jeudi 29 avril 2010

Hommage à Adrienne Monnier

Connaissez-vous Adrienne Monnier ? Le monde des librairies a souvent comporté des "figures" exceptionnelles. L'une est donc Adrienne Monnier. Du temps où j'ai moi-même exercé ce métier pendant cinq ans, j'avais remarqué Adrienne Monnier comme un modèle de femme-libraire, passionnée de livres, à l'avant-garde dans le début du siècle dernier et osant publier James Joyce considéré comme un ouvrage satanique... Son courage d'intellectuelle m'avait déjà fortement impressionnée. Je reprends quelques éléments de sa biographie (wikipédia) : elle est née le 26 avril 1892 en Savoie à 20 kilomètres de Chambéry(Les Déserts, quel magnifique nom de village !) et morte le 19 juin 1955, à Paris. En 1915, Adrienne Monnier ouvre une librairie "La Maison des Amis des Livres" (comme c'était simple et évident !) au 7 rue de l'Odéon, à Paris qui fait également office de bibliothèque de prêt et où elle organise des séances de lecture publique. Cette libraire, éditrice de livres, organisatrice de soirées et rencontres littéraires, écrivain et poétesse française a rencontré un nombre vertigineux d'écrivains célèbres tels Paul Fort, Paul Valéry, Pascal Pia, Jules Romain, James Joyce, Louis Aragon, Ezra Pound, Charles Vildrac, Georges Duhamel, Ernest Hemingway, Jacques Lacan, Francis Scott Fitzgerald, Léon-Paul Fargue, André Gide, Walter Benjamin, Nathalie Sarraute, Valéry Larbaud, André Breton, Jacques Prévert. En 1929, Adrienne Monnier publie la première traduction en français du roman de James Joyce, « Ulysse ». En 1922, Sylvia Beach, son amie en avait publié l'édition originale. J'ai lu l'ouvrage passionnant qui lui était consacrée "Passage de l'Odéon" de Laure Murat en 2003 et ré-édité en folio en 2005. Et cette année, les libraires indépendants ont édité un livre hommage que je me suis empressée d'obtenir comme un petit bijou de l'édition française. Une libraire de ma ville me l'a gentiment offert et je le conserverai comme une "relique" dans ma bibliothèque. Adrienne Monnier a vécu toute sa vie la passion des livres, des écrivains et de ce commerce particulier et fragile des oeuvres de l'esprit. Je ne sais pas si des rues possèdent son nom mais à Chambéry où je réside, on pourrait rebaptiser ma rue "Rue Adrienne Monnier" : cela me ferait très plaisir !!! Découvrez donc cette femme exceptionnelle !

mardi 27 avril 2010

La lecture numérique

Dans le milieu où je travaille (une BU), il existe une tension entre les amoureux passéistes du livre "papier" et les ultra-subjugués du tout numérique. Comme si ces deux mondes commençaient à s'affronter et à ne plus se comprendre... Je me range pour ma part du côté de notre cher livre en "papier", (voir l'ouvrage d'Umberto Eco "N'espérez pas vous débarrasser des livres") sans pour autant négliger les informations numériques. Je peux parcourir vite et brièvement la presse sur le net (je le fais tous les jours); je peux lire des poèmes sur le site de Gallica (BNF) quand je veux retrouver vite un poème de Mallarmé, Rimbaud, Nerval ; je m'intéresse de très près aux blogs d'auteurs, aux sites d'éditeurs, de libraires, des revues littéraires... Et pourtant, quand je me couche le soir, je prends un livre dans mes mains et ce livre m'accompagne dans ma fin de journée d'une façon sereine et silencieuse. Eclairé par une lampe adéquate, le livre se laisse toucher, dégage une odeur de papier, cet objet si familier peut tomber par terre sans dégâts, peut s'ouvrir immédiatement, se fermer, et ne remplacera jamais un e-book qu'il faudra allumer, qui sera froid, anonyme et sans couleurs, qui tombera en panne comme tous les ordinateurs... Je ne pense pas acquérir ce nouveau caprice de notre société de consommation. Quand je tiens un ouvrage dans les mains, je n'ai pas besoin de savoir que j'ai des centaines de titres à lire dans un même outil ! Encore un rêve absurde et inutile des concepteurs-informaticiens qui veulent tout faire, tout dire, tout rêver en un seul clic !!! Il faudra résister à cette vague anti-papier : sauvons nos bouquins uniques et merveilleux et même si nous devenons une minorité, gardons le cap et pensons au film de Truffaut "Fahrenheit 451" où des lecteurs passionnés apprenaient par coeur les livres pour qu'ils ne disparaissent jamais de nos mémoires !

