mercredi 30 juin 2010

Voyage en Grèce

Je prépare un voyage en Grèce pour fêter mon départ à la retraite. Au moment de faire les valises, je me demande toujours : que vais-je lire pendant ce séjour ? J'ai donc acheté un guide très illustré sur Athènes et le Péloponnèse car je pense visiter Corinthe, Epidaure et Mycènes si le temps le permet et si la chaleur n'est pas trop suffocante. De toutes façons, je vais au bord de la mer Egée et espère profiter de cet espace béni des dieux grecs le mieux possible. Pour me familiariser avec la Grèce, j'ai pris dans ma valise un ouvrage de Jacqueline de Romilly, "Pourquoi la Grèce ?" et un de Nicole Loraux, "La Grèce au féminin" aux Editions Les Belles Lettres. J'ai un besoin typique et peut-être dérisoire de "bibliothécaire" de me "cultiver", de me renseigner et de me baigner dans l'atmosphère "historique", je dirais, "antique" du pays car je suis émerveillée par la culture grecque. Je vais interrompre mon blog pour une quinzaine de jours, car j'ai besoin de "souffler" et de changer de décor après la fin d'un cycle lié à la vie professionnelle. Cet été, je prendrai le temps d'écrire sur les écrivains que j'aime tout particulièrement et je leur rendrai un hommage appuyé.
Je vais mettre aussi vendredi un abécédaire-bilan de ma vie de "bibliothécaire",
à vendredi...

dimanche 27 juin 2010

Abécédaire professionnel

Je quitte la bibliothèque ce vendredi et pour marquer l'événement, je propose cet abécédaire pour relater les faits marquants de ma carrière :

A comme Animation culturelle : souvenirs intenses liés aux actions culturelles : expositions d'artistes, rencontres avec des écrivains, colloques sur la mémoire et l'art, sorties avec des scolaires (musée d'art,palais de l'Europe à Strasbourg), ateliers d'écriture, tous ces moments conviviaux et euphoriques ont rythmé ma vie de bibliothécaire... et je ne me suis jamais ennuyée !

B comme Bibliothécaire : j'étais libraire avant de devenir bibliothécaire car je suis née dans le papier : ma mère m' a raconté que j'avais avalé du papier journal à l'âge de 2 ans ! Le métier de bibliothécaire était pour moi un destin tout tracé. Je pense que j'aurais pu être un scribe femme dans l'Antiquité ; ce métier m'aurait passionnée !

C comme Constructions de bibliothèques : dans ma carrière, j'ai donc piloté trois constructions à Eybens, Tarare et La Tour du Pin, au total 2 500 mètres carrés, des milliers de livres achetés et prêtés, des milliers de lecteurs rencontrés petits et grands. Je me souviens de la phrase de Borgès "Quand je rêvais de la Terre promise, c'est une bibliothèque que je voyais".

D comme Documentation numérique : la découverte la plus surprenante de ma carrière, un clic de souris et voilà les poèmes numérisés de Nerval sur Gallica, je peux feuilleter des revues de littérature, parcourir des articles de presse, bref , un monde de mots à la portée de main et à tous moments, une révolution documentaire qui bouleverse les pratiques professionnelles. Mais n'oublions pas nos modestes compagnons de papier et j'aime ce cri de Umberto Eco : "N'espèrez pas vous débarrasser des livres !"

E comme Ecriture : j'ai beaucoup apprécié l'atelier d'écriture avec Mylène et j'ai découvert le talent extraordinaire des participants qui composaient des textes très originaux ! C'est très important d'écrire et de savoir formuler ses pensées et idées. Cet atelier organisé sur 3 années universitaires restera pour moi un excellent souvenir.

F comme Festival du Premier Roman, le comité Campus m'a permis de rencontrer des étudiantes et quelquefois des étudiants, amoureux de littérature et, hélàs, ils ne sont majoritaires au sein de l'Université !

G comme Générosité : une des valeurs pour le service public : toujours se plier en quatre pour aider les lecteurs dans ce labyrinthe intellectuel souvent incompréhensible pour les non-pratiquants de la bibliothéconomie !

