samedi 31 décembre 2011

Pour un compte rond

J'ai voulu établir un compte rond pour mon blog en 2011. En effet, j'ai écrit 190 billets tout au long de ces cinquante deux semaines en essayant de respecter mon rythme de quatre billets par semaine les lundi, mardi, jeudi et vendredi. Cette discipline d'écriture me convient comme si je m'adonnais à une heure de marche par jour (ce que je ne fais pas régulièrement à cause de la météo ou du planning de la journée). Mais l'acte d'écrire quotidiennement représente ma gymnastique du cerveau, une mise en forme mentale. Ce blog sert à dérouiller mes méninges, mais surtout à vous donner envie de lire les romans que j'aime, les écrivains que j'aime, de suivre le milieu littéraire qui a toujours été pour moi un monde privilégié où l'imagination, la sensibilité, les sentiments, les idées, les relations humaines décryptées apportent un plus dans ma vie quotidienne. Rendre compte de ses lectures, suivre l'actualité littéraire, parler d'écrivains, de poètes et d'essayistes, sont des actes "créateurs", qui m'apportent une plénitude et une sérénité certaines. En 2012, je sais que je vais continuer d'enrichir mon esprit grâce à la littérature en découvrant des nouveaux talents, des nouveaux écrivains et rester fidèle à tous ceux et celles que je lis depuis des décennies. Je souhaite donc à tous mes lecteurs et lectrices une belle année 2012, une année fertile en bonheurs de lecture... avec une santé de fer car lire demande aussi de l'énergie...

vendredi 30 décembre 2011

"Premier bilan après l'apocalypse"

Voilà encore une bonne idée de cadeaux pour un anniversaire, une fête, le nouvel an, etc. Frédéric Beigbeder nous offre une sélection de ses lectures les plus marquantes qu'il numérote de 99 à 1. Ce livre a le mérite de vous proposer cent lectures à picorer, à découvrir ou à re-lire. Le choix est totalement de mauvaise foi de la part de cet écrivain béarno-parisien atypique, humoristique, décalé, anticonformiste, glamour et snob... J'ai débusqué quelques jolies surprises. Je ne tiens pas compte du rang de classement qui est plus formel que hiérarchique. J'ai remarqué des goûts communs avec Beigbeder pour "Les choses" de Perec, "Chéri" et "le blé en herbe" de Colette, "Un homme" de Philip Roth, le "Journal" de Larbaud, "Si c'est un homme" de Primo Lévi, "La route du retour" de Jim Harrisson, "La ferme africaine" de Karen Blixen. Puis, il me donne envie de découvrir des classiques intemporels que je n'ai jamais lus comme "Le loup des steppes" de Hesse, "Paludes" de Gide. Sa liste est tellement hétéroclite que l'on peut puiser des idées de lecture dans tous les styles et tous les genres. Cet ouvrage original est un vrai travail d'écrivain, rempli d'anedoctes sur les auteurs et les livres choisis. On sent qu'il adore la littérature américaine et donne une grande place à des écrivains mythiques comme Hemingway, Kerouac, Bret Easton Ellis, James Salter, Henry Miller, Jay McInerney, Fitzgerald, etc. J'ai quand même constaté une surprise quand Frédéric Beigbeder intégre dans sa liste, le poète béarnais Paul-Jean Toulet, que peu de lecteurs connaissent. Frédéric Beigbeder nous conseille "Les contrerimes", "Mon amie Nane" et "La jeune fille verte". Je soupçonne avec sympathie une certaine solidarité entre Béarnais... L'introduction du livre est un plaidoyer sincère pour l'objet-livre et je me sens proche de cet écrivain quand il avoue sa détestation du livre numérique et de l'invasion inéluctable des écrans dans nos vies. Donc, un livre à garder chez soi, dans sa bibliothèque...

jeudi 29 décembre 2011

"J'ai réussi à rester en vie"

