mardi 20 mars 2018

Venise, ma prochaine escapade

Je pars mercredi pour une semaine à Venise. J'ai choisi le mois de mars pour éviter la masse des touristes (plus de vingt millions par an) mais je sais que me retrouver seule dans les rues relève de l'utopie, surtout dans la place San Marco.  Vogue la gondole ! Je tenterai des ruses pour me faufiler dans les églises, les places, les palais, les musées et le ciel vénitien, du Tiepolo vivant avant de retrouver ce peintre merveilleux dans les plafonds des églises. J'ai déjà vu Venise mais parfois, il faut revenir vers ce lieu hors du temps, sans voitures et sans feux rouges, une cité écologique d'avant garde...  La ville cache beaucoup de mystères et d'imprévus. Je vais me baigner dans sa vie culturelle : j'ai rendez-vous avec les frères Bellini, Carpaccio, Le Tintoret, Le Titien, Véronèse, Guardi, Canaletto... La musique tient une grande place et j'irai sur les traces de Vivaldi, pas celui des "Quatre saisons",  mais celui des opéras, de la musique sacrée dont ses "Vêpres à San Marco". Le prêtre roux m'enchante comme son ami Monteverdi, enterré à Venise dans une église (et j'irai saluer sa tombe). Si j'évoque les fantômes littéraires, je ne m'en sortirai pas mais je pense en particulier à Marcel Proust et à Nietzsche. Chacun s'invente la Sérénissime à sa manière. Cette ville théâtrale appartient au répertoire de la comédie quand on regarde passer les gondoles accaparées par les touristes russes ou chinois... Le mythe d'une Venise pour les amoureux persiste encore pour beaucoup d'étrangers... J'ai préparé mon escapade culturelle en lisant beaucoup : le guide bleu Hachette, le Cartoville, le Routard pour préparer mes visites. J'ai relu "Le dictionnaire amoureux de Venise" de Philippe Sollers qui présente dans cet ouvrage érudit tous les aspects culturels de la Sérénissime : peinture, musique, histoire, littérature. Un régal et une mine d'informations indispensables. Dans ma valise, j'emporte le "Mort à Venise" de Thomas Mann (un classique à lire sur place) et "Fête à Venise" de Philippe Sollers (encore lui)... J'ai loué un petit appartement dans le Dorsudoro, avec vue sur la lagune pour humer l'air de la mer et le ballet permanent des Vaporettos... J'irai faire une visite à Padoue pour visiter la chapelle de Giotto. Une escapade vénitienne, rien de mieux pour démarrer l'année... Je reprendrai ce blog en avril.

lundi 19 mars 2018

"Un personnage de roman"

Le livre était posé sur la table des nouveautés de la bibliothèque municipale. Je l'ai regardé en hésitant : je l'emprunte ou pas ? Je l'ai pris dans mon sac par curiosité. Il s'agit de l'ouvrage "Un personnage de roman" de Philippe Besson, édité chez Julliard. Je l'ai donc lu avec un sentiment mitigé. Cet écrivain singulier et intimiste s'est lancé dans une aventure un peu périlleuse : décrire la campagne politique d'Emmanuel Macron. Pourtant, ce récit ressemble à un roman tant les faits semblent côtoyer une certaine irréalité. Cet homme politique d'un nouveau genre possède tous les critères romanesques qui font de lui un "personnage de roman". Sa vie privée avec sa femme plus âgée que lui représente une première transgression. Philippe Besson raconte leur histoire atypique, exceptionnelle et courageuse face à la méchanceté de ceux qui ironisent sur leur différence d'âge. Ensuite, il relate la chance inouïe de ce candidat qui écarte de la victoire, un Fillon, attiré par l'argent, (lui qui donnait des leçons d'austérité), l'emphase radicale et gauchiste de Mélenchon, le nationalisme exacerbé d'une candidate incompétente, l'effondrement idéologique du parti socialiste. Le candidat a saisi avec une maestria magistrale et une audace insolente, cette chance historique... Notre président a mis en place une armée de volontaires, de bénévoles qui ont "marché" avec lui (et qui ont couru derrière les postes).  Le candidat Macron disposait de cadres technos pour organiser les réunions, les rencontres, les visites. Philippe Besson raconte tout ce tourbillon médiatique avec jubilation car son amitié pour le candidat empêche une distance saine avec son sujet. Son roman politique ne laissera pas un grand souvenir de lecture. Monsieur Macron a explosé les idées de droite, de gauche pour établir un centre mou et consensuel sans idéologie irréconciliable. Il ne croit qu'aux individus dans un monde libéral et branché. L'écrivain lui concède un talent fou en communication. Philippe Besson évoque un Emmanuel Macron, amoureux des livres et de la littérature et il reprend ainsi le flambeau d'un Mitterrand et d'un Pompidou. Ce livre, écrit par un scribe bienveillant, conviendra aux curieux du monde politique français, un milieu romanesque impitoyable...

