mardi 2 septembre 2014

J.-B. Pontalis, suite

J'aime beaucoup parcourir l'œuvre entière d'un écrivain et j'organise une rencontre mensuelle avec J.-B. Pontalis. J'ai donc lu cet été deux ouvrages de cet écrivain-psychanalyste : "L'amour des commencements" et "Fenêtres", parus dans la collection Folio. Et j'ai encore une bonne dizaine de titres à découvrir, promesses de plaisir garanti. Le premier cité, publié en 1986, n'a pas pris une ride et dans un post-scriptum, l'écrivain explicite sa démarche assez complexe d'écriture autobiographique, basée sur son expérience d'analyste. Il est très difficile, quasi impossible de résumer les chapitres intitulés de cette façon : "l'amour du lycée", "les creux", "l'effacement", "le grand Autre", "les voix non familières", etc. Pontalis égrène des souvenirs du lycée, des séjours en Normandie, des rencontres amicales, des réflexions teintées de psychanalyse d'une clarté évidente et toutes ces anecdotes composent un ouvrage d'une lecture facile et immédiate. Pour savourer du "Pontalis", il faut se laisser porter dans son rythme de phrases, dans son style inimitable, classique et contemporaine. Sur l'acte d'écrire, il donne quelques définitions plus que subtiles et j'ai envie de les citer : "écrire, c'est aussi rêver, c'est aussi être en deuil, se rêver, être animé d'un désir fou de possession des choses par le langage et faire à chaque page, parfois à chaque mot, l'épreuve que ce n'est jamais ça ! D'où la fébrilité et la mélancolie qui accompagnent toujours, en alternance, l'acte d'écrire. (...) Ecrire, (...) c'est vouloir donner forme à l'informe, quelque assise au changeant, une vie - mais combien fragile, on le sait- à l'inanimé. Tant qu'il y aura des livres, personne, jamais, n'aura le dernier mot". J'évoquerai "Fenêtres" dans un billet suivant.