jeudi 23 février 2017

Escapade à Bilbao, 2

Je ne veux pas terminer l'évocation du musée Guggenheim sans parler d'un tableau que j'ai vu dans une salle consacrée à Anselm Kiefer. J'avais découvert cet immense artiste allemand à Berlin et à Vienne. Et quand, je suis entrée dans cette rotonde, j'ai été saisie d'admiration pour ses trois tableaux gigantesques : "Les tournesols" (7m sur 7), "The land of two rivers" (10m sur 6m) et "Les ordres de la nuit" (8,5m sur 6). La démesure des toiles, leur gigantisme procurent un sentiment d'espace, de profondeur et j'avais envie de pousser une porte invisible dans la toile pour me rapprocher de l'artiste afin de comprendre ses intentions artistiques. Un tableau m'a littéralement impressionnée car l'homme nu, étendu sur la terre, observant un ciel étoilé symbolise notre solitude extrême et fondamentale face au mystère de l'univers, au sens de la vie et au vertige du temps. Le très beau titre, "Les ordres de la nuit", pose la question métaphysique de notre présence au monde. Ce tableau m'a rappelé une phrase de Kant : "Le ciel étoilé au-dessus de ma tête et la loi morale au fond de mon cœur". Un grand moment de contemplation et d'admiration pour l'art d'Anselm Kiefer. Bilbao semble vraiment agréable à vivre, car, entre son centre ancien et le Guggenheim, j'ai pris le tramway qui traverse la ville avec un silence remarquable. J'ai arpenté les rues du centre ancien, remplies de commerces divers qui ont souvent disparu en France (drogueries, épiceries, bars en quantité, restaurants). On ressent une vie vibrante car les Basques comme les Espagnols adorent déambuler dans les rues (le paseo) et se restaurer de "pintxos" dans les nombreux bistrots autour de la place principale. J'ai visité deux belles églises et le musée archéologique où les objets de la Préhistoire sont très biens présentés. Un groupe de scolaires écoutait religieusement une animatrice qui leur parlait en basque... La Biscaye a même accueilli des Romains car les archéologues ont retrouvé des traces de leur passage. Je me sens toujours chez moi dans cette cité portuaire car n'oublions pas que le Pays basque s'étend de Biarritz à Bilbao en passant par Donosti (San Sébastian). L'art a transfiguré cette cité industrielle, peu attrayante dans les années 70 et lui a donné un charme incontestable...