L' avenir de la lecture

J'ai remarqué dans le quotidien Le Monde un article mentionnant un numéro de la Revue des 2 mondes. je le livre tel quel pour méditer sur l'avenir de la lecture et surtout lire la revue en question que j'espère trouver dans une librairie de ma ville (ce qui n'est pas sûr du tout !):

"Si la lecture n'a jamais été aussi accessible, tant elle occupe aujourd'hui nos écrans, il faut avoir la sagesse de revenir sur ses fondamentaux pour mieux cerner sa mutation. La révolution numérique appliquée à la lecture est-elle aussi décisive qu'on le dit ? Est-ce seulement un changement de support ? A-t-elle des incidences plus profondes sur la transmission d'un texte ? Tel est l'enjeu de la dernière livraison de La Revue des deux mondes, qui lui consacre un dossier dont la variété des points de vue donnera au lecteur l'impression d'être branché à une prise multiple.

Revenir au degré zéro de la lecture, c'est d'abord se souvenir que, étymologiquement, lire (du latin legere) signifie recueillir. C'est l'acte - " le plus mystérieux, le plus simple, le plus irréductible ", comme l'écrit le critique littéraire Michel Crépu - par lequel le monde est mis à distance. Celui qui s'adonne à cette opération solitaire aura le privilège de mêler la compréhension à la méditation, expérience que le chaos du réel ne rend pas possible(...) A juste titre, l'écrivain Pietro Citati rappelle ce moment décisif de l'histoire intellectuelle, lorsque la lecture silencieuse se substitua à la lecture sonore, au début du Moyen Age. Pour les Grecs, en effet, la lecture à haute voix en constituait la " forme originelle ". Dans le recueillement silencieux, c'est l'expérience d'une rencontre plus directe avec le texte, sans médiation, pour les moines, que la lecture des livres sacrés rapprochait de Dieu.

Puis vint le temps, pour Citati, où la lecture, à la fin du XVIIIe siècle, ne fut plus le privilège du sacré ou de la philosophie, mais disponible à tous, sous toutes les formes possibles : " Ces lecteurs n'étaient plus seulement les moines, les lettrés, les érudits, mais les juges, les dames de qualité, les hôtesses, les femmes de chambre (...). " Accessible à un plus grand nombre, cette deuxième révolution du livre semble annoncer les prémices de sa dégradation : lire devient un loisir, un moyen de passer le temps, une " haute trahison envers l'humanité ".

Le troisième temps de la lecture est-il celui du numérique ? Que ni Pietro Citati, ni Alberto Manguel, auteur d'une Histoire de la lecture (Actes Sud, 1998), ne le mentionnent dans leurs articles, en dit long sur leur scepticisme. Cette révolution menace-t-elle de saper l'aura de la lecture ? Il faut sans doute nuancer. Car ce livre numérique est la poursuite d'un fantasme de tous les temps : celui d'aboutir au livre total qui contiendrait tous les autres, avec ce rêve sans doute inavoué de vouloir se substituer au monde. Cependant, ce rêve semble avoir pris forme. Et, dans l'épaisseur de la Toile - seconde vie pour un grand nombre d'individus - un livre peut-il encore être bien lu sans que le lecteur soit aveuglé par les " paillettes superficielles et toutes les fausses séductions " (Alberto Manguel) qui saturent la réalité virtuelle ?