dimanche 18 mars 2018

Rubrique Cinéma

Cet après-midi, j'ai vu un film magnifique, "Amama", programmé dans le cadre de la Quinzaine du Cinéma espagnol et latino-américain du 14 au 27 mars à l'Astrée. Asier Altuna, le réalisateur, a tourné ce long-métrage en basque, sa langue natale. Il parle d'un monde ancien, une civilisation rurale de traditions et de contrastes. Il existe une coutume dans la famille : chaque enfant reçoit à sa naissance un arbre que le père plante dans une forêt proche. Le personnage principal, Amaia, la benjamine de la fratrie, vit encore avec ses parents et sa grand-mère dans une grande ferme au fin fond de la montagne tapissée de forêts profondes. Les troncs d'arbre sont peints en rouge (force) pour le fils aîné, en blanc (mollesse) pour son frère et en noir (révolte) pour elle. Gaizka, l'aîné choisit l'exil alors qu'il était censé hériter de la ferme. Le second frère d'Amaia vit en ville avec sa femme et ses deux enfants. Ils se retrouvent chez leur père qui n'a qu'une obsession : le travail et il n'en manque pas dans cette agriculture ingrate de la montagne : brebis à élever, champs à cultiver, pommes à ramasser, potager à entretenir. Ces taches harassantes et épuisantes, aucun enfant ne désire les accomplir. Le père symbolise l'intransigeance dans la transmission des traditions. Il refuse toute modernité et s'enferme dans un silence têtu. La fille cadette propose à son père, ce patriarche noueux, d'abattre les pommiers qui ne sont plus rentables. Mais, le père refuse tout changement et fou de rage, il abat l'arbre planté à la naissance de sa fille. Ce geste de colère ébranle la famille et Amaia quitte la maison. Sa grand-mère toujours mutique mais expressive assiste impuissante à ce drame. La jeune fille, artiste photographe part en ville et se réfugie chez une amie. Le silence s'installe dans la ferme. Un jour, alors que le père se blesse en ramassant ses pommes, il comprend son erreur et décide de récupérer le tronc d'arbre coupé et il fabrique un lit pour sa fille qu'il installe dans son appartement en ville. A partir de ce moment, Amaia se réconcilie avec lui et retourne dans la ferme en aménageant le grenier pour le transformer en atelier d'artiste... Je ne raconterai pas la fin de ce film attachant, émouvant et tellement universel même si l'action se passe au Pays basque espagnol... Entre la tradition nostalgique et la modernité inévitable, le changement représente une souffrance profonde et les personnages du film, pétris d'humanité, se heurtent, se frôlent mais finissent par se retrouver...

vendredi 16 mars 2018

Chambéry, une ville culturelle

Jeudi, j'ai eu l'impression de vivre une journée de "non-retraitée"... En effet, j'ai assisté à un atelier de philosophie le matin et à une conférence l'après-midi. Quelle chance de vivre à Chambéry dans une ville à échelle humaine ! Une vie culturelle d'une richesse surprenante : le cinéma l'Astrée avec les films d'auteurs, des festivals, la médiathèque Jean-Jacques Rousseau, la Maison de la Culture André Malraux, le Musée des Beaux-Arts, le Musée savoisien (en rénovation), un milieu associatif dense. La Maison de Quartier du Centre Ville (AQCV) abrite les deux ateliers que j'anime une fois par mois (lecture et écriture), l'atelier philo "Les idées en partage", les cours proposés par l'Université savoisienne du Temps Libre (USTL). Cette semaine, j'ai terminé le cours de philosophie, animé par Monsieur Bouvier sur le thème de l'identité. Six séances de deux heures passionnantes, rigoureuses et enrichissantes. Aujourd'hui, j'ai appris dans l'atelier philo, les notions du vivant, le mécanisme de Descartes, l'évolution des espèces avec Darwin, la découverte de l'ADN, les questions de la bioéthique. Ce panorama des relations entre la science et la philosophie m'a beaucoup intéressée alors que je suis restée longtemps du côté des sciences humaines et de la littérature. Je vais enfin comprendre des ouvrages savants écrits par des François Jacob, Henri Atlan, Jean-Pierre Changeux... Plus j'entends parler des neurones, plus l'intérêt de ces questions grandit. Ce groupe de retraités (autant d'hommes que de femmes !) dont je fais partie se retrouve toujours avec un grand plaisir un jeudi sur deux grâce à Agnès, une professeur de philosophie qui a le don de la pédagogie et celui de l'écoute. Après ces deux heures de partage, j'ai pris le chemin de Marcoz, le siège de l'Université de Savoie pour écouter une conférence sur un de mes écrivains préférés, Stefan Zweig. Le professeur a évoqué la biographie intellectuelle de Zweig dans son environnement viennois et a souvent évoqué  "Le monde d'hier", les mémoires posthumes de l'écrivain. un intellectuel raffiné, rare, profond, bouleversant, un européen avant l'heure, un pionnier des zones d'ombre dans ses nouvelles psychologiques. A la fin de la journée, je me disais que la ville de Chambéry m'offrait des opportunités culturelles à savourer sans modération...