H comme horaires : une des très grandes différences entre les bibliothèques municipales et les bibliothèques universitaires se trouve dans l'amplitude des horaires de 8h à 19h tous les jours sauf le samedi ! Palme d'or de l'accueil du public aux BU c'est à dire 53 h par semaine,une utopie pour la lecture publique, une réalité pour les BU !

I comme Ignorance : les métiers du livre et de l'enseignement existent et existeront toujours jusqu'à la fin des temps pour lutter contre l'ignorance, véritable plaie sociale. Rien que de voir toutes ces rangées de livres et de revues, le savoir se diffuse dans votre tête comme un délicieux parfum d'oranger ! Il faut donc tout simplement s'assoir dans une bibliothèque et vous devenez "intelligent"... enfin il faut quand même faire des efforts !

J comme Jeunesse : j'ai vu passer des milliers d'étudiants depuis sept ans et regarder tous ces jeunes étudier me remplissait de satisfaction !


K comme Kafka : l'université comme monde administratif quelque peu kafkaïen : les CEVU, CS, SUAPS, SUUMPS, SCD, CTP, CAP, ASCUS, etc. alors j'ai raison non ?


L comme littérature : ma passion avant tout, mon fil conducteur pour exercer mon métier de libraire et de bibliothécaire... Si tu ne lis pas en BM, comment faire pour conseiller les lecteurs ? La littérature a déclenché en moi cette envie de faire partager ce bonheur singulier et intense d'aimer les livres, les idées, la vie.

M comme Magasiniers : j'ai donc essayé de travailler avec des magasiniers pendant sept ans, sept ans d'encadrement quelquefois délicat avec certains d'entre eux et souvent harmonieux avec d'autres. C'était une mission d'autorité mais teintée de diplomatie que j'ai essayée d'assumer malgré quelques turbulences...

N comme Normes : ah les normes du catalogage ! En lecture publique aucun problème, les normes sont allégées. En BU, cela se complique beaucoup : les normes forment un système implacable : malheur à toi si tu prends des chemins buissonniers. La règle fait loi et tous les BAS (Bibliothécaires adjoints spécialisés) doivent la respecter ! J'avoue que ce ne fut pas une de mes tâches préférées, mais je comprends que le monde bibliothéconomique doit être rigoureux sinon quel désordre dans les catalogues !

O comme Ordinateurs, le compagnon préféré des bibliothécaires qui a remplacé les fichiers en bois et les relations simplement humaines. La messagerie a bousculé notre pratique professionnelle et cette dimension technologique a changé nos relations. .. J'avoue faire de la résistance de temps en temps et je me demande comment certains collègues pourraient revenir à l'époque où il n'existait ni ordinateur, ni web, , ni téléphone portable ! On semblait survivre sans tous ces outils tellement indispensables aujourd'hui !


P comme Plannings : chargée des plannings des bibliothécaires, j'ai organisé l'accueil du public et je remercie toutes mes collègues d'avoir joué "collectif" pendant les sept ans de plannings... Les absents étaient remplacés sans problème.Cette équipe soudée a joué avec fair-play ! Comme j'adore le rugby, j'ai retrouvé cet esprit rugby dans mon équipe de bibliothécaires ! Merci et Bravo !


Q comme Question : je crois que dans la vie professionnelle, il faut se remettre en question et trouver des ressources permanentes pour se renouveler et avancer.

R comme Récolement : une semaine intense de travaux divers, une épreuve initiatique, un rite de bibliothèque universitaire...

S comme Service Public ! ma mission principale à la bibliothèque, comment faire en sorte que les étudiants et les enseignants fréquentent la bibliothèque avec satisfaction et voire bonheur ! Une obsession, une mission prioritaire : une bibliothèque sans public sera-elle un jour le modèle à suivre ? Je préfère le lieu physique, les collections sur des rayonnages, des tables et des chaises, des fauteuils confortables. Quand j'étais responsable des bibliothèques publiques, j'accrochais souvent des photos d'écrivains, des citations, des posters d'art. La Bibliothèque comme sa seconde maison, comme sa résidence secondaire, comme son bateau ivre, comme son nid douillet ! Voilà comme je vois le Service Public : un état d'esprit et un lieu ouvert à tous.

