sécurité qui fouillent les sacs. Classé au Patrimoine mondial de l'humanité, le site attire plus de 600 000 touristes par an. Fondée en 580 av. J.-C., Akragas respirait l'opulence mais les Carthaginois se sont emparés de la colonie grecque, suivis des Romains qui ont ensuite colonisé la cité et ont rénové le site. Plusieurs temples en enfilade m'attendaient patiemment et un large sentier permet une déambulation agréable. Temple de Junon, Temple de la Concordia, Temple d'Hercule, Temple de Zeus : un tourbillon d'images, un basculement dans l'Antiquité sicilienne. Entre ses temples, un rempart protégeait la cité et les Chrétiens du Ve siècle ont aménagé des niches qui servaient de tombeaux. Ces traces paléochrétiennes sont aussi très émouvantes... Il faut bien trois heures pour arpenter la Vallée des Temples, trois heures pour vivre dans une bulle de temps comme les bulles de savon qui éclatent au bout d'un moment... J'ai marché sur la terre que le philosophe Empédocle a foulé. J'ai eu l'impression de le croiser quand je me suis faufilée à travers les colonnes du côté du temple de Castor et Pollux... Agrigente, un site exceptionnel, encore présent malgré les tremblements de terre, l'usure du temps et les querelles humaines. J'ai quitté la Vallée avec une pointe de nostalgie dans le coeur pour me diriger vers Piazza Armerina. 

mardi 8 mai 2018

Escapade sicilienne, 2

Après le mystérieux site de Ségeste, ma deuxième visite était consacrée à Selinonte, la plus occidentale des colonies du monde grec. La commune proche du site ne possède pas de charme particulier malgré son bord de mer. J'ai rêvé de Selinonte (Selinontous, ou herbe des marais)  depuis longtemps et quand j'ai marché sur le chemin qui me conduisait vers le premier temple, j'ai vite compris que l'esprit du lieu (ou lieu de l'esprit) existait bel et bien. Imaginez un monde grec antique du VIe av. J.-C., l'immense acropole sur un plateau dominant la mer, grouillante d'hommes et de femmes en toge, des artisans à tous les coins des rues, des citoyens discutant entre eux dans l'agora, des boutiques de boulanger, de boucher, d'amphores et des enfants qui courent partout. Je les voyais ces Grecs puissants et civilisés. Le site a connu des combats terribles contre les Carthaginois et les Arabes, des séismes et la ville est devenue un champ de ruines pendant deux mille ans. Que reste-t-il ? Un temple en bon état, monumental, au style dorique, dédié à Héra, l'épouse de Zeus. Ce temple (dit E) a conservé sa colonnade extérieure et possède des dimensions impressionnantes. Je suis entrée à l'intérieur, ce qui m'a étonnée car les temples grecs sont ceinturés de barrières. A Sélinonte, ce privilège accordé aux visiteurs m'a enchantée et j'ai encore plus ressenti le sentiment d'appartenir à cet héritage grec. Un instant rare et magnifique. Je me suis baladée ensuite dans cet espace couvert de colonnes effondrées, de murailles épaisses, de murets délimitant l'agora, parsemé de figuiers de barbarie, de marguerites jaunes, de fleurs bleues, d'orchidées sauvages, et de tant d'autres plantes inconnues. Il règne dans ce lieu un silence incroyable et les visiteurs que je croisais partageaient ce respect devant l'ambiance sacrée du lieu. Je me suis dirigée sur une autre partie du site où s'érigeaient quelques colonnes face à la mer... Un paysage d'une beauté digne du Cap Sounion en Grèce... Un musée jouxte le site et offre les pièces les plus fragiles : vases, céramiques, statues, métopes, fresques et statuettes votives en terre cuite. Nous étions peu nombreux à Sélinonte (une vingtaine de personnes) et je savais qu'il fallait visiter ce site dès son ouverture... J'ai consacré trois bonnes heures à Sélinonte, des heures de plénitude, de sérénité et d'étonnement devant ces temples encore debout et souvent couchés, des sentinelles du temps. Un rendez-vous magique avec les dieux grecs et la civilisation occidentale originelle. J'ai pris ensuite la direction d'Agrigente pour l'étape suivante.