Beaucoup de lecteurs connaissent l'écrivaine américaine Joyce Carol Oates. Elle a écrit une bonne cinquataine de romans, tous puissants, efficaces, comportant des personnages hors normes. Je garde des souvenirs très forts de certains titres surtout ses derniers comme "Les chutes", "Fille noire, fille blanche", "La fille du fossoyeur", "Blonde". De toutes façons, quand on entreprend la lecture d'un roman de J.C. Oates, on ne s'ennuie jamais. Certains lecteurs n'apprécieront pas le degré de violence des personnages qu'elle décrit mais elle ne prend pas de gants avec la nature humaine qu'elle estime plutôt "malade" que bien portante. Son oeuvre romanesque prend des allures de roman policier tout en restant profondément littéraire. La presse a souvent cité son nom pour le Prix Nobel de littérature mais elle ne l'a pas encore obtenu. Le jury devrait réagir vite pour couronner une femme-écrivain dont l'imagination foisonnante, le style vivant très abordable pour le public, la description d'une Amérique loin des clichés et des masques plaident sa cause de "nobélisable". Le dernier livre de Joyce Carol Oates est son journal intime au titre si significatif : "J'ai réussi à rester en vie". Elle raconte la mort soudaine de son mari, atteint d'une pneumonie. En l'accompagnant aux urgences, il est contaminé par une bacterie qui lui sera fatale. Et Joyce Carol Oates se retrouve du jour au lendemain veuve sans vraiment assimiler cette perte irréparable. Ce journal, écrit au scalpel, décrypte ces moments de sidération, de chagrin permanent, d'hallucinations. Elle analyse son état si spécial de veuve et se demande tout au long du journal si elle va "tenir". Elle pense au suicide comme une libération. Vivre dans la maison, traverser le jardin, accomplir les tâches quotidiennes, revoir des amis communs, lire le courrier et les journaux, travailler avec ses étudiants, la maintiennent en "vie". Ce journal montre la force vitale de l'écrivaine. Quand elle subit un "zona" dévastateur pour son corps, elle se défait des pillules dormantes et se soigne enfin pour trouver un équilibre précaire mais qui l'éloigne de l'idée d'en finir. Ce très beau témoignage fait partie des meilleurs livres de l'année 2011. Je suis même étonnée que la revue Lire ne l'ait pas retenu dans sa sélection. Dans tous les cas, ce journal est bouleversant d'humanité, de nostalgie et Joyce Carol Oates nous révèle que le bonheur est fragile et que le malheur peut surgir à tous moments...

mardi 27 décembre 2011

"J' 'habite près de mon silence"

J'éprouve une sympathie vive pour ce poète français, écrivain de "fragments", épistolier réputé. Il se nomme Georges Perros. Je collectionne ses oeuvres rares et j'aime les relire régulièrement. En quelques mots, il est né en 1923 et meurt en 78, âgé de 53 ans. J'ai trouvé sur le site Evene, la notice biographique suivante : "Georges Perros, de son vrai nom Georges Poulot, passe une enfance paisible dans le quartier des Batignolles à Paris. Après plusieurs déménagements, il s'installe à Rennes et s'inscrit au Conservatoire de musique avant de changer d'avis et de choisir l'art dramatique. En 1941, il abandonne l'école pour se consacrer pendant plusieurs années à cet art au Centre du spectacle. Il assiste régulièrement au cours de Paul Valéry au Collège de France et à celui de Vladimir Jankélévitch. Reçu au Conservatoire d'art dramatique, il joue dans de petits rôles. Son deuxième prix de Comédie, obtenu en 1948, lui permet d'entrer à la Comédie française (...) Lecteur assidu, il est engagé au TNP de Jean Vilar et devient rédacteur pour la N.R.F. dans les années 1950. Il entreprend alors plusieurs séjours en Bretagne et publie les premiers 'Papiers collés', 'Les Poèmes bleus' et 'Une vie ordinaire', recueils de ses notes de lectures. En 1971, il obtient le prix Valéry Larbaud, récompensant son oeuvre. Trois ans plus tard, il est récompensé par le prix Bretagne pour 'Papiers collés II'. Atteint d'un cancer, Georges Perros décède à l'âge de cinquante-cinq ans."
Pour aller plus loin, il faut absolument découvrir "Papiers collés", "Lexique" précèdé de "En vue d'un éloge de la paresse", "Une vie ordinaire", "Poèmes bleus". Je vous offre un extrait du poème "Les Marins", trouvé dans ce recueil intitulé "J'habite près de mon silence" (quel beau titre !) :
"Car rien ne vaut
L'amour du vent
L'amour des flots
La mer sait laver nos blessures
Notre remords
Elle rassure
L'éternité y fait son nid
L'eau à la bouche
L'air au cri."
Je reviendrai sur ce poète et écrivain dans mon blog et vous offrirez des aphorismes, des pensées, des fragments de textes de Georges Perros. Il fait partie de ces phares discrets du monde littéraire qui éclairent et rassurent les lecteurs parfois secoués par la vie tempé-tueuse...

lundi 26 décembre 2011

"Le premier été"

