mercredi 4 septembre 2013

"La mutation de l'animal lecteur"

Ce titre original d'un article de Télérama du 21 août a attiré mon attention. Je me sens tellement impliquée dans le milieu du livre et de la lecture que, dès que je lis des informations sociologiques sur l'acte de lecture, ma curiosité s'amplifie au fil des mots. Cet très bon article de Nathalie Crom offre une synthèse sur cette "mutation de l'animal lecteur" c'est à dire les lecteur(trice)s dans leur ensemble. Ce terme d'"animal lecteur" est tiré d'une citation d'Alberto Manguel, ce grand historien de la lecture : "Je crois que nous sommes, dans l'âme, des animaux lecteurs et que l'art de lire, au sens le plus large, définit notre espèce". Les sociologues notent que la lecture de l'écrit recule en général, surtout du côté de la jeunesse, accaparée par la fascination des écrans multiples (télé, internet, SMS, etc.). La lecture s'est transformée en lectures plurielles, sur papier et sur supports numériques. On est donc dans une mutation globale. Les grands lecteurs (20 livres par an) sont passés de 28% en 1973 à 16% en 2008.  Il ne faut pas désespérer, nous sommes encore là, les grands lecteurs et grandes lectrices surtout... L'article nous apprend aussi que l'acte de lire demande du temps lent, du silence rare, de la solitude salutaire et de la disponibilité intellectuelle (sources dans "La cause des livres" de Mona Ozouf). Or, ces conditions nécessaires ne coïncident pas avec le tempo d'aujourd'hui : rapide, fluctuant, zappant, fragmenté, superficiel et bruyant. Déclin ou pas de la lecture ? Non, pour les formes nouvelles de la lecture sur écrans divers, oui, pour la lecture dite "littéraire" des grandes œuvres classiques qui exigent efforts et temps long. Les spécialistes soulignent donc cette mutation contemporaine, une évolution que l'on ne peut plus stopper. Par bonheur, il reste encore des "irréductibles", des résistants pour découvrir des grands textes, des grands romans, de la poésie, et j'en fais partie !