vendredi 22 février 2013

Club de lecture, deuxième partie

La deuxième partie était réservée aux livres tirés au sort en janvier. Geneviève a apprécié l'atmosphère "scandinave" de la "La véranda aveugle", premier tome d'une trilogie de Herbjorg Wasmo, et "La vie aux aguets" de William Boyd, roman d'espionnage, très prenant. Sylvie-Anne a dévoré "Luz ou le temps sauvage" d'Elsa Osorio,  récit poignant qui traite d'un sujet douloureux sur le vol des enfants adoptés par des militaires de la dictature en Argentine. Nicole a "démoli" le dernier "Les solidarités mystérieuses" de Pascal Quignard, à mon grand désespoir. J'étais même étonnée par son rejet concernant la mièvrerie de l'histoire, le style pauvre, les clichés, etc. Je pense que Pascal Quignard peut attirer l'antipathie de certains lecteurs ou l'adhésion inconditionnelle. Dommage de se priver d'une voix singulière et unique dans notre monde littéraire... Notre amie sans pitié pour Quignard a tout de même beaucoup apprécié le livre d'Emmanuel Carrère, "Roman russe". Jeanine a découvert "Le cœur est un chasseur solitaire" de Carson Mac Cullers qu'elle a très bien résumé en présentant les deux amis inséparables, l'un sourd et muet, l'autre obèse, entourés de personnages dont la solitude fait penser aux personnages du peintre réaliste Hopper. Danièle a aimé le belle écriture et l'intrigue du "Merle bleu" de Michèle Gazier. Line n'a pas lu "Des phrases courtes, ma chérie" de Pierrette Fleutiaux, ouvrage difficile sur la maladie d'Alzheimer. Elle a préféré découvrir "Pierres de mémoire" de Katie O'Riordan, écrivaine irlandaise de talent. Evelyne avait tiré au sort un très bon  Mankell, "Les Chaussures italiennes", qui ne fait pas partie de sa veine policière. Sylvie avait un avis mitigé sur "Vengeances" de Philippe Djian qu'elle a quand même terminé. Voilà pour les avis des lectrices du club concernant les livres que j'avais sélectionnés. Quelquefois, la "pioche" tombe à pic, quelquefois, la "pioche" tombe à plat... Heureusement que la lecture n'est pas un chemin droit et lisse. Il faut de temps en temps escalader des pentes escarpées pour rencontrer un écrivain ou un livre qui deviendra une révélation bienfaitrice...

"Portraits de femmes"

Philippe Sollers revient à l'autobiographie, mais une autobiographie uniquement consacrée aux femmes de sa vie. Dès la première page du récit, il emploie son style percutant et ironique pour définir la condition humaine du côté des hommes et reprend la célèbre formule de Simone de Beauvoir : "on ne naît pas homme, on le devient". Le modèle masculin impose lui aussi des devoirs contraignants  et une conformité sclérosante. Homme ou femme, Philippe Sollers se place d'emblée dans "l'inévidence": rien n'est évident, tout est infiniment complexe. Il commence à nous parler de sa mère, "une femme de beaucoup d'esprit", sa sœur Laure, tourmentée et malheureuse, Eugenia, sa première maîtresse et employée de maison (ils ont quinze ans de différence). Il évoque avec respect et émotion son grand amour, Dominique Rolin, "mélodieuse et rieuse". Leur complicité littéraire a duré de longues années et ils se retrouvaient à Venise pour vivre leur relation clandestine. Parallèlement, il vit avec sa femme, Julia Kristeva, écrivaine, intellectuelle et psychanalyste à qui il voue une admiration sans bornes. Il nomme ses alliées, ses femmes, de "pivotales". Il avoue son "donjuanisme" congénital mais il le décrit avec élégance et panache, en rendant un hommage permanent à toutes les femmes à la recherche de l'amour. Celles qu'il a aimées, ses compagnes, il les qualifie "d'artistes de la vie, de femmes-miracles"... Ce récit est à un journal intime d'un homme qui dit sa vérité et son amour inconditionnel des femmes ! Il m'a aussi donné envie de découvrir Dominique Rolin, sa compagne écrivaine, et Julia Kristeva, son épouse "officielle", dont on ne connaît pas sa conception du couple... La littérature peut tout dire, surtout l'intimité d'un homme, qui ne tient aucun compte de la "morale" traditionnelle et corsetée" et vit sa liberté dans toutes ses dimensions.