Ce roman d'Anne Percin, édité aux Editions du Rouergue, m'a touchée et je me souviens bien de sa "petite musique" de son précédent, "Le bonheur fantôme". Dans ce "Premier été", l'histoire se situe en Haute-Saône dans un petit village de la France profonde. Deux soeurs passent l'été dans la ferme de leurs grands-parents. Elles sont adolescentes et pensent à leurs premières rencontres avec des garçons de leur âge. L'une, la benjamine, aime lire et évoque le charme magique du "Grand Meaulnes". Elle se refugie souvent dans le grenier et deviendra même une "libraire" solitaire, plus tard dans sa vie d'adulte. Les deux soeurs reviennent dans cette ferme pour la vider à l'occasion du décès de leurs grands-parents. Catherine se souvient avec émotion d'un été particulier, le "premier été", celui où elle a rencontré un garçon de son âge un peu mystérieux et très beau. Elle s'abandonnera à lui dans une soirée festive sans le connaître et sans lui parler. L'influence des lectures "romanesques", le comportement de sa soeur et des garçons du village à la recherche des amourettes adolescentes, et finalement l'ambiance estivale provoquent en elle ce passage imprudent à l'acte sexuel sans protection. Ce drôle de garçon appartient à une famille marginale dans le village et il est décrété "idiot" et moqué avec cruauté. Comment va réagir Catherine face à l'opprobe générale ? Aura-t-elle le courage d'assumer son geste ? Je ne veux pas dévoiler la fin pour vous donner envie de le découvrir. Je note dans ce roman une atmosphère particulière loin de la niaiserie et de la naïveté que l'on rencontre souvent dans les portraits d'adolescents. La lâcheté de Catherine et la cruauté sociale envers ceux qui ne sont pas "comme les autres" donnent un sentiment doux-amer à ce livre d'éducation sentimentale. Je suivrai dorénavant l'aventure littéraire d'Anne Percin. Je vous laisse donc découvrir ce roman si sensible et si subtil...

vendredi 23 décembre 2011

Quand une femme politique avoue

Cette femme est députée PS et elle raconte dans le journal Le monde que la littérature l'a sauvée. En surfant sur le Net pour m'informer des actualités du jour, je suis tombée sur cet aveu "courageux" car nombre de nos hommes et de femmes politiques ne dévoilent guère leurs passions culturelles. C'est bien dommage, car ils deviendraient plus "nobles" à mes yeux. Aurélie Filipetti, Députée de la Moselle, nous parle donc de son professeur de français qui l'a initiée à la littérature et lui a offert une Pléïade de Yourcenar. Pour cette femme politique, chargée des affaires culturelles de François Hollande, la littérature représente donc une "libération intellectuelle". Je considère que le rôle des professeurs de français est donc primordial pour l'éducation littéraire des élèves. L'initiation à la langue française, à ses écrivains, poètes, dramaturges et essayistes devient une mission indispensable, précieuse et merveilleuse pour tous nos collégiens et lycéens de France... J'espère qu'Aurélie Filipetti sera un jour Ministre de la culture quelque soit le gouvernement qui sortira des urnes et protégera les librairies, les bibliothèques, le monde de l'édition et évidemment tous ceux qui écrivent, pensent, et font que la vie littéraire et intellectuelle soit riche d'imagination et d'idées. J'attends les déclarations des goûts littéraires et des passions culturelles de tous ceux qui se présentent aux élections... Vous allez me dire que c'est idiot de se montrer aussi optimiste mais c'est Noël quand même... Je vous souhaite un Père Noël libraire avec plein de livres sous votre sapin !

jeudi 22 décembre 2011

Le cahier Livres de Libération

La première page du journal Libération m'a attirée pour son titre : les 25 livres de l'année. Il est rare de voir un titre aussi alléchant pour ceux qui aiment passionnément la littérature et les livres. Le cahier Livres de ce jeudi 22 décembre propose une sélection des meilleurs livres choisis par le journal et par des artistes. On y trouve aussi des articles très intéressants nommés rencontres littéraires avec François Bon, Marielle Macé et Jean-Marie Schaeffer. Dans la liste de Libération, je remarque les grands noms de la littérature étrangère comme Grossman, Handke, Franzen, Murakami, Benet, Burnside, Mc Ewan, etc. Pour les écrivains français, peu d'élus dans la liste. Les artistes ont choisi des livres plus décalés par rapport à la critique officielle. Je note la présence de "Clèves" de Marie Darrieussecq, "le dépaysement" de Bailly. Ces conseils de lecture me plaisent et quand des artites ou des écrivains parlent de leurs coups de coeur, j'ai envie de les emprunter ou de les acheter. En fin d'année, je communiquerai ma liste de mes vingt livres préférés sur les quatre vingt ouvrages que j'ai lus en 2011. Les rencontres littéraires nous éclairent sur l'acte de lecture et je ne peux pas m'empêcher de citer Marielle Macé qui répond à cette question : "Ne faut-il pas pourtant s'extraire du monde pour lire ?" Réponse de Marielle Macé : "C'est vrai, pour lire on commence par se retrancher, et même par se défaire du monde environnant et de ses exigences. La lecture sépare physiquement, voire socialement : on décide de suivre une ligne qui reste invisible à autrui, on acquiesce à un certain silence, à un autre état de conscience, on se laisse assiéger par une autre voix autre qui façonne entièrement, pendant un temps, notre bande-son intérieure. Le livre est comme un habitat concurrent de notre habitat ordinaire - Pascal Quignard dit qu'un lecteur se retrouve "seul chez son livre" - comme s'il demeurait tout à coup dans une maison étrangère. Mais dans ce retournement, on ne tourne pas le dos au monde. A vrai dire, on passe son temps, en lisant, à lever les yeux de son livre ; Barthes avait une belle formule pour décrire cette respiration entre le livre et le monde, ce battement assez particulier de la lecture : Ne vous est-il jamais arrivé de lire en levant la tête ?" non par désintérêt mais bien par afflux d'idées, d'associations, de réactions, de mises en rapports, non seulement on ne quitte pas la vie en lisant, mais ce qui se passe dans la lecture a presque toujours un avenir dans notre vie." C'est sur cette belle réponse que je termine ce billet...

