mercredi 11 mars 2020

Contrastes

Hier, j'ai passé la journée aux urgences pour un problème concernant un de mes proches. J'ai remarqué un certain malaise social devant tant de malades prioritaires ou non prioritaires. J'ai peut-être fantasmé un peu mais l'agent de l'accueil réglait les entrées avec des numéros… On faisait la queue comme à la SNCF… Les patients ne sont pas séparés dès leur arrivée et les gens qui arrivent présentent des symptômes divers : toux, suspicion d'AVC, coupures profondes, chutes, maladies infantiles, malades mentaux, dépressions, etc. Tout ce monde en mauvais état se croise sans masque sauf pour les soignants. Des flacons d'hydroalcoolique sont à la disposition du public. Mais, l'angoisse s'immisce en soi sans pouvoir la contrôler. Vais-je ramener cette bestiole à la maison ? Ce virus assez mystérieux inquiète, nous plonge dans l'incertitude, dans l'inconnu. Les plus fragiles d'entre nous peuvent avoir des complications mortelles. La presse, les médias ont beau nous rassurer sur le fait que ce virus ressemble à un gros rhume, faut-il le croire ? Je devais partir à Rome et dans le Latium le 19 mars. J'avais rendez-vous avec les Etrusques à Tarquinia et à Cerveteri, avec l'empereur Hadrien à Tivoli, avec Raphaël à Rome et avec toutes les merveilles culturelles de ce si beau pays. J'ai reçu l'annulation des vols et l'isolement du pays ami s'est bien matérialisé. L'Italie vit un cauchemar et peut-être que nous subirons en France le même scénario catastrophe. Les musées, les bibliothèques, les églises, les écoles, les collèges, les lycées et autres établissements ne reçoivent plus de public. Peut-on imaginer une vie sans cette convivialité sociale ? Je me rends compte avec cette crise sanitaire l'importance d'un quotidien sans menace... Flâner dans les rues, fréquenter les lieux culturels, se retrouver entre amis, recevoir sa famille, tous ces actes vont disparaître provisoirement. En attendant le retour à la normalité, j'ai imaginé quelques solutions apaisantes :  ranger ses placards, lire tous les ouvrages en retard, se balader dans son quartier, écouter tous ses CD, trier ses vieux papiers, écrire ses souvenirs, cuisiner des petits plats, faire du vélo d'appartement, regarder les émissions culturelles d'Arte, écouter France-Culture, préparer son jardin, échanger des messages avec ses amis. Il faut traverser ce temps suspendu avec calme et sang froid. Cet après-midi, je me suis promenée à Aix Les Bains, côté lac. Les familles promenaient les enfants, le manège tournait, les passants respiraient un moment de plénitude printanière. Le réel prenait sa revanche, un réel irréel ou un vrai réel ? Encore une question philosophique que Clément Rosset aurait traité avec son talent. Si je devais choisir une image de ce mois de mars : un virus assassin ou un printemps attendu ? Je préfère la deuxième image mais, hélas, la première domine…