Patrick Bazin, conservateur général des bibliothèques, prend la mesure de ce qui menace la lecture (zapping digital, perte des référents stables...), mais il admet aussi que cette mutation est une ouverture vers " un monde plus lisible " et une extension du champ de la connaissance : " Pendant des siècles, nous avons lu le monde (...) à travers l'interface de l'écriture, et, surtout, à travers sa forme la plus aboutie, le livre. Avec le numérique, sa règle a été supplantée par une nouvelle forme de manipulation des symboles (...) plus proche de l'expérience concrète et de l'intuition. "
Amaury da Cunha
Revue
des deux mondes
Lire
au XXIe siècle

lundi 26 avril 2010

Retour sur Albert Camus

J'ai fini de lire un roman dont le personnage principal est Albert Camus, "les derniers jours d'Albert Camus" de José Lenzini aux éditions Actes Sud. On y retrouve Albert Camus à la fin de sa courte vie car il est mort dans un accident de voiture à l'âge de quarante-sept ans ! Mort absurde, mort inutile, mort précoce d'un des plus prestigieux intellectuels français du XXème siècle. Comme je connaissais les moindres détails de sa vie (j'avais lu avec beaucoup d'attention la biographie de Camus de Todd), j'ai retrouvé avec une infinité de détails les derniers moments de sa vie tourmentée : la vie privée compliquée, les interrogations perpétuelles de sa vie littéraire et philosophique, les questions de son "désengagement" dans la Guerre d'Algérie, ses derniers moments de vie avec la famille Gallimard dans son périple de Lourmarin à Paris. Un de ses livres les plus émouvants à lire est sans conteste le dernier manuscrit qu'il transportait dans sa serviette et qui est son dernier roman "autobiographique" posthume "Le premier homme". Le portrait de sa mère mutique et modeste ressort beaucoup dans la trame du livre de Lenzini. Pour tous ceux qui aiment Camus, lisez cet ouvrage !

samedi 24 avril 2010

Lectures d'avril

J'ai lu pendant ces vacances à la maison, dans mon jardin sous le cerisier en fleurs, deux romans complétement différents. Le premier fait partie de cette école scandinave du policier atypique. Ce roman "Terre des mensonges" d'Anne Radge raconte l'histoire d'une fratrie qui se retrouve à la mort de leur mère dans une Finlande austère, sauvage et glaciale. Les trois frères ont des destins et des vies tellement inconciliables qu'ils peinent à communiquer. Ils devront pourtant se retrouver, s'accepter et démêler les secrets de leur passé commun. La suite vient de paraître et je la lirai avec intérêt. Le deuxième roman, "Le journal intime de Benjamin Lorca" de Arnaud Cathrine, raconte l'histoire d'un écrivain vu par ses plus proches, son frère cadet, son meilleur ami, sa compagne. Ils sont confrontés à un dilemne à la Kafka : faut-il détruire le journal intime qu'il a écrit tout au long de sa vie (en fait, l'écrivain s'est suicidé). Je ne vous donne pas la clef du roman. A vous de la découvrir. J'aime beaucoup les romans qui parlent de littérature et de portraits d'écrivains et celui-ci est vraiment très convaincant. Ce jeune écrivain Arnaud Cathrine est à suivre...