mercredi 21 décembre 2011

"la faute de goût"

Ce roman de 113 pages, bref et percutant, avait été remarqué à la rentrée littéraire. Je l'ai lu en deux petites heures et vraiment ce bijou de littérature mérite le détour. Caroline Lunoir, née en 1981, a écrit son premier roman, édité, il faut dire, chez un éditeur aussi prestigieux que Gallimard, Actes Sud dans la collection "Un endroit où aller", collection particulièrment riche de très beaux titres. Pourtant, l'histoire est d'une simplicité rare : la narratrice rejoint sa grande famille dans la maison de vacances. Les relations familiales sont décrites avec lucidité et tendresse. Le début du roman démarre ainsi : "Le début des vacances résonne dans la gare et dans ma tête. J'attends que l'on vienne me chercher, mon sac à mes pieds. Le préau de l'arrivée brûle sous un soleil impassible." Le lecteur suit les vacances de notre narratrice dans cette grande famille bourgeoise. Le patriarche propose à la gardienne de profiter de la piscine quand les membres de la famille ne se baignent pas. La piscine de la propriété est une nouveauté de la saison. Or, Rosana va prendre le grand-père au mot et va se baigner. Et là, le roman bascule dans la satire sociale et le clivage de classe. Cette baignade, au fond, hérisse le clan et avec des remarques subtiles, Caroline Lunoir établit un constat social sur ce sentiment de classe de ces bourgeois pourtant éclairés et cultivés. J'espère que ce premier roman sera suivi par un deuxième : Caroline Lunoir possède une écriture très fluide, et le sujet de son livre est toujours d'actualité. Une grande réussite pour un début de carrière littéraire.

lundi 19 décembre 2011

"L'appel de la rivière"

J'avais lu il y a un deux ans "La société des Jeunes Pianistes" du Norvégien Ketil Bjornstad aux Editions Lattès. J'avais aimé ce roman dédié à la musique classique avec son héros Aksel Vinding, prodige du piano. Dans le premier tome, il perd son amour, Anja Skoog, qui meurt d'anorexie. Dans le deuxième tome, le lecteur retrouve Aksel et surtout la présence de la musique avec des réfèrences continuelles sur Bach, Schubert, Beethoven, Brahms, Malher et leurs sonates au piano que notre pianiste étudie avec acharnement pour rendre la "densité" musicale. Si on n'aime pas le piano, il est inutile de lire ce gros roman de 497 pages. Par contre, si on aime la Norvège et ses paysages de neige, si on aime suivre le destin de ce jeune pianiste qui doute de son talent et de sa technique musicale, si on aime les personnages compliqués, embourbés dans des dépressions inguérissables, si on aime la description de relations amoureuses atypiques, vous pouvez vous lancer dans ces centaines de pages et vous écouterez en prime les nombreuses sonates que l'écrivain norvégien décrit dans ces pages. J'ai voulu après les avoir lus, les écouter et je voyais les mains de notre jeune héros sur un piano mythique. Notre héros pleure son Anja disparue, et il va pourtant accepter de partager la maison de la mère d'Anja et devenir son amant. Le portrait du professeur de piano, Selma, correspond bien à l'idée que l'on se fait d'une musicienne "diva", dans ce milieu si particulier de la musique classique. Il est rare de trouver des romans qui se situent dans ces milieux de l'art musical. L'auteur du livre est lui-même compositeur et musicien, cela ne m'étonne guère. On ne peut décrire ce milieu sans en faire partie. Je vous le recommande comme un très bon roman musical et comme un éloge total et définitif du piano.