jeudi 15 mars 2018

"Les rêveurs"

Isabelle Carré dit d'elle-même "je suis une actrice connue que personne ne connaît". Comédienne appréciée, elle a obtenu le César de la meilleure actrice en 2003 pour le film délicat "Se souvenir des meilleures choses". Et à quarante six ans, Isabelle Carré se lance dans l'écriture. Les éditions Grasset publie son premier roman, "Les Rêveurs", paru en janvier. Roman de fiction ou récit autobiographique, la frontière semble mince entre les souvenirs réels et les fantasmes du passé. L'auteur raconte son enfance dans les années 70 entre une mère dépressive et un père fantasque. Ses parents forment un couple improbable, atypique. Sa mère, issue d'un milieu aristocratique, est reniée par sa famille car elle est tombée enceinte, hors mariage. Comme elle a voulu garder l'enfant, son rejet est encore plus violent. Son père, d'origine modeste, épouse cette fille célibataire avec enfant, et fonde une famille. Son métier d' artiste dans le design l'éloigne du foyer et ses absences intriguent ses enfants. La narratrice dévoile au fil des mots avec une empathie évidente l'homosexualité de son père, la dépression de sa mère, sa propre tentative de suicide à l'âge de quatorze ans. Dans ce huis clos familial, la petite Isabelle survit malgré tous ces bouleversements. Une mère dépressive ne contribue pas à un bel équilibre affectif. Son absence symbolique pèse lourdement, creuse un manque affectif pour la fratrie. Isabelle Carré évoque sa tentative de suicide à l'âge de l'adolescence, période critique et douloureuse, un passage du Cap-Horn que l'on ne dépasse pas sans encombres ou avec des dégâts psychiques mettant en péril sa propre existence. Elle décrit cette crise sans drame et sans complexe avec une sensibilité distanciée. L'homosexualité de son père tient une place majeure dans ce beau récit d'enfance. Dans les années 70, il fallait un courage héroïque pour vivre une sexualité différente et se découvrir homo représentait un séisme personnel. Son père s'était même marié pour fuir ses inclinations jugées "amorales" dans ces années pourtant proches de nous. Cet ouvrage vient d'être distingué par le Grand Prix RTL-Lire 2018. Les lecteurs(trices) qui ont vécu cette période se retrouveront dans ce livre et comme la célébration de Mai 68 approche, les "Rêveurs" d'Isabelle Carré ont certainement senti son vent souffler sur eux... 

mercredi 14 mars 2018

Atelier d'écriture, 2

J'avais envie d'écrire un souvenir d'enfance et le voici, une variation proustienne, une petite madeleine à partir d'une photographie : "Une photo d'enfance : une petite fille en maillot de bain, une pelle à la main sur une plage, près de Narbonne. Près d'elle, son frère et sa sœur, ses ainés. La fratrie réunie dans cette après-midi d'août. La boucherie de leur père ne ferme jamais. Il emmène sa femme et ses enfants dans une maison en bord de mer qui abrite les moustiques et le sable envahissant. La petite fille ne se souvient de rien, ni de cette scène fraternelle, ni des journées à la plage. Un trou noir, un continent oublié, un passé perdu. La petite fille porte un foulard de pirate sur ses cheveux longs. Dans ces années 50, elle ressemble à une indienne un peu sauvageonne. Son frère est assis sur un ballon, arbore un sourire royal et déjà conquérant. Sa sœur porte un seau à la main qu'elle va remplir d'eau, peut-être.  La petite fille de trois ans se sert de la pelle pour creuser un trou. Le château de sable se devine dans la photo en noir et blanc. La fratrie a joué au ballon avant, peut-être. La petite fille, des années plus tard, regarde ce cliché familial et cherche désespérément le souvenir de cette scène. Soudain, une minuscule particule de mémoire flotte dans sa tête : elle mange une tranche de melon. Un melon banal mais présent dans les limbes de son moi profond. Le goût du melon, son jus sucré, ce fruit appartenait à la mythologie de l'été. Elle a oublié la chaleur, le sable, le mistral, la mer, les moustiques, les baignades. Ils n'ont laissé aucune trace dans son filet mental. La mémoire, un fragile château de sable. Ses parents ont disparu emportant avec eux les souvenirs de son enfance. Heureusement, il lui reste son frère et sa sœur avec qui elle retrouve ce passé lointain. Cette photo ravive et ressuscite un moment précieux, une enfance heureuse, lumineuse, et scelle à tout jamais ce moment fugitif d'un été à Narbonne dans les années 50..."
Hier, à l'atelier, j'ai commis ce petit texte sur les choses que l'on trouve dans sa bibliothèque : "Un encrier en laiton de 1832 avec son porte-plume, offert par ma mère, un petit vase ventru basque de la poterie de Ciboure, des statuettes grecques de mes voyages dont la belle Athéna, des photos de famille dont une de mes parents dans leur jardin, un petit bocal rempli de sable de la plage de Biarritz et quand je l'ouvre, je sens le parfum marin de mon pays, des coquillages ramassés sur les plages de Grèce et d'Italie, des bouts de bois flotté, un scribe égyptien, cadeau de ma sœur, et des photos d'écrivain : Nerval, Proust, Woolf, Beauvoir et Perec, évidemment..."