T comme Tarare ou le poste qui reste pour moi le summum de ma carrière. A l'époque,un maire me confie la construction d'une médiathèque de 1200 mètres carrés. A mon arrivée, un désert vide de connaissances ! A mon départ, un temple de la culture ! Je suivais le chantier tous les jours et j'ai connu à Tarare l'ivresse du bâtisseur. Et à La Tour du Pin, la mairie m'a installée dans un local de la piscine municipale, j'avais un hublot et les ados plongeaint pour me faire un coucou amical !
J'ai transformé une usine qui fabriquait des chemises des soldats en 14-18 en médiathèque intercommunale.

U comme Université : Je suis fière d'avoir travaillé au sein de notre belle université de Savoie et j'avoue que son destin à venir m'intéresse et je pense assister à quelques cours de littérature en auditrice libre : vous n'allez pas vous débarrasser de moi comme ça !

V comme Vacances ! Ma dispo avant la retraite à soixante ans,c'est six mois de vacances depuis que je travaille (4 ans d'étude et 36 ans de travail) Je vais réapprendre la lenteur, la disponibilité, le repos et le loisir. Prendre soin de mes proches constituera ma mission principale !

W comme WEB

X comme je n'ai pas trouvé !

Y comme Youpi ! j'ai fini et

Z comme Zut, je vous quitte avec regrets car j'ai aimé ce travail et il faut que je laisse la place aux jeunes, qui j'espère, poursuivront cette tâche indispensable d'animer la bibliothèque de lui donner cet aura de lieu intelligent, ouvert à tous et profondément éducatif. Dans le cadre de la rigueur budgétaire des années à venir, souhaitons que les bibliothèques survivent et constituent un projet collectif du "vivre ensemble". On ne ferme pas une école, et on ne fermera pas les bibliothèques et on n'a jamais vu l'entrée du paradis refusée aux amateurs du savoir et de culture...

Au revoir et merci pour ces sept années passées avec vous tous !

samedi 26 juin 2010

Stefan Zweig

Je suis systématiquement attirée par des romans qui relatent la vie des écrivains. Ces objets romanesques ressemblent à des biographies commentées. J'ai donc emprunté à la bibliothèque un livre de Laurent Seksik :"Les derniers jours de Stefan Zweig" qui raconte l'histoire de la fin de la vie de Stefan Zweig, écrivain qui rencontre encore aujourd'hui un grand succès. Ce livre dégage avec efficacité la drôle d'ambiance qui régnait en 1942 dans la diaspora juive et dans l'intellingentsia européenne, et nous retrace le destin des écrivains ayant fui le nazisme en se réfugiant aux Etats-Unis et en Amérique du Sud comme Stefan Zweig, Jules Romains, Georges Bernanos, Roger Caillois, et tant d'autres. Cette époque des années 1930 à 1945 est autrement plus sombre et tragique que celle d'aujourd'hui que je trouve burlesque (ah, nos hommes et femmes politiques se couvrent de ridicule avec l'épisode de l'équipe de France, et avec les aventures quelque peu pitoyables de cigares payés par l'argent du contribuable). Si Stefan Zweig revenait de son paradis des écrivains, je pense qu'il trouverait notre monde plus que vulgaire et sans idéal !
Je voulais signaler ce roman documentaire sur le destin tragique de Zweig qui finit par se suicider totalemant désespéré par la guerre et la disparition d'un monde ancien, celui des années 2O de la Mitteleuropa. Entrez dans l'oeuvre délicate et raffinée de Zweig et si vous avez le temps, lisez ou redécouvrez :
"La Confusion des sentiments", 1926
"Vingt-quatre Heures de la vie d'une femme" 1929
"Le voyage dans le passé" (1929-1976)
"La Pitié dangereuse" 1939
"Brûlant Secret" 1945