vendredi 23 avril 2010

Vacances d'avril

Je n'ai pas pris ma plume quasi quotidienne depuis le 16 avril pour cause de "vacances". Le nuage volcanique m'a empêchée de rejoindre la ville de mes origines et de ma jeunesse, je veux parler de Biarritz que j'aime, surtout ses vagues, son océan, ses paysages à couper le souffle ! Et cette Côte basque où réside ma famille me donne une énergie "maritime" dont j'ai grand besoin... Je pense à ma mère qui traverse une période délicate en ce moment et comme le ciel s'est dégagé, je compte m'y rendre très prochainement... Aujourd'hui, comme mon angoisse s'est estompée après avoir reçu de bonnes nouvelles du côté de ma famille, je reprends mon blog avec plaisir. Je vais aller en ville en librairie m'acheter un livre pour fêter la journée mondiale du livre, le book day comme on dit en anglais. Lire pendant ces jours difficiles m'a procuré un calme et un apaisement nécessaires pour affronter cette période difficile. J'ai reçu un mot écrit à l'hôpital par ma mère qui m'a émue jusqu'aux larmes car écrire dans son état est un exploit intellectuel qui mérite toute mon admiration et les mots simples qu'elle a employés resteront à tout jamais gravés dans notre mémoire familiale !

vendredi 16 avril 2010

Découverte

Je reviens au Festival du Premier roman de Chambéry. En mai 2009, j'ai reçu, à la bibliothèque, Jean-Baptiste Del Amo pour son roman "Une éducation libertine". Je lui ai avoué toute mon admiration pour son livre, écrit dans un style époustouflant, avec un rythme à vous couper le souffle, avec un personnage n'attirant pas de prime abord la sympathie du lecteur mais retenant toute notre attention. Ce roman d'éducation raconte le destin d'un jeune homme seul et démuni, dans un Paris fascinant du 18ème siècle. Ce Rastignac se jette à corps perdu dans le monde de la noblesse et se prostitue. Les odeurs de Paris, les déambulations du héros, les descriptions des rues parisiennes et du milieu corrompu de la "Haute" procure au lecteur une fascination et une admiration pour ce roman si réussi. J'ai remarqué que ce premier roman est sorti dans la collection Folio et j'ai trouvé par hasard en feuilletant la Nouvelle Revue Française une nouvelle de Jean-Baptiste Del Amo, "le sel" que je vais lire très vite. J'attends son deuxième roman avec impatience...

La dernière photo de Rimbaud

Je regarde régulièrement le journal télévisé (rite quotidien) et quand le journal aborde des sujets dits de "littérature", c'est un événement important qu'ils soulignent. Hier, le journaliste a parlé d'Arthur Rimbaud et d'une photo découverte par hasard dans une vente de brocante. Elle montre un Rimbaud adulte, assez banal physiquement et d'un sérieux triste et ordinaire. C'est une surprise pour les amateurs de littérature car l'image d'un Rimbaud jeune et beau, sulfureux, romantique et mystérieux, prédomine dans l'imaginaire des lecteurs, amateurs de poésie. Rimbaud est un Everest poétique : on y revient sans cesse, on a appris à l'école le "Dormeur du val", on a lu à haute voix le "bateau ivre", bref, cette poésie à l'état pur a influencé et marqué toutes les générations de lycéens depuis 100 ans, au moins !
J'aurais préféré que cette photo ne soit jamais retrouvée et d'ailleurs, je l'ai déjà oubliée !!!!

jeudi 15 avril 2010

Le Modiano nouveau est arrivé !

Un Modiano, c'est tout d'abord une ambiance, une atmosphère, une seconde vie vouée à la recherche exclusive du passé. Le dernier roman de Patrick Modiano ressemble à un Proust abrégé, qui vivrait aujourd'hui et qui tenterait de réunir ses souvenirs pour exister. Le sujet du roman reprend souvent la problématique des personnages de Modiano : le narrateur a connu dans le passé une jeune femme nimbée de mystère, française née à Berlin, rencontrée à Paris, exerçant vaguement des gardes d'enfant. Ils semblent lier une liaison (qui n'est pas décrite) et côtoient des individus "louches", hors normes. Le narrateur raconte des bribes de ce passé lointain (40 ans) et cherche des traces dans un Paris disparu (les descriptions des certains quartiers et rues de Paris demeurent une constante dans les romans de Modiano). Le style de Modiano est inimitable : simple, beau et limpide. Le sujet du roman : c'est le temps qui passe, qui passe tellement vite que le narrateur tente de l'arrêter. Il partira sur les traces de cette femme aimée et perdue à tout jamais. Je ne vous raconte pas la suite car le roman s'intitule "L'horizon". Va-il retrouver, quarante plus tard, cette femme qu'il a aimée ?