vendredi 16 décembre 2011

Le kindle

Quelle drôle de mot pour qualifier ce support numérique dont on voit la publicité dans la presse en ce moment... Kindle signfie allumer et en français, le kindle se nomme "liseuse sans fil à écran tactile". Un article du Monde, daté du samedi 10 décembre dans le cahier "Culture et idées", parle de "Lecture réinventée" en abordant l'impact de ce nouvel outil numérique. En 2010, 30 000 kindles se sont vendus et en 2011, 100 000 unités de ce gadget informatique vont se vendre. Il semblerait que le confort de lecture s'est considérablement amélioré, qu'on peut lire 30 minutes par jour pendant un mois sans le recharger. Le kindle se veut aussi pratique qu'un vieux livre. Il peut être "corné", annoté, feuilleté. Bref, un livre parfait ! Pourtant, je résiste alors que je pourrais stocker 1400 oeuvres littéraires. C'est plus fort que moi, j'ai demandé à mon entourage familial de ne pas m'offrir ce jouet pour adulte. Evidemment, quand on prend le métro pendant des heures, quand on voyage souvent, quand on aime l'informatique à la folie, je comprends l'engouement des amateurs pour ce lieu de stockage inoui. Mais cela demeure pour moi un objet froid, trop fonctionnel, une machine qui ressemble à un Ipod ou à une mini-tablette. Nous sommmes déjà tellement saturés de technologie, d'écrans, de téléphones, de gadgets... Quand on saisit un livre dans ses mains, il est beaucoup plus pratique pour l'ouvrir, le feuilleter, grapiller une phrase par hasard, noter l'éditeur, le nombre de pages, le format. Vous constaterez mon agacement concernant cette invention qui va soi-disant révolutionner l'écriture et la littérature. Je mène peut-être un combat d'arrière-garde mais certains supports informatiques, se chassant les uns les autres, provoquant souvent des dépenses inconsidérées, me semblent des objets frôlant l'inutilité... Donc, pas de kindle sous mon sapin !

jeudi 15 décembre 2011

Annie Ernaux, un beau cadeau de Noël

Noël est un moment privilégié pour les cadeaux. En tant qu'adulte, il faut saisir cette occasion pour se faire plaisir. Pour moi, offrir des livres ressemble à un geste "d'écologie intellectuelle durable". Les livres que nous recevons à Noël deviendront des souvenirs de tendresse. C'est ainsi que j'ai reçu deux belles Pléïades de ma soeur et de mon frère qui ont eu cette idée géniale de m'envoyer les deux Duras, ce qui représentent des milliers de pages et des centaines d'heures de lecture. J'ai lu Marguerite Duras dans les années 70 et 80 et je vais me faire un "sacré" plaisir de relire "Un barrage contre le Pacifique", "Les petits chevaux de Tarquinia", et tous les textes de cette grande dame sulfureuse de la littérature française. Je vais vous donner aussi une autre idée de cadeau pour ceux et celles qui apprécient les oeuvres complères réunies : "Ecrire la vie" d'Annie Ernaux. Ce volume contient tous les romans et récits d'Annie Ernaux, dont les principaux : "Les armoires vides", "La femme gelée", "La place" et même son dernier récit "Les années". Ce livre, édité chez Gallimard dans la collection Quarto, propose un dossier de 100 pages de photos personnelles accompagnées d'extraits du Journal intime inédit. J'aime beaucoup l'oeuvre d'Annie Ernaux et j'ai voulu en achetant cette sorte de Pléïade brochée, m'offrir un beau cadeau de Noël pour un coût très modique (25 euros pour 1084 pages) !

mardi 13 décembre 2011

"Le Héron de Guernica"

Ce roman avait été remarqué par la Fnac à la rentrée littéraire de septembre. Son sujet m'intéressait car la Guerre d'Espagne a touché une partie de la famille de mon père, né de parents espagnols en France. J'ai même appris par un cousin germain que mon grand-père, le père de mon père, avait aidé les réfugiés républicains en 1936 dans sa commune, Le Boucau, près de Bayonne. Mon père n'a jamais mentionné les déchirures familiales du côté espagnol, entre les "Rojos" et les franquistes. Je reviens au roman, "Le héron de Guernica", écrit par Antoine Choplin aux Editions du Rouergue. Le personnage central, Basilio, dessine des hérons qu'il observe dans les marais. L'histoire se situe en 1937 à Guernica. Le mot Guernica est sacré pour les Basques. Basilio capte l'infinie beauté du héron cendré et n'est obsédé que par cette volonté de peindre en rendant l'oiseau vivant dans sa toile. Cependant, l'Histoire tragique fait une irruption brutale dans le roman. Basilio sera témoin du carnage. Et le plus grand peintre du vingtième siècle, Picasso, témoignera de cet acte de guerre dans le plus célèbre de ses tableaux "Guernica". Antoine Choplin a utilisé une écriture simple et sobre avec des phrases très courtes, et des descriptions dépouillées de "gras"... La Guerre civile espagnole demeure toujours un sujet sensible et nostalgique quand on connaît les années franquistes qui suivront. Ce jeune Basilio, jeune artiste un peu original, attire l'adhésion du lecteur dans sa volonté de peindre à tout prix son "héron", pour préserver la beauté du monde malgré l'horreur de la guerre.

lundi 12 décembre 2011

"Un cercle de lecteurs..."