jeudi 24 juin 2010

Jorge Semprun

Je lis comme chaque mois la revue "Philosophie magazine", et ce mois-ci, j'ai porté mon attention sur un article consacré à Jorge Semprun qui vient d'écrire "Une tombe auprès des nuages. Essais sur l'Europe d'hier et d'aujourd'hui." (Climats, 2010. Il regrette que l'Europe soit en panne politiquement et qu'il est temps de reconstruire une figure européenne "spirituelle". Cet article est frappant de lucidité et de pessimisme salutaire. Il y a un extrait qui m'a touchée en définissant un chez soi européen : "Lorsque je me retrouve dans une ville avec, si possible, un fleuve,quelques musées à la portée de la main, des bibliothèques et des cafés, je suis, sans le moindre doute, chez moi." Il est rare que l'on fasse l'éloge des bibliothèques mais cela ne m'étonne pas de Jorge Semprun, écrivain que j'admire et respecte pour son parcours intellectuel et littéraire. Ces romans "autobiographiques" sont absolument à lire : "Le grand voyage" et "L'écriture ou la vie". J'en reparlerai dans mon blog après avoir lu son livre sur l'Europe.

lundi 21 juin 2010

Un Noël en famille de Jennifer Johnston

Je lis beaucoup de littérature écrite par les femmes, on peut dire littérature féminine mais l'heure n'est plus au féminisme crispé et revendicatif. Certaines filles et femmes de ma génération ont lutté à Paris et en province pour conquérir des droits qui sont maintenant inscrits dans la loi ! A cette époque, on ne lisait que des livres écrits par des femmes : Marie Cardinal, Benoîte Groult, Hélène Cixous, Annie Leclerc, des écrivaines éditées aux Editions des Femmes, et les grandes américaines comme Kate Millet par exemple. Après, vient le temps de la rencontre avec des voix singulières, l'une d'entre elles est Jennifer Johnston. J'ai lu tous ces romans (elle est irlandaise) et sa petite musique résonne toujours autant.
Je reprends des éléments du résumé de la couverture du livre : "Ce livre est un roman aussi poignant que délicat sur les liens familiaux, l'amour et le temps qui passe. Lorsque, après un terrible accident de voiture, Henry, la cinquantaine, se réveille sur son lit d'hôpital, il ne peut se rappeler ce qui l'a conduit là. Très mal en point, il a du mal à situer ceux qui défilent à son chevet : est-il encore marié à cette femme très autoritaire ? N'était-il pas fâché avec sa fille ? Son fils lui cacherait-il quelque chose ? Son frère serait-il revenu du Canada ? Que devient sa mère, artiste excentrique et déboussolée ? Et qui est Jeremy, ce très bel homme qui le veille nuit et jour ? Au fur et à mesure que son corps se répare, ses souvenirs reviennent, et avec eux ces sentiments d'inadéquation, d'insécurité, d'urgence, qui ont fait tant de tort aux siens.Il faudra encore un peu de temps, un événement dramatique et la magie d'un soir de Noël pour que Henry parvienne enfin à renouer les liens distendus avec sa famille..."
Cet écrivain subtil et si féminin n'est pas connu du grand public... Alors, pendant les vacances, découvrez-là : vous ne serez pas déçus !

samedi 19 juin 2010

Saramago, prix Nobel de littérature

Chaque fois qu'un écrivain disparaît, je suis triste de perdre un membre éminent de la société humaine qui pense et écrit. Comme j'aime le Portugal et en particulier Lisbonne, la littérature portugaise m'intéresse beaucoup et évidemment, j'ai lu Lidia Jorge, une grande dame des lettres portugaises sans oublier l'immense et admirable Pessoa. Je me souviens surtout de Saramago à travers un roman très attachant "La caverne" qui décrit le désarroi d'un modeste potier qui ne vend plus rien et qui symbolise la fin de l'artisanat et le début d'un monde complétement automatisé dans la fabrication des objets. Ce livre m'avait touchée par son humanité, la description d'un monde moderne impitoyable pour les sans-grades.Saramago, issu d'une famille modeste du sud du Portugal, a abandonné lui-même ses études pour entrer dans une école professionnelle dont il sortira avec un diplôme de serrurier ! Cela ne l'a pas empêché d'obtenir en 1998 le prix Nobel de littérature.
Je voulais rendre un hommage à ce sage de la littérature et en ces temps troubles de l'actualité(cynisme et corruption du monde footballistique, attaque de nos acquis sociaux et météo chagrineuse). Et je lirai cet été le dernier roman de José Saramago...