mardi 13 mars 2018

Atelier d'écriture, 1

Cet après-midi, l'atelier d'écriture a réuni les huit participantes, chiffre idéal pour prendre le temps de lire et d'écrire les textes. Nous avons démarré par la lecture des nouvelles et des récits d'enfance. Chacune avait tenu sa parole en travaillant chez elle. J'ai relevé la très grande qualité d'écriture pour chaque texte lu. Danièle a évoqué un souvenir d'enfance sur son professeur de piano au terrible stylo rouge. Evelyne a raconté le retour de son père instituteur, prisonnier en Allemagne, en 1945 avec une émotion toujours aussi vive dans son village de Franche-Comté, Chaux Neuve. Pascale a choisi elle aussi un souvenir de son enfance à Athis-Mons, une ville de la banlieue parisienne où les années 70 avaient l'air bien plus fraternelles qu'aujourd'hui entre l'église et la MJC. Geneviève nous a lu une nouvelle sombre sur une petite fille avide de parler dans un monde paysan de taiseux et à la fin de la nouvelle, un homme de son entourage finit par la violer. Ce conte noir donnait le frisson... Janine a écrit une nouvelle sur un personnage marginal, un ours misanthrope dans un village alpin. Aimant bien sa carabine, il finit par tirer sur un petit garçon chapardeur. Sylvie a composé une nouvelle nostalgique sur un amour de jeunesse. Ils s'envoient des lettres toute leur vie avec des interruptions et le jour où ils décident de se revoir, la narratrice apercevant son amoureux sur le quai de la gare, comprend que son amour est terminé... J'ai remercié mes "écrivantes" pour les efforts fournis dans le cadre d'un travail à la maison... Nous avons continué la séance par deux propositions ludiques. J'ai distribué une photocopie avec une bibliothèque accompagnée d'un texte de Georges Perec sur "les choses qui ne sont pas des livres et que l'on rencontre souvent dans les bibliothèques". Il fallait décrire les objets qui parfois, encombrent les étagères, et forment avec les livres d'exquis cabinet de curiosités. La deuxième proposition concernait aussi un objet léger, utile et charmant : le marque-page... J'ai montré ma propre collection : marque-page en papier, en tissu, en broderie, en métal, en cuir avec des slogans, des photos d'écrivains, des citations, des éditeurs, etc. J'ai demandé aux participantes d'inventer leur propre marque-page... Ces deux heures passées ensemble ont mis à l'honneur le plaisir d'écrire, de jouer avec les mots, de jongler avec les phrases, d'évoquer des souvenirs, d'inventer des histoires... La suite, demain.

lundi 12 mars 2018

Pause promenade au lac

Une fois par semaine, je me retrouve devant le lac du Bourget, mon lieu préféré de balade... La semaine dernière, j'ai affronté un froid polaire pour vérifier sur place le paysage des Mottets pris par les glaces. Ce spectacle hivernal me réjouit toujours : ce n'est pas la peine de partir en Islande car j'ai ma glaciation à domicile. Le silence régnait sur le site et je me suis retrouvée pratiquement seule à arpenter la plage des Dames et celle des Mottets au bout du lac. Un étendard de glace était figé entre deux tiges métalliques et les piquets en bois, délimitant les roselières, portaient des couronnes de glace. Je ne me lasse jamais de cette petite promenade modeste, aux yeux des vrais randonneurs, escaladeurs émérites des montagnes savoyardes. Je préfère la douceur des espaces plats ou peu pentus pour l'harmonie de mes pas et pour l'apaisement de la marche. Mon corps apprécie cette lenteur voulue car j'ai passé l'âge des records d'endurance. Le lac en hiver me convient à merveille. J'aime l'air frais et vivifiant et j'apprécie la faible fréquentation des promeneurs (ou piqueniqueurs) qui le préférent en été dans un brouhaha permanent. Ces moments rares de promenade solitaire ressemblent à des rendez-vous amicaux avec une nature discrète, secrète, mélancolique. Cet après-midi, la glace avait disparu et un air de printemps circulait entre les roseaux. Mais, le ciel se chargeait de nuages au fil des minutes avec des éclaircies fugaces. La surface du lac se couvrait d'une palette de couleurs d'un vert printanier. Les roseaux sous le soleil se balançaient et formaient un champ de blé d'un jaune incandescent. Je retrouve souvent "mon aigrette" blanche, cachée dans un étang. J'ai questionné deux photographes amateurs qui passent leur journée à épier des oiseaux rares. Aujourd'hui, une sarcelle d'hiver se débattait dans l'espace dédié aux cistudes (tortues) car le grillage l'empêchait de s'envoler. Un grèbe castagneux s'amusait à plonger sans cesse pour gober des petits poissons. Je complète ainsi ma toute petite culture ornithologique grâce à la gentillesse de ces retraités passionnés de nature... Je n'oublie pas aussi mes rencontres avec une bande de cygnes qui se suivaient à la queue leu-leu, les mouettes rieuses, les poules d'eau toutes noires et les canards omniprésents. Toute une faune sauvage et libre dans un espace protégé. Ma promenade s'est terminée sous une petite pluie et la Dent du Chat disparaissait sous la brume, un panorama sublime à dix minutes de chez moi... 

