jeudi 22 septembre 2016

Escapade à Lisbonne, 1

Je pars bientôt à Lisbonne et j'ai préparé ce voyage de fin d'été (il fera 35 degrés à la fin de septembre) avec de nombreux guides. J'ai consulté le fameux Routard indispensable, le Guide bleu de Hachette et le Guide Voir, très culturels et astucieux pour les plans des quartiers. J'emporte le Cartoville de Gallimard, le plus original, essentiel et ultra pratique.  Pour moi, Lisbonne, que j'ai visitée en 2004, représente tout ce que j'aime dans une ville : de nombreux musées, des places immenses, des rues étroites sillonnées par des vieux trams, des trottoirs pavés d'ornements floraux et marins, des églises et des monuments couverts d'azulejos. Et le Tage grandiose et océanique me chante un fado nostalgique. Deux créateurs majeurs, Vieira da Silva, peintre lyrico-abstraite et Fernando Pessoa, poète-écrivain viennent de Lisbonne et je vais sur leurs traces pendant une semaine. J'ai déjà évoqué Vieira dans ce blog car cette femme peintre, bien qu'ayant vécu en France, symbolise le génie portugais avec ses toiles aux espaces vertigineux. J'ai déjà visité son musée et j'y retourne comme si je me rendais à un pèlerinage... Pour Pessoa, je l'avais lu grâce à Antonio Tabucchi, amoureux fou de ce double littéraire. J'ai donc relu cet été les recueils de poésie, "Le gardien de troupeaux" et "Ode maritime", "Fragments d'un voyage immobile" et "Le livre de l'intranquillité". Cet écrivain singulier possède plusieurs identités fictives et ces inventions biographiques, d'Alberto Caeiro à Ricardo Reis, forment un cortège de ses doubles fantômes. Octavio Paz dans une préface écrit : "Son secret est inscrit dans son nom, Pessoa, en portugais, signifie personne et vient de persona, le masque des acteurs romains. Masque, personnage de fiction, fiction : Pessoa." Il menait une vie de somnambule dans une Lisbonne des années 30 et multipliait ainsi sa vie avec ses hétéronymes. Déprimé ou euphorique, Pessoa considère la vie comme une aventure ennuyeuse voire absurde et seule la littérature la rend "vivable". Il a écrit cette belle formule : "La littérature, comme toute forme d'art, est l'aveu que la vie ne suffit pas". Lire Pessoa, c'est se laisser bercer par l'esprit de la saudade, ce sentiment de nostalgie propre à Lisbonne. Il décrypte les méandres de l'âme humaine oscillant entre une immense fatigue de vivre et une fusion philosophique avec la nature, la ville, le cosmos. Je vais donc visiter sa maison-musée, ses bars préférés et je vais peut-être rencontrer son fantôme dans les rues de Lisbonne... En octobre, je reprendrai le blog pour conter mon escapade lisboète...