lundi 7 mars 2016

Georges Perec

Je n'ose presque pas dire que j'utilise souvent Google pour mes recherches car, je sais que ce moteur incommode de nombreux internautes qui ne supportent pas l'hégémonie du géant américain. Tant pis pour les grincheux et les râleurs... Ce matin, Google a rendu hommage à Georges Perec, né le 6 mars 1936. Il aurait 80 ans aujourd'hui et il fait partie de mes écrivains préférés. J'ai son portrait dans ma bibliothèque avec sa drôle de chevelure à la Einstein et son air taquin. Une citation orne la photo : "Il ne se passe rien, en somme". J'ai lu toute son œuvre et plus je le découvrais, plus il m'aidait à décrypter le "réel", la force du quotidien dans nos vies, la notion de l'espace. Son livre le plus célèbre, "La vie, mode d'emploi", rebutait les lecteurs parce qu'en "somme, il ne se passait rien". Il décrivait un immeuble, ses locataires et la vie tout simplement. Son roman le plus marquant, "Les choses",  dénonce très tôt les dégâts de la société de consommation et le consumérisme à outrance. Puis, tous les lecteurs aiment le délicieux "Je me souviens", un jeu poétique sur la mémoire des lieux, des dates, des faits divers, un portrait social d'une France disparue.  Il ne faut pas oublier le très émouvant "W ou un souvenir d'enfance", un récit autobiographique où l'écrivain dévoile un pan douloureux de son passé d'enfant juif. Georges Perec était un fou amoureux des mots en jouant avec eux : contraintes littéraires avec "La disparition" sans la lettre e, mots croisés, exercices oulipiens (Ouvroir de Littérature Potentielle). En tant que bibliothécaire, j'avais beaucoup apprécié "Penser/Classer", une bible sur le rangement des livres et des choses. Cet écrivain, mort trop tôt à 46 ans, mériterait de figurer dans la prestigieuse collection de la Pléiade où il n'a pas encore sa place... Google a vraiment eu une excellente initiative d'honorer Perec, un grand, très grand écrivain français.