lundi 7 mai 2018

Escapade sicilienne, 1

Je suis donc partie le jeudi 26 avril à Palerme en passant par Genève. Après une heure trente de vol, mon avion a atterri et dès que j'ai posé le regard sur le paysage environnant, la mer touchait l'aéroport. J'ai loué une voiture pour commencer mon périple : quatre jours pour la Sicile antique, un jour à Cefalu et quatre pour Palerme. Je me sens parfois frustrée de n'arpenter qu'une capitale dans un séjour. Je prends alors le train pour visiter un site proche mais en Sicile, les liaisons ferroviaires ne permettaient pas ce choix de transport. Je disposais d'un atout majeur : mon frère, pilote expérimenté et prudent. Car, il vaut mieux multiplier son attention dans le réseau routier et le comportement des Siciliens frise l'hérésie : priorité à droite aléatoire, doublement injustifié, prise de risque permanente et surtout, aucun respect des limitations de vitesse. Comme j'écris en ce moment ce billet, je suis revenue vivante grâce à mon pilote ! La voiture s'est dirigée vers Ségeste dans un panorama déjà vallonné et planté d'oliviers, avec parfois quelques éoliennes qui ressemblent aux anciens moulins à vent (que je trouvais plus poétiques) ... A Ségeste, le temple et le théâtre m'attendaient sagement : pas de vagues de touristes en vue et surtout des moyens de locomotion organisés pour atteindre le théâtre et le temple, éloignés du parking unique. J'ai commencé par le théâtre comme suspendu dans le vide, l'un des plus beaux de la région. Une vue sublime sur le mont Inici et sur la campagne constitue aussi le spectacle de la visite. Près de quatre mille spectateurs pouvaient assister aux tragédies mais, un mystère plane sur ce site. Ce ne sont pas des Grecs qui ont construit cet ensemble mais des Elymes, peuple lointain et énigmatique (peut-être des Troyens). Ce peuple voulait témoigner de leur fidélité aux Grecs en érigeant ces monuments. Le temple n'a jamais été terminé et cet inachèvement amplifie le mystère des Elymes. La silhouette massive et d'une couleur jaune ocre magnifie le paysage et quand on pénètre dans le sentier qui mène au plateau, je ressens toujours une palpitation cardiaque émotionnelle, me rappelant l'immense vertige du temps et le savoir faire inouï des artisans qui manipulaient les pierres comme un jeu de lego géant. Ma première visite à Ségeste a duré trois heures entre les deux vestiges antiques (423 av. J.-C.). Nous avons repris la route pour l'hôtel près de Sélinonte, deuxième site de mon parcours antique dont la visite était prévue le lendemain matin. Dès ce premier regard sur Ségeste, j'ai eu l'intuition intime que je basculais dans une autre dimension temporelle...

dimanche 6 mai 2018

Atelier de lectures, 3

Danièle et Janelou ont lu "Les désarrois de l'élève Torless" de Robert Musil (1880-1942), un grand écrivain autrichien qui a marqué la littérature européenne avec son grand roman philosophique, "L'homme sans qualités". Ce roman d'éducation, publié en 1906, raconte les tourments d'un garçon, pensionnaire dans un collège huppé quasiment militarisé. La cruauté et la brutalité règnent entre les élèves et préfigurent les aberrations de l'époque nazie. L'écrivain évoque la sexualité trouble de ces pensionnaires frustrés. La conscience de l'élève Torless s'éveille en découvrant le côté sombre et pervers de ses collègues. Un grand classique selon nos deux lectrices convaincues. Geneviève a présenté "Les règles d'usage" de Joyce Maynard. Wendy, 13 ans, vit à Brooklyn. Sa mère part travailler et ne revient pas. C'est le 11 septembre 2001... L'adolescente incrédule et traumatisée tente de se reconstruire auprès de son père biologique qu'elle connaît à peine. En Californie, elle fait des rencontres étonnantes : une mère adolescente, un libraire lumineux et son fils autiste, un jeune marginal. Son foyer new-yorkais lui manque, mais, son séjour californien va aider Wendy dans cette nouvelle étape de sa vie. Ce coup de cœur se lit avec beaucoup d'intérêt. Marie a bien apprécié "La solitude des nombres premiers" de l'écrivain italien Paolo Giardano, publié en 2008. Alice, une jeune fille anorexique, est handicapée par un accident de ski dont elle rend son père responsable. Elle se lie d'amitié avec Mattia, un jeune surdoué des mathématiques qui se scarifie les bras pour se punir d'avoir abandonné sa sœur jumelle dans un parc. Ils vont s'engager dans une relation complexe entre amour et haine. Un roman original et dense. Janine a évoqué "L'année de l'éveil" de Charles Juliet. Un petit paysan se retrouve enfant de troupe. Il quitte son enfance et s'éveille à l'adolescence en subissant le froid, les bagarres, la faim, le manque d'affection, le sadisme de certains sous-officiers. Cette expérience extrême marquera Charles Juliet et fera de lui le bel écrivain qu'il est devenu. Sylvie a lu avec intérêt "Frankie Addams" de Carson McCullers (1917-1967). Cette grande romancière du Sud des Etats-Unis raconte la crise de l'adolescence à travers le journal intime de Frankie Addams, une jeune fille mal dans sa peau, mal dans sa tête. Elle vit avec un père veuf, souvent absent à cause de son petit commerce d'horlogerie. Entre une nounou et un petit cousin, l'adolescente s'ennuie dans cette ville de province. Elle s'invente un amour inconditionnel pour son frère et sa belle-soeur car elle veut partir avec eux. Sa solitude poignante la rend vulnérable et elle finit par fuguer tellement elle veut changer sa vie. L'écrivaine américaine pose à travers ses œuvres dont "Le cœur est un chasseur solitaire" cette question lancinante : comment passer de l'enfance à l'âge adulte sans souffrir ? Un classique sur les tourments de l'adolescence et un portrait émouvant d'une jeune fille en pleine métamorphose.  Avec ce sujet universel et sensible, les lectrices ont vraiment répondu à ma proposition et j'en suis ravie !

