vendredi 28 octobre 2011

Gisèle Freund

Dans le magazine du Monde, je lis toujours la chronique de Christophe Donner sur la littérature. Cette semaine, il évoque Gisèle Freund et son exposition "L'oeil frontière" à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint-Laurent jusqu'au 26 janvier 2012. Gisèle Freund a photographié dans les années 30 et 40 les plus grands écrivains du siècle dernier : Joyce, Woolf, Colette, Gide, Malraux, Cocteau, etc. François Mitterrand l'avait choisie pour la photographie officielle en 1981. J'ai dans ma bibliothèque un ouvrage autobiographique de Gisèle Freund, interrogée par Rauda Jamis aux Editions des Femmes, publié en 1991. Je la connais donc depuis très longtemps... J'ai trouvé une notice sur wikipedia que j'ai résumée :
"Son père collectionneur, Julius Freund, lui offre un appareil photographique Leica lorsqu'elle est adolescente, elle se passionne très tôt pour le photojournalisme. Etudiante en sociologie à Francfort, elle rencontre Norbert Elias, qui lui propose d'écrire sa thèse sur La Photographie en France au XIXe siècle. D'origine juive et membre d'un groupe communiste, elle doit fuir l'Allemagne et elle achève ses études à Paris en 1936. Amie d'Adrienne Monnier, elle côtoie de nombreux écrivains qu'elle immortalise en des portraits célèbres. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle s'exile en Argentine et rencontre Victoria Ocampo. En 1943 elle ramène de Patagonie et de Terre de Feu des paysages puissants. Elle rentre en France en 1946 et travaille à partir de 1948 pour l'agence Magnum comme photojournaliste. En 1950, elle se trouve refugiée en Uruguay, chez Jules Supervielle, lors d'un départ forcé de l’Argentine, suite à la publication d'un reportage paru dans Life sur la vie de luxe menée par Evita Eva Perón. Suspectée de communisme, elle est interdite de visa américain et est forcée de quitter Magnum en 1954.
En France, le ministère de la Culture lui décerne en 1980 le grand prix national des Arts pour la Photographie. En 1991, elle est honorée par une grande rétrospective de son œuvre au Centre Georges-Pompidou."
Pour ma part j'ai rencontré dans les années 90, Gisèle Freund pendant une Fête du livre à Lyon et je lui ai déclaré toute mon admiration pour ses photos d'écrivains en la "priant" de me relater sa rencontre avec Virginia Woolf qu'elle avait photographiée en 1939, deux ans avant son suicide. Elle m'a révélé la simplicité de cette visite comme un événement professionnel quasi normal... En me tenant près de Gisèle Freund, je pensais que j'avais devant moi un témoin capital du visage splendide des écrivains européens les plus influents. J'aime les portraits d'écrivains, pour moi mes seules icônes que je conserve dans ma bibliothèque. Gisèle Freund fut l'amie fidèle d'Adrienne Monnier, la libraire la plus célèbre du milieu littéraire dans ces années glorieuses de la "grande, très grande littérature". Gisèle Freund devrait inspirer une romancière d'aujourd'hui qui en ferait un personnage hors du commun, une femme libre et farouchement indépendante, une lectrice passionnée qui va à la rencontre des écrivains qu'elle admire... Quel destin de femme exceptionnelle, un modèle, une Simone de Beauvoir de la photographie ! Si j'avais un projet de voyage, j'irais à Paris visiter l'exposition et contemplerais pour la centième fois ces portraits vus, et revus sans me lasser...