vendredi 2 février 2024

"Brûlant secret", Stefan Zweig

Après la biographie de Balzac, j'ai repris la Pléiade de Stefan Zweig qui comporte 36 textes, un recueil avec les meilleures traductions. Pour découvrir le génie de cet écrivain autrichien, il suffit d'ouvrir le livre et de picorer dans cette mine d'or. Publié en 1911, "Brûlant secret" est une de ses meilleures nouvelles. Un baron mondain, un séducteur cynique, se retrouve en villégiature dans une ville thermale de montagne. Il finit par choisir sa proie, une femme, Mathilde, assez ronde et bien bourgeoise, accompagnée de son fils. Comment attirer son attention ? Avec son esprit de manipulation, il remarque le jeune garçon, Edgar, avec lequel il va créer un climat de confiance. Se joue alors dans les lignes fébriles, fiévreuses de la nouvelle, les réactions, les sensations du jeune garçon. Celui-ci s'ennuie énormément dans cet hôtel huppé pour adultes. Quand il commence à fréquenter le baron, sa vie d'enfant devient plus passionnante. Il se met même à croire à l'amitié du baron à son égard. En même temps, cet homme dissimulateur avance ses pions avec la mère de l'enfant. Mathilde, déjà dans sa maturité, se sent très flattée d'attirer cet homme plus jeune qui la supplie d'avoir une liaison avec lui. Edgar se sent délaissé et comprend la trahison du baron. Ce "brûlant secret" entre adultes met le jeune garçon dans un état de colère et de révolte. Il observe sa mère qu'il ne reconnaît plus quand elle est en compagnie du baron. Se sentant abandonné, il enrage et veut contrarier les plans amoureux du baron. Comme il voit sa mère lui échapper, il fuit l'hôtel et malgré son jeune âge, il réussit à prendre un train pour se réfugier chez sa grand-mère. Sa mère va prendre conscience de son égarement passager et arrêter cette relation adultère ridicule avec le baron trompeur. Je ne relaterai pas les retrouvailles de la famille pour maintenir l'intérêt de cette nouvelle. Stefan Ewzig décrit la jalousie d'Edgar, sa passion subite pour le baron, les jeux du chat et de la souris entre les trois protagonistes avec une dramaturgie palpitante. Edgar devient le symbole du passage entre l'enfance et l'âge adulte. Lui, si innocent apprend la duplicité de sa mère et du baron. Une très bonne nouvelle à découvrir pour constater l'influence aussi de la psychanalyse dans l'oeuvre de Stefan Zweig. Un régal de lecture.