jeudi 8 mars 2018

La journée internationale des droits des femmes

Ce 8 mars, je pense aux femmes, à toutes les femmes françaises et étrangères, à mes grands-mères comme aux petites filles d'aujourd'hui. Nous avons parcouru un chemin extraordinaire depuis cinquante ans : droit de vote en 1944, ouverture d'un compte bancaire en 1965, contraception et droit à l'avortement (loi Veil) en 1975, la parité en politique sous Jospin en 2000. Evidemment, je ne vais pas évoquer tous les droits acquis et j'ai cité les avancées les plus symboliques. J'ai participé activement aux luttes des femmes de 1975 à 1982, dans une euphorie "sororale" qui a marqué profondément ma jeunesse. J'avais ouvert une librairie indépendante à Bayonne, rue Marengo, à côté du Musée basque dans un quartier populaire. Militer pour les droits des femmes dans ces années là me semblait légitime, normal, essentiel. J'avais toujours senti que la société favorisait les garçons et le carcan patriarcal m'insupportait. Mes lectures m'ont influencée et ont nourri mon engagement féministe. Virginia Woolf, Simone de Beauvoir, Benoite Groult, Annie Leclerc, Gisèle Halimi, Marie Cardinal et bien d'autres écrivaines ont forgé mes convictions féministes : l'égalité totale entre les hommes et les femmes, liberté sexuelle, émancipation politique. Je proposais à mes client(e)s, des tables et des rayonnages sur la cause féminine et à cette époque là, les éditeurs ont accompagné cette immense et belle révolution. Je me souviens de certaines collections emblématiques comme celle de "Femmes" chez Denoël, la presse féministe, les revues militantes. Et les Editions des Femmes sont nées en 1973 avec Antoinette Fouque, l'une des trois femmes, créatrices du MLF, le mouvement de libération des femmes. Ma librairie diffusait tous les livres de cette maison d'édition, unique au monde. La lutte des femmes aurait pu s'éteindre, s'effacer et se perdre dans les méandres de la société. Antoinette Fouque a compris que le féminisme ne devait pas s'enfermer dans le politique, il lui fallait s'épanouir dans la culture, dans l'art et dans la littérature. La fierté des femmes s'est donc manifestée dans cette aventure éditoriale d'exception. Le féminisme traditionnel évoquait la condition des femmes dans une dimension victimaire : femmes battues, violées, enfermées, méprisées, malmenées. C'était une première étape qu'il fallait vivre et dénoncer. La deuxième étape a été symbolisée par un féminisme conquérant, heureux, épanoui où les femmes sont devenues libres, indépendantes, émancipées sans oublier que les hommes (hélas pas tous) ont aussi beaucoup changé dans un souci d'égalité, inscrite dans la loi. Le patriarcat recule en Europe et aux Etats-Unis mais, n'oublions pas les femmes des autres continents qui sont loin de vivre notre condition. La journée internationale du 8 mars sert à réactiver le combat sans fin des femmes qui ont seulement envie de vivre tout simplement comme des individus libres et égaux... Cette "parole de femme" (titre d'un livre d'Annie Leclerc), j'avais envie de la saisir pour témoigner de cette époque fabuleusement excitante...

mercredi 7 mars 2018

"Où les eaux se partagent"