Dès qu'un roman évoque la lecture, les lecteurs, l'art de lire, l'art de se retrouver autour des livres, j'ai envie de me le procurer. Je l'ai donc acheté et lu avec plaisir. Voilà un livre bien sympathique, un peu brouillon dans la structure, sans véritable intrigue. Ce cercle de lecteurs dans un contexte rural et convivial se déguste avec délectation. Le titre exact du roman de Jean-Pierre Otte sent bon la province et le terroir : "Un cercle de lecteurs autour d'une poêlée de châtaignes" aux Editions Julliard. Il ne se passe pas grand chose dans ce roman mais ça fourmille d'anecdotes, de réfèrences littéraires, de rencontres, de visites et surtout de portraits de lecteurs passionnés et motivés par le souci de se retrouver, de parler, d'échanger. L'acte de lecture perd son statut solitaire et se transforme en acte solidaire. Ce "tous ensemble" s'affiche pour rompre l'isolement du lecteur.
Je peux glaner des phrases entières sur ce compagnon si précieux : "Il semble, par je ne sais quelle attraction magnétique, que certains livres attirent aussitôt à eux les lecteurs à qui ils sont destinés. Mais d'autre fois, non. Les livres leur arrivent par lents détours, par accident ou sur la recommandation parfois d'un proche, mais quelquefois, ils ne les atteignent jamais. Et c'est fâcheux, car, enfin, un livre n'existe vraiment que dès lors qu'un lecteur l'a recréé en lui-même."
En ces temps d'actualités moroses, il est bon de déguster au coin du feu ce livre avec une poêlée de chataignes, accompagnée d'un petit blanc de Savoie...

vendredi 9 décembre 2011

Festival du Premier Roman

Pour le mardi 13 décembre, j'ai lu deux premiers romans : "Allée 7, Rangée 38" de Sophie Schulze aux Editions Léo Scheer et "Comme elle vient" de Raphaëlle Riol aux Editions du Rouergue. Je n'ai trouvé aucun point commun entre ces deux romans. L'un est écrit sobrement, par fragments et aborde le destin d'un Allemand qui fuit son pays, devient Français après un engagement à la Légion étrangère. Ce destin dans la tourmente de l'Histoire du XXème siècle est décrit en parallèle avec les destins de trois philosophes allemands, Nietzsche, Heidegger et Hannah Arendt. Ces trois références pourraient intimider le lecteur mais bien au contraire, l'évocation de la vie quelque peu agitée de ces trois philosophes rythme le récit en opposant ces vies différentes. En s'attachant à décrire la vie d'un homme simple et les vies des plus grands esprits du XXème siècle, Sophie Schulze a réussi un pari audacieux, celui de proposer un roman original et émouvant. Cela me rappelle une phrase de Malraux : "Une vie ne vaut rien mais rien ne vaut une vie". Cet allemand honnête et courageux repose dans cette "Alleé 7, Rangée 38" et ce titre sec et administratif identifie la tombe de ce Français si particulier, et je propose un sous-titre : "Chaque vie est unique". Ce petit roman est une vraie réussite littéraire.
Pour le second livre, changement total de registre et de ton. Le style parlé de la jeune narratrice, l'histoire familiale en crise, l'humour, masquent la tragédie finale quand on apprend la vérité sur la disparition de la mère de famille. J'ai lu jusqu'au bout ce roman au style emporté, vif et teinté d'humour. Quand la mère disparaît, tout change dans la vie de famille et chacun doit retrouver des repères pour survivre. Je ne raconte pas la fin de l'ouvrage, le retour au foyer de la mère se réalisera mais je préfère garder le silence... Bon premier roman.

jeudi 8 décembre 2011

Une Fnac à Chambéry

Un quartier de Chambéry a pris un coup de jeune avec la création des nouvelles halles et de grands magasins intégrés dans cet ensemble. Bientôt, un complexe de dix salles de cinéma sera ouvert et attirera plus de monde au centre ville, souvent délaissé à cause du manque de "modernité". J'ai fait comme beaucoup de Chambériens en visitant la Fnac, ouverte le 3 décembre. Evidemment, je me réjouis d'une installation supplémentaire pour l'offre culturelle. Je préfère une Fnac qu'une banque ou un magasin de vêtements... Mais, quand j'ai pénétré à l'intérieur, j'ai pensé au concept uniforme de l'enseigne "grande ville". En arpentant les différents espaces consacrés à l'informatique, à l'audiovisuel, aux CD, DVD et jeux vidéos, je croyais me trouver à Grenoble, Paris, Annecy, et autres grandes villes. Pour les livres, mêmes tables, mêmes rayonnages qu'ailleurs. Cette identité commune à toutes les Fnac du monde en fait un magasin qui rassure, qui donne un label "chic" urbain, puisque les jeunes, les moins jeunes et même les "âgés" consultaient fièvreusement les nombreuses "gondoles" de présentation des "nouveautés" dans tous les genres culturels. J'ai vite fait le tour et je me suis dirigée vers une "vraie" librairie qui ne vend que des... livres : concept ennuyeux pour certains mais je me suis sentie moins oppressée et plus disponible pour feuilleter en toute tranquillité et sérénité les livres qui attendaient des mains amies pour les caresser et les toucher. J'aime le hasard du regard sur les étagères car j'ai déniché un ouvrage d'un de mes écrivains préférés : Georges Perros et je suis repartie avec son recueil au très beau titre : "J'habite près de mon silence" aux Editions Finitude. Ce livre de poésie a rejoint les ouvrages de Georges Perros dans ma bibliothèque. Avant de le ranger, je vais le lire et le relire et vous offrirai un poème plus tard dans mon blog. Je ne l'ai pas rencontré à la Fnac, Georges Perros, mais dans une des librairies les plus anciennes de Chambéry, unique en son "genre" et pas dupliquées à l'infini...