vendredi 18 juin 2010

La tête en friches

J'ai vu le film de Jean Becker, "La tête en friches" et bien que je ne mentionne pas les films que j'aime (je vais le faire aussi, maintenant), je me dois de raconter cette histoire simple, délicate et émouvante. Germain,(tiens, tiens !) 45 ans, quasi analphabète, vit sa vie tranquille entre ses potes de bistrot, sa copine Annette, son jardin potager et sa mère complètement folle avec laquelle les rapports sont très conflictuels. Né de père inconnu, et considéré comme un idiot à l'école primaire, il n'a jamais lu et sait à peine écrire, il est resté " en friche ".
Un jour, au parc, il fait la connaissance de Margueritte, une très vieille dame. Elle vit seule, à présent, en maison de retraite. Entre Germain et Margueritte va se nouer une vraie complicité tendre et filiale...
Ce film fait enfin l'apologie (une défense authentique et passéiste diraient certains blasés) de la lecture, un hommage appuyé à la libération que provoque la lecture de livres ! Défilent Albert Camus et "sa peste", Romain Gary et "sa Promesse de l'aube", Jules Supervielle et "son enfant de la haute mer". Ce film est un bol d'air que certains trouveront trop primaire, lourdingue (comme Depardieu, ah la dictature des maigres !))sans falbalas hyperbranchés style Avatar. Ces spectateurs-là ne doivent surtout pas aller le voir. Ce film est réservé aux gens "pas à la mode", aux débranchés de l'hypermodernité individualiste et friquée, aux adultes en mal d'enfance, aux généreux qui s'occupent de leur "vieux" et qui sont moqués par ceux qui ne pensent qu'à leur propre confort personnel... C'est la culture qui fait réfléchir, c'est l'amour des mots et des idées qui rend heureux ! Le film finit bien : quelle erreur pour les amateurs du malheur ! Le bonheur n'est pas à la mode aujourd'hui et je me souviens d'une phrase de Camus qui disait "il n'y a pas de honte à préférer le bonheur". Ce film est un vrai petit bonheur !

mardi 15 juin 2010

François Maspéro, un honnête homme

Je feuillette de temps en temps ma collection de la revue Le Magazine littéraire et hier, j'ai lu un interview de François Maspéro, dans une revue consacrée à Stefan Zweig (je reviendrai sur cet écrivain singulier). Maspéro, les éditions Maspéro que j'ai beaucoup vendues quand j'étais libraire dans les années 76-81 (les lecteurs acheteurs venaient même d'Espagne !!!). Et quand François Maspéro a quitté son métier d'éditeur, il a commencé à devenir écrivain et traducteur.
Je vous livre l'article de Wikipédia que j'ai résumé :
"L'adolescence de François Maspero est marquée par l'engagement de sa famille dans la Résistance. Son père, Henri Maspero, sinologue et professeur au Collège de France, est arrêté en 1944 et meurt au camp de concentration de Buchenwald. Son frère est tué au combat en 1944. Sa mère, auteur d'études sur la Révolution française, est déportée. Il crée, en 1959, en pleine guerre d'Algérie, les Éditions Maspero, engagées à gauche. Maspero se consacre à l'édition jusqu'au début des années 1980. À cinquante ans, il quitte ses éditions qui prennent le nom de La Découverte.À partir de 1984, François Maspero se consacre à l'écriture et publie Le Sourire du chat, roman autobiographique. Le suivant, Le Figuier, couvre la période 1960-1967, évoquant l'ambiance de la guerre d'Algérie et l'engagement dans les mouvements de libération d'Amérique latine. En 1989, il fait avec la photographe Anaïk Frantz un « voyage au long cours » sur la ligne B du RER parisien, Les Passagers du Roissy-Express. En 1995, Balkans-transit, en compagnie du photographe Klavdij Sluban, résume cinq ans de voyages entre la Mer Adriatique et la Mer Noire.
Dans le même temps, il traduit plusieurs auteurs en langue française, notamment John Reed, Alvaro Mutis, Jesus Diaz, Joseph Conrad ou Arturo Pérez-Reverte."
François Maspéro fait partie de ma galaxie d'écrivains que je suis à la "trace". Cet écrivain-traducteur très discret n'ennuie jamais son lecteur, bien au contraire, on aurait envie de le rencontrer dans la vie, partager un bon repas et parler des heures entières avec lui. Cette relation ressemble à une amitié ininterrompue depuis 1980. Je conseille à ceux qui ne l'ont pas lu les deux derniers ouvrages :
* L'Ombre d'une photographe, Gerda Taro, 2006.
* Des saisons au bord de la mer, roman, Seuil, 2009.