Dominique Fernandez, académicien français, et amoureux absolu de l'Italie, de la Russie et du baroque vient de publier son dernier roman : "Où les eaux se promènent", chez l'éditeur Philippe Rey. Un peintre français, Lucien,  et sa femme italienne, Maria, passent leurs vacances en Sicile du côté de Syracuse. Ils visitent un port à l'écart des touristes et rencontrent un vieux prince désargenté. Le peintre voit tout de suite la beauté du lieu et tombe amoureux d'une maison à l'abandon, située sur un éperon rocheux. Lucien adore ce coin d'Italie où les Siciliens cultivent une identité particulièrement forte. Les coutumes, les superstitions, le mode de vie charment le peintre alors que sa femme, origine de l'Italie du Nord, se méfie de ces hommes du Sud, qu'elle considère comme des "barbares"... L'écrivain d'une immense érudition raconte à sa façon l'histoire invraisemblable de ce peuple influencé par tant d'invasions successives en passant des Normands aux Espagnols, des Arabes aux Français tout en sauvegardant leur culture sicilienne. En face de la maison, se situe une ligne de partage entre deux mers et cette ligne de partage s'incruste aussi dans le couple. Maria, décidément déroutée par le comportement machiste des jeunes garçons, ne supporte plus cette façon de vivre. Elle s'éloigne peu à peu de l'enthousiasme naïf de son mari, toujours admiratif de son coin de paradis. Et le soupçon commence à naître. Maria remarque l'intérêt de son mari pour les jeunes hommes qui trainent vers la plage pour voir son corps dénudé. Philippe éprouverait-il une attirance inconsciente pour ces jeunes ? Ce doute sépare le couple et creuse une faille entre eux. Ils finiront par vendre cette maison, symbole de leur échec. Ce roman évoque surtout la Sicile dans les années 60, une terre pleine de contrastes où la hiérarchie sociale commence à bouger. Les propriétaires nobles sont remplacés par  leurs contremaîtres qui s'enrichissent en les dépouillant. L'intrigue du roman se laisse éclipser par le décor, un décor fabuleux, un bout d'Italie encore préservé de la modernité touristique ravageuse. Comme je pars en Sicile en fin avril, j'aime lire des romans et des guides pour m'imprégner du pays à visiter et j'ai donc lu ce roman avec beaucoup d'intérêt....

mardi 6 mars 2018

"Dictionnaire amoureux de la psychanalyse"

Elisabeth Roudinesco, historienne,  a composé un dictionnaire vraiment très agréable à lire. La psychanalyste évite un vocabulaire ultra spécialisé qui pourrait écarter des lecteurs(trices) peu familiers de cette aventure intellectuelle, la psychanalyse, née à Vienne entre 1895 et 1900 au cœur d'un pays monarchiste austro-hongrois. Sigmund Freud a inventé cette "science humaine" à la façon d'un  Christophe Colomb découvrant une Amérique, une nouvelle terre promise de la psyché humaine. Révolution de l'intime, fondée sur l'actualisation de la mythologie grecque, la psychanalyse raconte nos entraves, provoquées par des pulsions qui prennent racine dans l'Inconscient. Cette zone obscure détermine souvent nos actes. En simplifiant à l'extrême, il faudrait explorer en mineur de fond cette caverne intime en se servant de nos rêves, des mots, des fantasmes. Elizabeth Roudinesco raconte avec humour le monde passionnant de cette découverte majeure qui contrarie les rationalistes absolus, les religieux superstitieux, les sociétés totalitaires et bien d'autres esprits sectaires. Tous les ennemis de la liberté de penser se sont ligués contre elle. L'auteur écrit dans son introduction : "J'ai adopté le style de la leçon de choses, classer, réfléchir, distinguer, nommer afin d'éclairer le lecteur sur la manière dont la psychanalyse s'est nourrie de littérature, de cinéma, de théâtre, de voyages et de mythologies pour devenir une culture universelle". Tous les articles composent un liste d'expériences, de lieux mythiques, de portraits de personnalités, d'artistes, de définitions sur le vocabulaire psychanalytique sans oublier des articles autobiographiques. Les villes européennes défilent sous nos yeux admiratifs : Berlin, Vienne, Budapest, Zurich, New York, Francfort, Londres, Rome, etc. La littérature prend toute sa place avec Philip Roth, Georges Perec, Sherlock Holmes, Hamlet, Julien Green. Des concepts essentiels sont analysés et éclairés comme le désir, le rêve, l'hypnose, la psychiatrie, l'inceste, etc. D'article en article, l'intérêt ne faiblit en aucun moment. Ce panorama subjectif, intime et cultivé de cet univers fascinant ne remplacera pas la lecture des œuvres de Freud, de Lacan et de leurs confrères mais, offre une introduction très utile et une approche intelligente, sensible et érudite de cette planète incontournable : le monde de la psychanalyse et de son dieu, Sigmund Freud...

