vendredi 11 mars 2022

Atelier Littérature, 1

 Nous étions une dizaine de lectrices à nous retrouver cet après-midi pour parler de littérature. Pourtant, en ces temps sombres où la guerre fait rage près de chez nous en Europe, évoquer des romans et des essais semble dérisoire et futile. Pourtant, il faut préserver notre fabuleuse liberté en paix, celle de retrouver ces instants conviviaux qui prennent encore plus de valeur. Pendant les deux heures de rencontre, nous avons seulement abordé le thème de l'apport de la psychanalyse dans les romans et dans les essais. Odile a présenté le roman d'Italo Svevo, "La conscience de Zeno", publié en 1923. Ce grand écrivain de Trieste n'a pas convaincu notre amie lectrice car le personnage principal, Zeno, n'attire aucune sympathie tellement ses problèmes tournent autour de son nombril. Pourtant, il veut arrêter de fumer et sa confession sur sa vie semble un peu datée. Il choisit une épouse par défaut dans une famille de marchands triestins. Ses états d'âme où l'indécision semble le qualifier finissent par agacer et par lasser notre patience bienveillante. J'ai moi-même abandonné la lecture de ce classique italien comme l'a fait Odile. Les critiques dithyrambiques rappellent le côté ironique et cocasse "d'un homme sans qualités" et cet homme souvent ridicule, horripilant et machiste ne semble plus séduire les lectrices contemporaines. Il arrive que des chefs d'œuvre littéraires laissent de marbre comme le "Ulysse" de James Joyce. Véronique et Janelou ont choisi l'essai autobiographique de Lydia Flem, psychanalyste et écrivain, "Comment j'ai vidé la maison de mes parents", paru dans la collection Points. Cet ouvrage les a beaucoup intéressées car chacune d'entre nous a vécu cette expérience douloureuse : perdre ses parents et mettre de l'ordre dans la transmission de l'héritage. Je laisse la parole à Lydia Flem : "Un jour, alors que l'enfance sera déjà loin, nous deviendrons orphelins. Une fois nos disparus enterrés, nous devrons accomplir cette tâche impudique : vider la maison de nos parents. Pour chacun des objets et souvenirs de leurs vies, nous n'aurons que l'un de ces choix : garder, offrir, vendre ou jeter. Puis, dans le désordre des émotions, nous fermerons leur porte, qui est aussi un peu la nôtre". Si l'on veut poursuivre la conversation intime avec Lydia Flem, il faut aussi lire "Lettres d'amour en héritage" et "Comment je me suis séparée de ma fille et de mon quasi-fils".  Agnès et Odile ont été surprises par  le thriller psychanalytique, "Mensonges sur le divan" d'Irvin Yalom. Ernest Lash, psychanalyste reconnu, s'interroge sur ses méthodes en mêlant la sexualité à la thérapie. Une de ses patientes pourrait accepter ce pari risqué car elle veut se venger de son mari qui l'a quittée. Irvin Yalom dévoile les coulisses d'un milieu complexe où parfois, le mensonge règne en créant une confusion des sentiments. Ce drôle de roman policier évoque aussi les travers de la psychanalyse poussés à l'extrême. (La suite, demain)