vendredi 11 juin 2010

Le dernier Boyd

je lis en ce moment le dernier roman de William Boyd : "Orages ordinaires" et comme on dit dans mon pays d'origine "je me régale" ! C'est un sacré conteur, William Boyd et pour ceux qui ne l'ont pas encore lu, précipitez vous dans une librairie ou une bibliothèque et lisez même les titres anciens comme "à livre ouvert" et "La vie aux aguets". Cet écrivain anglais très célèbre dans le milieu littéraire a pris un pari risqué : il n'ennuie jamais ses lecteurs et les balade dans des aventures incroyables et crédibles, à la limite du roman policier, du roman de satire sociale et du romanesque pur. Et la qualité de son écriture (traduite) épouse à merveille les péripéties des personnages. Il n'y a aucune facilité pour plaire, ni aucune vulgarité dans les pages du roman qui allie l'humour au pathétique. Dès les premières pages, on s'attache à ce personnage, Adam Kindred, à la recherche d'un poste universitaire et qui se laisse embarquer à ses dépens dans une histoire de secret pharmaceutique. Il devient SDF pour échapper à la traque et son Londres déglingué, mondialisé, ressemble à du Dickens ! Je ne dirai pas la fin, n'ayant pas terminé mais retenez bien ce titre pour vos vacances d'été : vous ne serez pas déçu !

jeudi 10 juin 2010

Nerval, classique éternel

J'ai une tendresse particulière pour Nerval, Gérard de Nerval, poète romantique sans aucune mièvrerie (je n'aime pas du tout la grandiloquence de Lamartine, de Victor Hugo par exemple...)
C'est dommage que Nerval ne soit plus étudié au lycée, ni même à l'université où je travaille. Pour l'aborder, il faut surtout lire, "les Chimères", poésie assez hermétique mais compréhensible et il faut se plonger dans son recueil merveilleux "Les Filles du feu". Ce recueil, paru en 1854,se compose de huit nouvelles : Angélique, Sylvie, Chansons et légendes du Valois, Jemmy, Octavie, Isis, Corilla, Emilie, et d'un ensemble de douze sonnets placés à la fin du recueil : Les Chimères.
Sylvie est la nouvelle qui m'a marquée quand j'étais en licence de lettres en 1973 (j'avais même obtenu une très bonne note!!!), car elle a déposé dans ma mémoire une trace d'un souvenir charmant et délicat préfigurant l'ambiance du Grand Meaulnes. Nerval recherche le bonheur du passé, les souvenirs de l'enfance, les amours perdus, la magie du rêve face à la dure réalité et quelle langue française ! Et le portrait de ces femmes volontaires, farouches, fuyantes, loin des clichés féminins m'avait frappée par un anticonformisme salutaire. Sa vie tragique et son basculement dans la folie en font un personnage littéraire complètement romanesque. Quand il se suicidera, il notera sur un billet "La nuit sera blanche et noire", derniers mots mystérieux de ce grand poète français.
J'ai mis dans mon programme de relectures, pour ma retraite qui s'annonce, en première place ce recueil de Nerval : la lecture de ma jeunesse va-t-elle coïncider avec celle d'aujourd'hui ? Je crois qu'il faut relire les classiques, 40 ans après les avoir lus et je suis sûre que l'effet sur soi doit être très différent. Et si je contemple toutes les oeuvres classiques à re-découvrir, j'en éprouve un vertige délicieux !