mardi 13 avril 2010

Doris Lessing

J'ai parlé dans un de mes billets de la littérature féminine anglaise, une des littératures les plus passionnantes dans la galaxie littérature. Dans ce labyrinthe , je place au dessus de toutes, évidemment, la grande et la sublime Virginia Woolf, à lire et relire et relire et toujours relire ! Après Virginia, je mettrai une des grandes dames qui a aujourd'hui 93 ans et qui s'appelle Doris Lessing. C'est une planète-monde ! Elle écrit depuis les années 60 et n'a jamais cessé depuis. Ses romans m'ont accompagnée surtout dans les années 70 et 80 où ma fibre féministe naissait et s'épanouissait (J'ai participé au MLF !!! et j'en suis excessivement fière). Qui connaît aujourd'hui "le carnet d'or" ? son livre le plus réussi et le plus touchant qui retrace la vie d'une femme engagée et luttant pour sa dignité et sa liberté... Tout est bon à lire chez elle et je la compare à une Simone de Beauvoir beaucoup plus romanesque et plus "lisible". Je viens de terminer son dernier livre "Victoria et les Staveney", très bon roman sur le racisme de la classe intello-bourgeoise de Londres et son héroïne Victoria, abandonnée des siens, observe avec une acuité dévastatrice l'hypocrisie sociale des "correctement" politiques.
Je vous invite à la découverte de Doris Lessing qui a obtenu le prix Nobel de littérature et continue malgré son grand âge de nous offrir son éternel esprit-critique du conformisme social et des traditions de classe.
Quel immense femme écrivain !

lundi 12 avril 2010

Festival du Premier Roman de Chambéry 2010

Ce week-end, j'ai terminé la lecture d'un premier roman "Bonheur fantôme" d'Anne Percin. Ce roman a été sélectionné dans le cadre du Festival du Premier roman de Chambéry 2010. J'ai souhaité recevoir cet auteur à la bibliothèque où je travaille, car depuis 2004, un groupe d'étudiant(e)s et de bibliothécaires de l'établissement reçoivent en mai deux auteurs parmi les 10 invités du Festival. J'irai de toutes façons (si le comité ne la reçoit pas) à la rencontre d'Anne Percin, auteur qui a écrit pour la jeunesse et qui se lance dans les romans pour "adultes". Ce livre possède beaucoup de qualités : une écriture simple mais limpide, sans aucun maniérisme, un sujet moderne et original (un jeune homme de 26 ans, amoureux d'un homme un peu plus âgé et qui a peur de l'amour-passion qu'il éprouve pour son compagnon). Il fuit cette relation dévorante en s'installant à la campagne et devient brocanteur. Ils finiront par se comprendre et construiront un nouvel avenir, basé sur l'amour réciproque et le dialogue. Le sujet abordé, l'atmosphère à la campagne, le poids du passé (il a perdu un frère jumeau à 10 ans), l'écriture, tous ces éléments aboutissent à un très bon premier roman qui mérite toute sa place dans la sélection.

vendredi 9 avril 2010

Pour saluer Giono

En travaillant sur un lot de livres à envoyer en reliure, je suis tombée sur un volume de Jean Giono en piteux état. Je l'ai feuilleté et j'ai tout de suite éprouvé une sentiment d'émerveillement en parcourant sa prose et son style. J'ai beaucoup lu Giono quand j'étais jeune et j'avoue que je l'ai abandonné depuis très longtemps. Mon fils a étudié récemment "Le hussard sur le toit" au collège et je l'ai aidé à expliquer un de ces textes, très riche en images et en émotions. Je vous livre un passage du livre "Pour saluer Melville" : (il parle du roman de Melville "Moby Dick") "Il me suffisait de m'asseoir, le dos contre le tronc d'un pin, de sortir de ma poche ce livre qui déjà clapotait pour sentir se gonfler sous moi et autour de moi la vie multiple des mers."
Giono, son monde naturel, ses personnages simples et émouvants, son style imagé et vivant devraient revenir à la "mode". Je me sens coupable de m'être détournée de ce grand écrivain français, si peu lu de nos jours : je me réserve "Pour saluer Melville" pour cet été !

