jeudi 24 novembre 2011

Rubrique cinéma

Cette semaine, j'ai vu deux films français conseillés par la critique. Le premier, "Toutes nos envies" avec Vincent Lindon est tiré d'un livre d'Emmanuel Carrère et m'a semblé très triste, lugubre même. C'est pourtant un beau portrait de femme-juge qui essaie de limiter les dégâts du surendettement. Une belle amitié se noue entre les deux juges qui se lancent dans la bataille juridique pour trouver une solution permettant de libérer ces victimes naïves, de cette spirale infernale. Ce cinéma social a le mérite de nous montrer des personnages ordinaires, simples, humains, loin des stéréotypes habituels. On sort de la salle avec un sentiment mitigé entre la satisfaction de voir des magistrats honnêtes et vigilants défendant la cause des "petits" contre les "gros", et le regret attristé de voir que le cancer est une "saloperie", un summum de l'injustice qui tue au hasard. C'est un bon film sur la crise sociale, le malaise de la justice, la place du cancer dans les familles. Le deuxième film vu le lendemain, "L'Excercice de l'Etat", est un véritable coup de poing. Ce film, au lieu de réconcilier le citoyen avec son élite politique, ne fait que l'en éloigner encore plus. Le personnage du ministre des transports essaie de maintenir les gares dans le secteur public car le premier ministre veut les privatiser. Ce personnage est présenté comme une marionnette dans les mains du pouvoir, représenté par le Premier Ministre et surtout par le Président. La description sans concession du milieu politique qu'il soit de droite ou de gauche donne au film un goût amer et mordant. La scène dans la caravane entre le ministre et ce couple d'ouvriers illustre l'incompréhension entre "l'élite de la nation" et les gens "d'en bas"... Le mutisme glacial de la part de ceux qui n'ont aucun pouvoir se mue en frontière infranchissable face à ceux qui se partagent les privilèges et les honneurs. Quand le cinéma se politise, il offre une image déplorable de l'Etat et de ses commis, élus ou pas... Cinéma efficace, cinéma social, cinéma qui ne fait pas rêver, qui ne donne pas la pêche mais qui réveille le spectateur, alerte sur les dérives économiques et politiques, et révèle la crise de "civilisation" que nous traversons....