samedi 28 avril 2012

Une rose et un livre

Sur le net, j'ai trouvé cette invitation : "Ce samedi 28 avril, en vous rendant dans votre librairie, vous recevrez une rose et un livre. Non, rien à voir avec un soutien au candidat socialiste, même si ce geste porte un message dont il pourrait s’inspirer : c’est juste ainsi que 450 librairies participantes en France et en Belgique célébreront la fête de la librairie par les libraires indépendants. Pour cette action qui s’inscrit dans le cadre de la journée mondiale du livre et du droit d’auteur, ils offriront à leurs clients un petit livre publié par l’association Verbes, Une saison en librairie. Il présente, en forme de calendrier littéraire, douze extraits d’œuvres de Beckett, Duras, Balzac, Vian, Baudelaire, Stendhal, Camus, Proust, Genet, Flaubert, Rimbaud et Céline, considérées comme les bases de la librairie." J'ai voulu soutenir cette belle initiative en me rendant dans l'après-midi dans une librairie chambérienne, Garin, et j'ai choisi des livres de poésie sur les Haikus et l'Oulipo. La responsable de la librairie m'a tendu une rose et le petit livre très joli avec les extraits de romans. Action accomplie avec plaisir pour soutenir les librairies indépendantes et qui vivifient culturellement le centre ville...

Roland Barthes

Je viens de terminer l'ouvrage posthume de Roland Barthes, "Journal de deuil", édité en format poche dans la collection Points du Seuil. Roland Barthes a vécu toute sa vie avec sa mère, soit à Paris, soit à Urt, à côté de Bayonne. Ces pages de deuil sont émouvantes et sensibles surtout si on a vécu soi-même la mort de sa propre mère. Roland Barthes a tenu ce journal du 26 octobre 1977 au 21 juin 1978. Il s'ouvre ainsi :" Première nuit de noces. Mais première nuit de deuil ?". Ces notes brèves, fulgurantes de douleur, révèlent un Roland Barthes dépressif, anxieux, ayant perdu le goût de vivre, d'écrire et de lire. Pourtant, il écrit ce journal pour exorciser son chagrin, le rendre plus supportable et plus acceptable. Cette mère qu'il décrit symbolise un lien unique et irremplaçable tellement elle était le "génie de la maternité". Roland Barthes nous la décrit comme une femme discrète, bonne, simple, qui n'a jamais posé de questions à son propre fils et qui le laissait libre tout en cohabitant dans le même appartement ou la maison. Il analyse cet état de solitude avec lucidité et courage. Ce journal est un témoignage rare de la part de ce théoricien de la littérature et il me rappelle son ouvrage étonnant sur l'amour, 'Fragments d'un discours amoureux" paru au Seuil en 1977. Quand on sait que Roland Barthes a été renversé par une camionnette à Paris en 1980 et qu'il est mort peu après, ce "journal de deuil" prend un relief tout particulier. J'ai remarqué cette note de Roland Barthes : "Epreuve majeure, épreuve adulte, centrale, décisive du deuil". Il faut méditer cette penseé barthésienne...