Découverte

Toujours dans le Libé d'hier, le cahier Livres consacre un article sur un roman que j'ai lu cette semaine : "Les variations Bradshaw" de Rachel Cusk. Je connaissais son roman précedent "Arlington Park" que j'avais beaucoup apprécié. Je pensais à la lisant à toutes ces romancières anglaises qui ont un talent fou pour décrire les atmosphères secrètes des couples et de la vie en famille. Virginia Woolf, la plus géniale mais aussi Anita Brookner, Penelope Lively, Zadie Smith, et d'autres encore (voir un numéro du Magazine littéraire sur ce thème). Ces écrivaines anglaises ont l'art de décrire le temps de la vie quotidienne, des rapports familiaux et amoureux avec une finesse de brodeuse. Ce sont des artistes du "miniaturisme" : la vie est là, simple et tranquille en façade mais c'est un monde de sentiments, d'impressions et de pensées qui se révèle en profondeur pour le plus grand bonheur des lecteurs ! "Les variations Bradshaw" : à lire sans tarder...

Admiration

J'ai lu le journal Libération du jeudi et j'ai trouvé un très beau portrait de Talisma Nasreen en dernière page. Je l'ai vue aussi sur Canal + avec Caroline Fourest, journaliste et féministe engagée.
Cela fait longtemps que j'admire cette femme bangladaise, subissant la haine et les menaces de mort de ses concitoyens ultra-religieux. Elle revendique son athéisme et combat les idées les plus rétrogrades de toutes les religions. C'est une Voltaire au féminin du XXIème siècle et son courage, sa détermination, son combat d'une difficulté inouïe pour survivre, attirent toute mon admiration. Il faut lire son livre le plus connu "La honte" paru chez Stock en 1993 et découvrir son dernier ouvrage en collaboration avec Caroline Fourest "Libres de le dire" aux éditions Flammarion : deux femmes libres, belles et rebelles et pouvant servir d'exemples à toutes les femmes du monde !

jeudi 8 avril 2010

le 23 avril, journée mondiale du livre

Le mardi 23 avril : offrez un livre et une rose à vos amis : c'est la journée mondiale du livre, initiée par l'UNESCO. Cette date symbolique a été retenue car Cervantès et Shakespeare sont nés un 23 avril et L'UNESCO veut encourager la lecture dans le monde entier. En Espagne, ce jour-là on offre un livre et une rose.
Je reviendrai sur cette journée, très peu médiatisée en France.

Wikipédia, le portail de la littérature

J'espère que vous connaissez dans Wikipédia, le portail de la Littérature, portail très instructif, pas du tout rébarbatif où l'on peut puiser des sources d'informations très utiles. Je m'y promène de temps en temps en butinant des articles de fond sur des auteurs, des mouvements littéraires et on peut se cultiver avec plaisir sans ennui... C'est vrai que de nos jours, être cultivé n'est pas une qualité précieuse : il vaut mieux être cultivé en informatique, en économie, en gestion, en tourisme, en quelque chose de concret qui rapporte ! Mais plonger dans la culture littéraire ne rapporte pas grand chose... Je suis vraiment très démodée !!!
j'ai appris que Le Clézio va fêter ses 70 ans, Sartre est mort il y a 30 ans, etc.
Je pratique donc cette randonnée livresque et encyclopédique de temps en temps et on a tous besoin de se muscler l'esprit autant que le corps...

