jeudi 19 octobre 2023

Atelier Littérature, 1

 Nous nous sommes retrouvées ce jeudi après-midi pour le premier atelier Littérature de la saison 2023-2024 avec plaisir, un plaisir partagé par une dizaine de participantes. J'ai dédié la séance à Dominique Bernard, le professeur de français, poignardé par un barbare islamiste. Cet homme des Lumières aimait la littérature, nous a dit sa femme lors de la cérémonie à la cathédrale d'Arras. Il aimait Julien Gracq, Stendhal, Flaubert, Proust. Il aimait la musique baroque. Il aimait le cinéma, la peinture italienne, Van Gogh. C'était un homme cultivé, discret, un passeur de mémoire littéraire. J'étais émue d'évoquer ce confrère en livres, en littérature qui a été lâchement assassiné parce qu'il représentait le meilleur de la France littéraire, prônant l'ironie, la liberté de pensée, l'amour de la vie et des autres. Dans l'atelier, nous apprécions les livres, la littérature et je voulais que l'on pense à tout l'héritage que l'on reçoit à l'école. Pensons à tous nos anciens professeurs de Français qui nous ont introduit dans le monde de la littérature avec le "Lagarde et Michard", l'amour de notre langue, de notre pays. Je n'oublierai jamais Samuel Paty et Dominique Bernard. L'Atelier a accueilli une nouvelle recrue, Geneviève, retraitée à Chambéry, une lectrice curieuse et motivée. Nous avons ensuite abordé les ouvrages de la liste sur la vie, mais je commencerai par évoquer les coups de cœur de la deuxième partie de l'atelier. Colette a démarré avec le dernier opus de Philippe Delerm, "Les Instants suspendus", édité au Seuil en août dernier. Ce recueil de notes raconte tous ces moments fugaces, éclairants, éphémères qui surgissent dans notre esprit comme "passer le doigt sur une vitre embuée. Le jaillissement du paysage à la sortie du tunnel ferroviaire". Ces instants de vie rappelle "La première gorgée de bière". Philippe Delerm se définit comme un poète du quotidien. Geneviève a présenté brièvement "Tombeaux" d'Annette Wiervorka, un témoignage émouvant et éprouvant sur sa famille décimée dans les camps de concentration. Un livre indispensable à lire absolument pour ne jamais oublier l'Holocauste surtout en ces temps où l'antisémitisme sévit avec une résurgence inquiétante. Danièle a découvert avec intérêt un roman de Carol Joyce Oates, "Confessions d'un gang de filles", édité en 2014 en Livre de Poche. Dans un quartier populaire de l'Etat de New York en 1950, cinq lycéennes dont le personnage principal, Legs, veulent se venger des humiliations qu'elles ont subies. Reliées par un pacte à la vie, à la mort, elles forment un gang, le Foxfire. La haine des hommes va les entraîner dans une équipée sauvage et mortelle. Un roman puissant à l'image de l'écrivaine américaine, spécialiste de la violence aux Etats Unis dans les relations humaines. (La suite, demain)