vendredi 30 novembre 2012

Atelier d'écriture

Marie-Christine a choisi le thème du voyage pour cette quatrième séance de la rentrée. Elle a étalé sur une table, des photographies de divers pays et il fallait en choisir une. Le premier exercice portait sur l'objectivité dans l'écriture en utilisant un style proche du Nouveau Roman. J'ai opté pour une photo montrant trois très belles femmes des Fidji, habillées avec des habits végétalisés, portant à leur cou des colliers de coquillage et sur leur tête, une coiffe composée de tiges multicolores. Chaque participante a bien rempli ce contrat d'objectivité en décrivant les paysages de montagne ou les scènes d'intérieur des photographies. Le deuxième exercice que Marie-Christine nous a proposé devait porter sur un personnage figurant dans la photo. Il fallait donc faire le contraire d'un récit "scientifique" et écrire un texte imaginatif. Voici le mien sur une des trois danseuses des îles Fidgi :
"Encore une corvée de plus pour gagner ma vie ! Je suis obligée de me déguiser en poupée exotique pour accueillir les nombreux touristes occidentaux en quête de bonheur éphémère et trompeur. Dès l'arrivée des avions, me voici avec mes copines en train de me trémousser, habillée d'un costume à base de feuilles de bananier qui me piquent la peau. Ma coiffe ridicule risque à tous moments de tomber tellement il faut se dandiner comme un dindon. Quelle mascarade et tous ces touristes s'imaginent qu'on aime ce cirque d'accueil ! Je me nomme Bora, native du coin, diplômée bac + 5 en droit mais je suis au chômage. J'ai trouvé ce job folklorique mais j'aimerais tellement m'adonner à mon travail juridique. En dansant, j'ai envie de hurler aux voyeurs mâles en mal d'exotisme : vous y croyez à ces îles paradisiaques de carte postale ? Le sourire obligatoire, les tenues colorées, la danse de bienvenue ne forment qu'une parodie idiote loin de notre identité fondamentale. Demande-t-on à des Auvergnats de danser la bourrée à l'aéroport de Clermont-Ferrand, ou à des Basques avec leur fandango à Biarritz ? Je revendique donc pour nous les îliennes, un statut d'égalité avec les métropolitaines. Fini, les chichis, la comédie du bonheur... Je refuse ce rôle de poupée danseuse. J'ai organisé un groupe de pression pour nous faire remplacer... par des hommes, déguisés en femme enguirlandée. Ils comprendront peut-être tout ce que nous endurons depuis des siècles. Il est temps de vivre enfin notre vie de femme en toute dignité !"  Je ne peux pas m'empêcher de réagir en féministe quand je vois des femmes-poupées, des femmes-objets, des miss de concours, etc. Nous avons passé un très bon moment ensemble et tous les textes lus méritaient notre écoute, toujours attentive.