mercredi 7 avril 2010

La bibliothèque idéale

Ce thème est souvent abordé dans la presse littéraire. Pour ma part, je possède un outil très utile pour organiser un planning de lectures quand on veut lire l'essentiel soit "des milliers de livres". Cet ouvrage est sorti en... 1988 et réédité en poche en 1992 chez Hachette. Beaucoup de critiques littéraires y ont participé avec une préface de Bernard Pivot. Ce "guide amical" aide le lecteur à se composer une culture littéraire très éclectique : les livres sont recommandés par série de 10 titres, 25 titres et 49 titres dans un mélange de siècles surprenant. Ces titres méritent donc de figurer dans les heures de lectures de tout amateur de littératures au pluriel. Que faut-il lire dans les littératures européennes, américaine, chinoise, etc. Que faut-il lire en philosophie, sur la politique, la musique, la poésie, la nouvelle, le théâtre, la jeunesse, la photographie, en littérature fantastique, policière, contes, etc. Une vraie Bible en quelque sorte. Pour vous donner une première approche, j'observe les 10 premiers titres choisis dans la littérature française et je vois Balzac et sa "comédie", Camus et son "étranger", Proust et sa "recherche", Flaubert et sa "Bovary", Stendhal et son "rouge et noir" bref que du beau monde ! Ce guide m'a servi dans ma carrière de bibliothécaire quand j'ai constitué des fonds de A à Z dans tous les domaines. Je cherche souvent ce type d'ouvrages (mon métier me conduit à cette quête perpétuelle de l'exhaustivité !)
Je conserve cet outil pour une relecture permanente quand je suis à cours d'idées (mais cela, je l'avoue, m'arrive rarement). Essayez de trouver cet ouvrage comme une pépite d'or : vous ne le regretterez pas !
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mardi 6 avril 2010

Les meilleures ventes

Pour grappiller des idées de lecture, il m'arrive de parcourir les listes des meilleures ventes. Dans la revue mensuelle Lire, les romans et les essais sont mélangés et je vois que l'essai d'Elisabeth Badinter "Le conflit, la femme et la mère" est en tête de liste. En deuxième position, surgit l'ouvrage de Florence Aubenas "le quai de Ouistreham". Deux femmes en tête du palmarès ! L'une, Elisabeth Badinter, farouchement féministe, craint pour les femmes un retour à l'ordre patriarcal établi : les femmes allaitent de plus en plus tard et ont tendance à retourner vivre dans leur foyer. Elisabeth Badinter se met en état de veille pour nous alerter sur ce phénomène, révélateur de la crise et porteur de "conflit" pour les femmes (Doit-on faire carrière ? Et les enfants seront en meilleure santé si je les allaite, etc.)
Le féminisme de l'une rejoint la générosité de l'autre. Florence Aubenas a voulu connaître le sort des "précaires" du monde du travail et s'est transformée en agent de surface (femme de ménage) pour mieux appréhender leur sort misérable. Je vais mettre ces livres dans mon programme de lectures à venir (et j'ai déjà acheté le "quai").
Attention portée aux femmes qui de nos jours jonglent entre travail et maternité, attention portée aux femmes qui sont les plus mal payées dans notre société, la liste de Lire me réconforte quelque part quand le public choisit ces deux intellectuelles dans le meilleur sens du terme qui semblent partager le même combat, celui éternel de notre destin de femmes dans une société trop souvent injuste.
Ces essais dont je reparlerai me rendent optimiste car ma génération s'est battue dans les années 70 et 80 pour améliorer le sort des femmes et il ne faudrait pas que nos acquis disparaissent ! Surveillons et veillons comme le font Elisabeth et Florence !