samedi 5 mai 2018

Atelier de lectures, 2

Je reprends mon blog après une interruption de quelques jours passés en Sicile. Je poursuis le compte-rendu de l'atelier de lectures d'avril et j'évoquerai mon escapade dès lundi prochain. Danièle a beaucoup apprécié le roman de Vincent Almendros, "Faire mouche", publié aux Editions de Minuit. Laurent, le personnage central, revient dans son village d'Auvergne à l'occasion du mariage de sa cousine unique : "A défaut de pouvoir se détériorer, mes rapports s'étaient considérablement distendus avec ma famille. Or, cet été-là, ma cousine se mariait. J'allais donc revenir à Saint-Fourneau. Et les revoir. Tous. Enfin, ceux qui restaient. Mais, soyons honnête, le problème n'était pas là". Ce roman court, dense et très bien écrit, mérite d'être connu. Geneviève a choisi un super coup de cœur venu d'Islande, "L'embellie" de Audur Ava Olafsdottir, qui a écrit un best-seller célèbre, "Rosa Candida". L'héroïne, jeune femme insouciante et légère, va vivre une journée invraisemblable quand son mari lui annonce qu'il la quitte. Une amie, mère célibataire, lui confie son enfant handicapé à cause de son accouchement futur à l'hôpital. Comment s'occuper de cet enfant de quatre ans ? La jeune femme va traverser l'Islande et revivre ses souvenirs d'enfant. Un livre plein d'humour, de tendresse et de sentiments. Dans la deuxième partie de l'atelier, nous avons évoqué les romans sur les tourments de l'adolescence. Evelyne a un le mérite de lire "L'ile d'Arturo" de la grande romancière Elsa Morante. Ecrit dans les années 60, ce livre évoque l'adolescence d'un jeune garçon sur l'île de Procida. Son père revient avec une nouvelle épouse et l'adolescent n'apprécie pas la naissance d'un petit frère. Mais, Evelyne a surtout retenu les déceptions et les désillusions d'Arturo sur son père qui ne ressemble pas au héros qu'il avait rêvé de connaître. On a oublié cette écrivaine italienne, Elsa Morante, qui a certainement influencé Elena Ferrante et une biographie sur elle vient d'être publiée. Sylvie est restée "de glace" en lisant "Le grand Meaulnes" d'Alain-Fournier. Le style "vieillot" du livre, le sujet, les personnages n'ont pas galvanisé son imagination... La magie n'a pas eu lieu. Mais, parfois, un roman dit classique, peut laisser dubitatif... Agnès a "adoré" le roman de Delphine de Vigan, "No et moi". L'amitié des deux jeunes filles l'a touchée particulièrement et elle a bien retrouvé le goût de l'adolescence dans cette complicité solidaire et vivifiante. (La suite, demain)