mardi 8 juin 2010

Antigone

Mon fils m'a raconté hier au soir sa découverte au collège de la mythologie grecque et latine... Son professeur de français, latiniste et helléniste, leur a donné à lire Antigone, pièce de théâtre de Jean Anouilh. Cette pièce au programme de 3ème me semble une très bonne initiative et j'ai des souvenirs très précis quand j'avais abordé au lycée ce personnage magnifique de la mythologie grecque (la première femme qui se révolte, qui ose défier l'autorité temporelle, qui préfère la mort que l'obéissance). J'avais même fait un exposé devant ma classe et obtenu une très bonne note (18 !)... Donc, je suis heureuse de voir que cet héritage classique perdure dans l'enseignement du français. Mon fils qui, hélàs, n'est pas un passionné de lectures a trouvé le cours passionnant et nous a raconté le mythe d'Oedipe comme une saison de Lost ! Quel réconfort et quel miracle ! Heureusement que les professeurs de français persévèrent pour inculquer à nos chers ados ces notions de culture et de civilisation antique tellement enrichissantes pour l'imaginaire ! Bravo à la prof de français de mon fils !!!!

lundi 7 juin 2010

La ferme des Neshov, tome 2

J'avais parlé d'un roman traduit du norvégien, "La terre des mensonges", saga familiale de Ann B. Ragde. C'était l'histoire de trois frères que tout sépare et se retrouvent dans la ferme familiale à la mort de leur mère. Dans le tome 2, j'ai retrouvé avec plaisir les membres de cette famille où un secret était enfin dévoilé à la fin du tome 1. Tous sont confrontés à un moment de leur vie où ils doivent faire un choix important. Tor, l'aîné, doit se décider : poursuivre son élevage de porcs ou laisser sa fille reprendre la ferme et quitter alors sa vie d'assistante vétérinaire à Oslo. Que va devenir la ferme des Neshov ? Arriveront-ils à surmonter leur différence pour recréer des liens familiaux mis à rude épreuve depuis si longtemps ? Chagrin et douleur se mêlent à l'humour, la chaleur et l'amour. Cette saga apporte aux lecteurs un air de là-haut, la Scandinavie, frais et très moderne dans le portrait de ces frères si différents et très maladroits dans leur façon de former une "famille"...
Je me disais que cette saga doit se poursuivre et être adaptée à l'écran : cela ferait une saison norvégienne captivante !

Citation pour démarrer la semaine

De Georges-Arthur Goldschmidt : "Il y a des livres qui tiennent au creux de la main et rien n'est plus étonnant que l'incongruité de ces objets si totalement sans rapport avec leur contenu, ça ne paye pas de mine et ça peut renverser des mondes."

vendredi 4 juin 2010

Les mains rouges

J'ai lu le dernier roman de Jens Christian Grondahl, écrivain danois qui a déjà publié cinq romans lus eux aussi en leur temps : "Silence en octobre", "Bruits du coeur", "Virginia", "Sous un autre jour", "Piazza Bucarest". Il existe dans mes choix de lecture le suivi des romans d'une bonne cinquantaine d'écrivains que j'aime tout particulièrement. Je pourrais les baptiser de : "mon écurie littéraire" et Grondahl ne m'a jamais déçue ! Son dernier livre raconte le destin d'une jeune femme, qui en 1977, croise le destin d'un étudiant. Cette femme va le solliciter pour un hébergement provisoire et va lui confier une clé de consigne. On apprendra qu'elle est liée à un couple de terroristes sans trop s'en rendre compte et elle disparaît subitement sans laisser de traces. Or, un jour, notre étudiant la retrouve et je n'en dis pas plus ! Cet écrivain traduit à merveille les errements de la personnalité, les passés lourds à porter et les difficultés à renaître malgré des erreurs dits de jeunesse. Ce roman mêle la petite histoire à la grande, surtout dans les années 70 et 80. J'attends son roman suivant qui sera lui aussi une grande réussite !