lundi 5 avril 2010

Lectures de l'an 2008, palmarès

j'ai retrouvé dans mes tiroirs la liste des 70 livres lus en 2008 !
Voici mes dix préféres à lire si vous ne les avez pas lus :
- La physique des catastrophes de Pessl,
- La vie mentie de Michel del Castillo,
- Le boulevard périphérique de Henry Bauchau,
- Un homme de Philip Roth,
- La réserve de Russel Banks,
- Les Années d'Annie Ernaux,
- Les enfants de l'empereur de Claire Messud,
- Les Disparus de Daniel Mendelssohn,
- L'Enfant des ténèbres d'Anne Marie Garat,
- L'état des lieux de Richard Ford.
Je peux en citer encore de très bons mais je reviendrai sur des auteurs que j'aime beaucoup, en particulier Annie Ernaux dont il faut lire "La place", roman devenu un classique contemporain !
Je n'oublierai jamais le livre-document de Daniel Mendelsshon, oeuvre poignante,proustienne, quête minutieuse et désespérante à la recherche des traces des disparus pendant l'Holocauste...

vendredi 2 avril 2010

Portrait d'écrivain oublié

Travaillant dans une bibliothèque universitaire et chargée d'effectuer du "désherbage" dans des collections anciennes, j'ai retrouvé une édition de poche en anglais de Carson Mc Cullers. J'ai pensé à ce destin tragique de femme-écrivain pour qui j'ai beaucoup de tendresse. Née en 1917, elle a écrit quatre très bons romans :
* 1940 : Le Cœur est un chasseur solitaire (The Heart Is a Lonely Hunter)
* 1941 : Reflets dans un œil d'or (Reflections in a Golden Eye)
* 1946 : Frankie Addams
* 1961 : L'Horloge sans aiguilles (Clock Without Hands)
Ces romans sont des petits bijoux de la littérature américaine : ils n'ont rien perdu de leur actualité et n'ont pas pris une ride. C'est rare de rencontrer un écrivain qui conserve presque 50 ans après sa mort (en 1967)une attirance aussi exceptionnelle. C'est notre James Dean de la littérature ! Vous trouverez ces livres dans toutes les très bonnes librairies et dans les bibliothèques qui ne pratiquent pas un désherbage sans référence littéraire...
Voir sa notice biographique sur Wikipédia...

jeudi 1 avril 2010

Philosophie à la portée de tous

Je m'intéresse aussi à la philosophie... sans lire de "grands philosophes" car je suis attirée par des voix discrètes et non monumentales (voir la philosophie allemande). J'ai lu pour ma part et modestement surtout Bachelard (son oeuvre est vraiment à la portée de tous) et Jankélévitch (que j' apprécie beaucoup). Une revue de philosophie a vu le jour depuis 3 ans au moins et elle explique la philo d'une façon très claire et pédagogique. On n'y décèle aucune cuistrerie. Ce mois-ci, la revue "Philosophie Magazine" s'interroge sur les méfaits de la télé-réalité et ce que cela révèle de notre société. On y trouve un portrait de Zygmunt Bauman, sociologue réputé dans le monde et moins connu en France. Il parle de "relations liquides" entre les individus et démontre les changements sociétaux de notre époque contemporaine à l'heure d'Internet.
Cette revue est vendue dans tous les kiosques à journaux et on la trouve dans toutes les bibliothèques. A découvrir !

lectures de février et de mars 2010

En février et en mars, voici mes lectures :
- Journal volubile de Enrique Vila-Matas (formidable !)
- Ma femme de ta vie de Guelfenbein (écrivaine espagnole, bien)
- L'enfant de Berlin d'Anne Wiejemsky (décevant)
- Le tailleur de pierre de Camilla Lachberg (un polar scandinave à lire en vacances)
- Et le jour pour eux sera comme la nuit d'Ariane Bois (premier roman très émouvant)
- La cité sans murs de Tobias Hill (abandonné parès 100 pages)
- C'est là que l'on se quitte de Jonathan Tropper (humour, détente)
- La grâce et le chagrin (formidable, j'en ai déjà parlé dans un billet)
- Romance nerveuse de Camille Laurens (pas mal du tout, voir billet)
- Comment peindre un homme mort de Sarah Hall (sur le peintre italien Morandi et le milieu de la peinture, très bien)