lundi 5 mars 2018

Rubrique cinéma

Ce dimanche après-midi, séance cinéma avec "Call me by your name" du réalisateur, Luca Guadagnino : ce film italo-franco-américain m'a littéralement charmée. Le charme opère pour plusieurs raisons : unité de lieu, unité de temps, unité d'action, les trois règles du théâtre classique. Le lieu : l'Italie du Nord, une maison de famille, patinée par le temps avec un jardin merveilleux. Le temps : l'été 1983, pendant les vacances. L'action : le désir amoureux entre un jeune adolescent de dix sept ans et un trentenaire, doctorant américain. Les parents d'Elio vivent une complicité évidente avec leur fils. Le père enseigne la civilisation greco-romaine et la mère est traductrice. Dans cette maison ancienne, le temps se partage en moments privilégiés : passion des livres, de la musique et des discussions entre amis. Dans ce milieu intellectuel, l'harmonie règne jusqu'à l'arrivée d'Oliver. L'adolescent en pleine effervescence sensuelle remarque au premier regard la beauté du trentenaire. Ce thésard désinvolte perturbe la vie d'Elio car, il est agacé de son sans gêne et il le trouve un peu vulgaire dans ces enthousiasmes soudains : il joue aux cartes avec les gens du village, se fait remarquer dans les fêtes en dansant, disparaît sans le dire, se conduit familièrement. Son agacement cache en fait son attirance irrésistible pour Oliver. Le jeu amoureux s'amplifie au fil des images et malgré la relation qu'il entretient avec une amie, Elio n'a qu'une obsession : Oliver. Le professeur résiste, refuse ce lien interdit, se raisonne mais, ils succombent à leur passion homosexuelle mutuelle. Les vacances se terminent et le professeur doit quitter l'Italie. Les parents suggèrent à leur fils d'accompagner Oliver à Bergame, leur dernier séjour d'adieu. Ils vivent le temps le plus fort et le plus fou de leur liaison jusqu'à rendre Elio malade de trop de bonheur. Revenu chez lui, son père lui avoue qu'il a compris cette relation amoureuse : "parce que c'était lui, parce que c'était moi" d'après Montaigne. Plusieurs jours après leur séparation, Oliver appelle Elio pour lui annoncer son mariage aux Etats Unis... La dernière image du jeune homme en pleurs, (interprété par le prodigieux Timothée Chalamet), symbolise la fulgurance d'un amour perdu, un souvenir cruel,  mais lumineux, vécu comme une initiation, une éducation sentimentale pendant un été en Italie du Nord dans une belle maison de famille... Un film romantique, sensuel, proustien et tellement italien... A voir, absolument. 

dimanche 4 mars 2018

Atelier Lectures, 4

Je poursuis donc l'évocation des coups de cœur avec Evelyne qui a beaucoup aimé le roman de Philippe Grimbert, "Un secret". Le cinéma s'est emparé du livre pour une adaptation très réussie. Le narrateur s'invente un frère aîné, plus beau, plus fort devant ses copains. Un jour, il découvre la vérité sur cette famille complexe qu'il veut reconstituer. C'était le temps de l'Holocauste et des millions de disparus qu'une chape de plomb a étouffés. Un secret de famille taraude le narrateur et il vaut mieux lire ce roman émouvant pour découvrir le secret terrible de son histoire familiale. Le roman a obtenu le prix Goncourt en 2004. Régine a lu un des deux documentaires de la liste, celui de Serge Tisseron, "Les secrets de famille". L'auteur, psychanalyste et psychiatre, s'appuie sur des cas concrets qu'il reçoit dans son cabinet. Il établit une différence entre le secret relationnel (avec un s minuscule) qui va s'amenuiser au fil du temps et le secret psychique (avec un S majuscule) qui va perdurer inchangé tout au long de sa vie. Régine précise aussi dans son exposé que des mécanismes permettent de les mettre hors jeu : se protéger soi et les siens, oublier, se reconstruire. Un secret de famille se définit par le non-dit, l'interdit de savoir, l'événement douloureux. Selon Serge Tisseron, la vérité n'est pas thérapeutique, mais les secrets sont pathogènes. Les notes de Régine m'ont été précieuses pour rendre encore plus abordable la lecture de ce "que sais-je ?" qu'elle a trouvé particulièrement passionnant. Janelou a choisi l'essai de François Vigouroux, "Le secret de famille", édité dans la collection Pluriel de Hachette. Cet ouvrage est constitué de douze récits portant sur le secret de filiation. Ces histoires vraies parlent de désirs, de forces inconscientes, d'arbre généalogique, d'amour et de haine. L'auteur, psychologue et écrivain, rappelle l'implacable répétition des incestes, ces crimes souvent cachés et impunis. La vie de famille se vit alors comme un traumatisme qui se transmet de génération en génération. Un livre qui se lit comme une enquête policière, publié en l'an 2000 et qui n'a pas pris une ride. Je donne rendez vous à mes amies lectrices le jeudi 5 avril avec les coups de cœur et des romans sur les tourments de l'adolescence...

