mardi 18 avril 2017

Rome, 2

Il m'est arrivé une drôle de manie intellectuelle depuis que j'ai visité le site archéologique de Knossos en Crète dans les années 2000. L'archéologie que j'avais négligée pendant des décennies m'est revenue en boomerang et depuis, ma curiosité s'est accentuée au fil des ans en apprenant le grec ancien. Mes voyages à travers les musées et les sites archéologiques ont approfondi ma vision de l'Antiquité gréco-romaine. Rome ne pouvait que m'éblouir dans cette approche des temps anciens. Il faut acquérir la carte archéologique (23 euros) pour sept jours qui permet de visiter ces sites romains : le Forum romain, le Palatin, le Colisée, les Forums impériaux, les Thermes de Caracalla sans oublier le musée Massimo et la Crypte Balbi. Comment traduire ce sentiment que j'éprouve quand je me retrouve devant un temple, un arc de triomphe, des colonnes solitaires, des pans de mur, des restes de stade, des boutiques, des marques de la vie quotidienne, des blocs de pierre ? Toutes ces ruines antiques m'émerveillent littéralement. Je vis au rythme de l'Antiquité et j'oublie le temps présent comme une catharsis. Ces traces souvent énigmatiques s'apparentent à une langue ancienne qu'il faut traduire. La lecture en amont de documentaires (guides sur cette thématique dont le Guide Bleu Hachette, plus sérieux que les autres) permet une approche lumineuse sur les sites qu'il faut décrypter au fur et à mesure de la découverte. Une bonne connaissance de la mythologie romaine et de la vie sociale dans la Rome antique m'aide à apprécier tous ces signes majeurs de notre civilisation occidentale. J'ai consacré ma première visite au Forum romain et au Palatin. Comme cet espace grandiose occupe quelques hectares, les visiteurs se croisent sans se gêner et partagent ces paysages en toute sérénité. La promenade sous le soleil et parmi les pins parasols ressemble à un rêve éveillé, à une rencontre essentielle du côté de nos ancêtres qui ont tant façonné notre histoire européenne. Un lieu m'a captivée : nous étions très peu nombreux à arpenter les sentiers des Thermes de Caracalla. Les murailles déchiquetées par le temps se dessinaient dans un ciel d'un bleu profond. Les Romains se baignaient dans les différents bassins (chaud, tiède et froid), pratiquaient divers sports dans le palestre, se rendaient à la bibliothèque pour se cultiver. Cet équipement social, bâti en 216 après J.-C. pouvait accueillir plus de 1600 citoyens. Le paysage n'a pas changé depuis presque deux mille ans et ce lieu a servi plus tard de cimetière pour les pèlerins chrétiens du monde entier qui décédaient sur place. Je savourais le charme des Thermes et j'étais comblée par le silence, la solitude, l'esprit du lieu. Ma déambulation tranquille était accompagnée par des perruches bavardes et des mouettes dansantes. De nombreux morceaux de mosaïques, adossés aux murs racontaient ces fragments de vie à jamais perdus. Une équipe d'archéologues fouillaient un terrain qui recelait peut-être des secrets... Un site enchanteur, rare, une source d'imagination, une promenade antique, une parenthèse où le temps est suspendu...