mardi 6 décembre 2011

Rubrique cinéma

J'avais envie d'aller voir "Les Neiges du Kilimandjaro" du réalisateur Robert Guédiguian avec Ariane Ascaride et Jean-Pierre Daroussin. Chose faite lundi pour la séance d'un cinéma de quartier à 14h30. Nous étions une petite trentaine de spectateurs, ce qui équivaut à une fréquentation record pour cet horaire et ce jour de semaine. D'habitude, on est deux, trois, cinq... Le film démarre et le charme opère sur moi à la première minute. Le monde de Guédiguian est notre monde de tous les jours avec des gens ordinaires, normaux, vrais. Il s'agit de l'histoire d'un couple d'ouvriers pour qui le travail est une conquête pour vivre mieux et à l'abri du besoin. Les premières images sont fortes : un tirage au sort, organisé par le syndicat, permet de licencier une vingtaine d'ouvriers pour que l'entreprise survive. Ensuite, le héros principal est malgré tout tiré au sort et part en "pré-retraite". La camaraderie de ce monde va lui manquer et on le suit dans cette nouvelle identité de "retraité", moment difficile à vivre pour tous ceux qui ont construit leur existence sur le travail. Après un fête de leur anniversaire de mariage, où les amis, collègues et la famille s'étaient cotisés pour leur offrir un voyage au Kenya, le film bascule dans la tourmente. Lors d'une soirée, deux hommes cagoulés font une irruption brutale et dérobent la cagnotte et les billes d'avion offerts pendant leur fête. Je ne vais pas dévoiler la fin du film, il vaut mieux aller le voir. La violence sociale, le désespoir du chômage, la misère morale, la jalousie de classe, la pauvreté sont les thèmes du film. La solidarité et la générosité prendront le dessus et le couple formé par Daroussin et Ascaride symbolise encore l'espoir et la tendresse dans un monde voué à l'individualisme et au cynisme. Un homme sans travail perd toute sa dignité : le jeune ouvrier exclu de l'entreprise, exclu de la société, ne demandera pas pardon et donnera une leçon à tous ceux qui ont acquis une certaine sécurité. Conflit de générations, conflit de méthodes, conflit de visions de la vie, voilà un film français sur la crise des valeurs, sur la crise sociale qui marque l'esprit du spectateur et qui nous dit : "Attention à la tentation du repli sur soi et de l'égoïsme..." Un film de qualité, avec un militantisme assumé à gauche ! Elle existe bien cette générosité naïve et cette solidarité de classe, mais cela nous change des hautes sphères dans le cinéma d'aujourd'hui. La classe ouvrière est en voie de disparition dans le cinéma français. Comptons donc sur Robert Guediguian pour nous montrer sa complexité et ses désillusions.

lundi 5 décembre 2011

Les vingt meilleurs livres de l'année

J'attends cette sélection comme un rite de fin d'année, et si la revue Lire renonçait à cette tradition, je la regretterais... En 2011, le meilleur livre de l'année est donc le roman de David Grossman, "Une femme fuyant l'annonce" aux Editions du Seuil. Ce roman avait déjà été primé par le prix Médicis. Et les critiques littéraires ont été à l'unisson pour qualifier ce livre de "chef d'oeuvre", ce qui est rare de nos jours. Je l'avais mis dans ma liste d'ouvrages à lire et je vais donc me le procurer. Voici la liste des romans élus par la revue :
- Meilleur roman étranger : Jonathan Coe pour "La vie très privée de Mr Sim"
(roman formidable de cet écrivian anglais que j'aime vraiment beaucoup)
- Meilleur récit : Emmanuel Carrère pour "Limonov"
- Premier roman français : l'incontournable Alexis Jenny pour "L'art français de la guerre" (verdict sans surprise...)
- Meilleur roman français : Patrick Deville pour "Kampuchéa"
- Premier roman étranger : Silvia Avallone pour "D'acier" (récompense méritée pour cette jeune écrivaine italienne)
- Découverte étranger : Jonathan Dee pour "Les privilèges" (très bon roman américain)
Si vous voulez connaître la suite de la sélection, procurez vous le dernier Lire de décembre...