vendredi 2 mars 2018

Atelier Lectures, 3

J'avais donc proposé le thème du secret pour la deuxième partie de l'atelier. Tous les livres sélectionnés devaient porter le mot "secret" et ce choix oulipien m'amusait beaucoup. Sylvie a fait l'école buissonnière (ce qui lui ressemble beaucoup) avec un titre hors liste, une nouveauté de ce début d'année, "Les rêveurs" de la comédienne Isabelle Carré. Comme cet ouvrage évoque un secret de famille, il avait toute sa place dans l'atelier. La narratrice utilise des carnets composés dans sa jeunesse pour raconter sa famille plus qu'originale. Une mère aristocrate, un père d'origine modeste, deux frères forment un clan atypique. Dans ce texte autofictif, la comédienne ne cherche pas à vérifier les événements du passé et révèle avec pudeur et simplicité l'homosexualité de son père, la dépression de sa mère, sa propre tentative de suicide. Ces secrets de famille pourtant lourds n'empêchent pas la jeune femme de vivre et de réussir sa vie de comédienne.  Un beau récit délicat et émouvant, selon Sylvie. Annette, Marie et Régine ont lu "Brûlant secret" de Stefan Zweig. Ce roman assez court a conquis l'adhésion des lectrices sans aucune réserve. Un jeune garçon et sa mère s'installent dans un hôtel situé dans une ville thermale. Un baron cynique et séducteur veut vivre une aventure amoureuse le temps de son séjour dans cette ville ennuyeuse.  Ce prédateur choisit cette femme seule en devenant ami avec son fils qui éprouve un enthousiasme immédiat envers lui. Mais, il va se rendre compte du subterfuge en constatant l'hypocrisie du baron qui n'a qu'une idée : séduire sa mère. Le garçon cherche à comprendre ce jeu bizarre de la séduction entre deux adultes qui se cachent et se dérobent sans cesse. Ce "brûlant secret" ressemblerait-il à cet étrange relation entre sa mère esseulée et ce baron donjuanesque ? Ce roman psychologique montre les relations conflictuelles entre une mère et son fils. Ils finiront par partager un vrai secret qui scellera leur complicité. Un régal de lecture du grand écrivain autrichien, Stefan Zweig, archéologue de l'esprit humain comme son ami, Sigmund Freud. Janine a choisi "Le secret" d'Ann Enquist, une écrivaine subtile qui nous vient des Pays Bas. Son roman dresse le portrait sensible d'une femme, pianiste soliste de métier. Quel est donc le secret de Dora ? Elle dévoilera son secret concernant sa naissance à la fin du roman... Un très beau roman de cette écrivaine néerlandaise psychanalyste et musicienne.  La suite, lundi.

jeudi 1 mars 2018

Atelier Lectures, 2

Je poursuis le compte rendu des coups de cœur avec Véronique qui a choisi le récit autobiographique de Philippe Labro, "Ma mère, cette inconnue", publié chez Gallimard. L'écrivain rend hommage à sa mère Netka et il se penche sur ses origines un peu mystérieuses car, elle est née d'un aristocrate polonais. Cette femme forte et courageuse a vécu une enfance chaotique et Philippe Labro mène une enquête sur cette "inconnue". Ce récit délicat et émouvant a conquis le cœur de Véronique. Dany a découvert avec beaucoup d'intérêt Paul Auster et sa "Chronique d'hiver", publiée chez Actes Sud. Si l'on n'a jamais lu ce grand écrivain américain, ce récit autobiographique très original permet une très bonne introduction pour apprécier son œuvre. A soixante quatre ans, il raconte, en utilisant le tutoiement, les sensations de son corps, les événements de sa vie (sa mère décédée), l'histoire de son couple avec sa femme Siri Hustvedt, son amour du base-ball et de la littérature. Cet autoportrait sans concession et sans complaisance étonne par sa franchise et son honnêteté. Un ouvrage majeur d'une intimité fascinante, une leçon de vie, signée Paul Auster. Je termine l'évocation des coups de cœur avec Geneviève qui nous a réservé une surprise. Elle nous a distribué un poème sur les vertus du vin et il fallait deviner le nom de l'auteur... Mission impossible ! Quand elle a pris la parole pour présenter son coup de cœur, elle a décliné le créateur du poème : Benjamin Franklin (1706-1790). Ce simple ouvrier imprimeur est devenu l'un des scientifiques les plus réputés de son temps (il a inventé le paratonnerre), père fondateur de la nation américaine, apôtre du progrès et de la liberté. Ses conseils facétieux pour choisir une maîtresse (il la préfère vieille) montrent un auteur décapant, irrévérencieux et d'une drôlerie inhabituelle pour un homme des "temps anciens". Geneviève a aussi présenté un recueil de nouvelles de Dino Buzzati (1906-1972), "Bestiaire magique", publié chez Laffont. Cet écrivain italien intègre les animaux dans son univers au même titre que la nature. "Ce bestiaire magique" montre surtout les failles des humains, leurs angoisses et leurs espoirs aussi.  Les coups de cœur de février deviendront, je l'espère, des coups de cœur de l'année. Ces deux heures de paroles au sein de l'atelier Lectures servent la "noble et magnifique cause des livres et de la littérature"...