jeudi 3 juin 2010

Jean-Baptiste Del Amo

En 2009, j'ai reçu à la bibliothèque (où je travaille encore pour un mois !) un écrivain "naissant" : j'emploie cet adjectif pour qualifier un jeune auteur qui participait au Festival du Premier Roman de Chambéry. Il se nomme Jean-Baptiste Del Amo et je peux vous dire que j'ai rarement rencontré un jeune homme de cette envergure dans les six années où j'ai animé et suivi les rencontres avec les auteurs sélectionnés par les groupes de lecture de Chambéry (Lycéens, étudiants, adultes). J'avais donc lu son premier roman "Une éducation libertine" aux éditions Gallimard avec un plaisir énorme et j'étais "bluffée" par son style, le "déroulé" du roman avec un personnage décalé et maudit qui se prostitue dans le Paris du XVIIIème siècle. Les odeurs de ce Paris fantastique devenaient un fil conducteur ainsi que les pérégrinations du personnage central voulant à tout prix devenir "noble", lui, le roturier et misérable de naissance. Ce roman est sorti en poche en folio (c'est rare d'éditer des premiers romans en poche !). J'attendais son deuxième roman et j'ai remarqué une nouvelle de lui "Le sel", publié dans l'excellente revue française (NRF) du mois d'avril 2010. Ce n'était pas une nouvelle mais un extrait de son deuxième roman qui sortira en septembre et j'ai dévoré ces 20 premières pages ! Décidément, ce jeune homme a un talent fou et j'espère qu'il comptera dans le panorama actuel de la littérature française !!!!

mardi 1 juin 2010

Eloge de la lenteur

Dans ma bibliothèque privée, je conserve des livres lus il y a un certain temps et que je réserve pour ma "retraite" afin de les relire. J'ai anticipé cet acte en relisant l'ouvrage de Pierre Sansot : "Du bon usage de la lenteur" aux éditions Payot, paru en 1998. Ce petit ouvrage de charme n'a pas pris une seule ride et devrait figurer au programme des "politiques" qui veulent nous empêcher de vivre à notre rythme. Que révèle ce cher Pierre Sansot ? "La lenteur, c'était à mes yeux, la tendresse, le respect, la grâce... Pour ma part, je me suis promis de vivre lentement, religieusement, attentivement, toucher les saisons et les âges de mon existence." Quand on consulte la table des matières, on trouve les intitulés suivants : flâner, écouter, un ennui de qualité, rêver, attendre, la province intérieure, écrire, etc. J'adore un chapitre où il aborde la culture de ceux qui veulent "tuer" le temps le plus vite possible : amateurs infatigables du sport, des activités multiples et délirantes de notre société de consommation. Ce livre plein de sagesse, d'ironie et de sérénité me semble contenir un programme tout à fait porté sur le bonheur d'être au monde en toute simplicité. On est loin de l'ambiance sociétale d'aujourd'hui : bouger, s'activer, travailler comme un fou, être le meilleur pour écraser les autres, toujours partir, sinon mourir ! Pierre Sansot a toujours attiré ma sympathie et je dirais ma tendresse. Sociologue et philosophe, il est mort en 2005 à Grenoble. Sur Wikipédia, je lis sa notice biographique : "Son œuvre a la particularité de s'attacher au repérage des petites choses du quotidien qui donnent du sens à la vie des gens ordinaires. Dans Les gens de peu, il décrit les moments de sociabilité que les couches populaires mettent en oeuvre pour enrichir un quotidien trivial et aliéné. D'autres ouvrages prolongent la même démarche en recherchant le jouissif à travers des thèmes aussi variés que la beauté du paysage et la pratique de la conversation, du rugby, de la promenade, de la lenteur, etc. Donc à lire et que toute bibliothèque devrait proposer aux lecteurs :
Le Rugby est une fête, Plon, 1991;
Les Gens de peu, PUF, 1992.
Papiers rêvés, papiers enfuis, Fata Morgana, 1993
Jardins publics, Payot, 1994. Rééd. 1995
Les Pilleurs d'ombres, Payot, 1994 . Rééd. Corps 16, 1995
Les Vieux ça ne devrait jamais devenir vieux, Payot, 1995 et 2001
Les Pierres songent à nous, Fata Morgana, 1995
Demander la Lune, Fata Morgana, 1995
Du bon usage de la lenteur, Payot, 1998. Rééd. Corps 16, 1999 et Rivages, 2000
Chemins au vent. L'art de voyager, Payot, 2000. Rivages, 2002
J’ai renoncé à vous séduire, Desclée De Brouwer, 2002
Bains d'enfance, Payot, 2003
Le Goût de la conversation, De Brouwer, 2003
La beauté m'insupporte, Payot, 2004
Ce qu'il reste, Payot, 2006 [ouvrage posthume]
Roman
Il faudra traverser la vie, Grasset, 1999