vendredi 2 décembre 2011

Comme une ombre

Ce roman de Michel Schneider, édité chez Grasset, appartient à la catégorie "fiction familiale" mais une catégorie sombre, noire, fascinante. Le narrateur ressemble comme un frère à Michel Schneider. Il raconte l'histoire de son frère aîné, Bernard, véritable modèle en négatif pour lui. Bernard se perd totalement en partant faire la Guerre d'Algérie. Il n'en se remettra jamais car la Guerre réveille en lui sa propre violence. Michel nous décrit cette période terriblement destructice pour ce frère maudit. Michel, le narrateur, cherche à comprendre la personnalité trouble et troublante de ce frère guerrier. Bernard, pourtant, rencontre une femme folle amoureuse de lui. Mais, à son retour d'Algérie, il s'enfonce dans l'alcool, la marginalité, l'échec. Ce livre se transforme en véritable enquête psychologique sur ce frère qui finira par ne plus supporter sa misère morale et matérielle et se suicidera. Je cite un passage de ce roman : "Assez de lettres, de photos, de souvenirs. Pourquoi m'acharner à ce roman ? Pourquoi cette sale manie de forcer les serrures du passé avec les fausses clefs d'hypothèses historiques et d'investigations de détective amateur ? Ce besoin d'entrer dans le coeur d'un autre, mon dissemblable, mon frère ? A quoi bon traquer le sens d'une vie ?" Ce roman fort, traite une histoire d'amour entre deux frères qui ne peuvent pas se comprendre et qui se cherchent sans cesse. La mémoire de Michel établit un portrait fragmenté et tourmenté de Bernard, personnage pictural digne de Bacon. Je considère ce livre comme un des meilleurs livres de l'année 2011...

jeudi 1 décembre 2011

Atelier d'écriture, le marché de Salies de Béarn

J'ai écrit ce texte dans le cadre de l'atelier d'écriture sur la proposition de Mylène qui nous a demandé d'établir une liste des marchés que nous avons traversés dans notre vie. J'ai pensé aux marchés de Barcelone, des Hauts de Chambéry, de la Capte, de Bayonne et de... Salies de Béarn. Mes collègues "écrivantes" ont choisi pour moi la description du marché de Salies. Je recopie donc le texte que j'ai composé :
"Le fromage de brebis,
Ce jeudi d'octobre, je me trouvais à Salies de Béarn, cité millénaire du sel, et le jeudi pour tous les Salisiens, c'est le jour du marché, un modeste marché, un tout petit marché si on le compare à d'autres marchés du monde. Les paysans du coin étalent leurs légumes dans des cagettes à même le sol ou sur des tréteaux centenaires. Les poireaux, les navets, les carottes, et les pommes de terre nous tendent leurs mains terreuses. Plus loin, la vitrine du fromager propose des vrais fromages libres et costauds qui ne sont pas prisonniers dans leur boîte industrielle. Car, ici, dans ce petit coin de France, la fromagère nous tend généreusement des lamelles de fromage de brebis : celui de la vallée d'Aspe, de l'Ossau, des Aldudes, d'Urepel... J'ai tranché pour Urepel ! Un fromage qui a du caractère et qui sent le Pays Basque profond. Un marché de province, c'est un festival du terroir, du local, de l'authentique, du bio sans chichis et sans complexe. La mondialisation et la pasteurisation n'ont pas acquis droit de cité, ici, dans ce Béarn secret. Plus loin, encore, des volailles plumées de la veille, des oeufs dans des paniers. Et puis, je tombe nez à nez sur des livres, des bouquins qu'un marchand ambulant expose sur des tables et dans des cartons. Je me mets à fouiller, fureter, et je découvre quelques vieux poches des années 60 : Sagan, Bazin, Camus, Gide, Cesbron, Troyat, Simenon. Ces vieux bouquins me rajeunissent et me plongent dans mon passé de lectrice goulue et avide de connaissance. Lire un livre tout en goûtant du brebis, additionné d'un verre de Rosé des Caves de Guilhemas, provenant des vignes des coteaux de Salies : voilà une des secrets d'une vie paradisiaque. Je n'ai point besoin de parcourir des milliers de kilomètres pour ressentir des émotions intenses. A deux pas de chez soi, dans un tout petit pays, un bout du monde pour les citadins, le bon-vivre est à la portée de toutes les papilles volontaires. Le sel de Salies possède des pouvoirs magiques. Allez donc faire un tour là-bas et ne ratez pas le jeudi, jour du marché...