vendredi 10 mars 2023

"Empire of Light", rubrique Cinéma

J'ai vu un beau film à Biarritz au Royal, le cinéma d'art et d'essai de la ville. Sam Mendes, le réalisateur britannique, raconte une histoire intime à travers le personnage principal, Hilary, inspiré de sa mère bipolaire. Dès les première images, la nostalgie charme le spectateur(trice). Dans les années 80, sur la côte anglaise, une employée ferme un cinéma Art déco : velours rouge sur les fauteuils, rideaux rouges sur la scène, moquette rouge sur le sol, du pop-corn jonchant le sol  et le ménage à faire pour le personnel. Hillary gère le fonctionnement de l'Empire avec une compétence remarquable mais parfois rigide. Le directeur de l'établissement abusif et autoritaire appelle Hilary avec laquelle il entretient une relation clandestine. Elle lui prodigue gratuitement des services sexuels. Quand elle rentre chez elle, sa solitude éclate sur l'écran. Ses problèmes psychiques aussi car elle prend du lithium. Ce personnage féminin, émouvant par sa fragilité et par sa vulnérabilité (interprété magistralement par Olivia Colman) va rencontrer un jeune employé noir, victime d'un racisme ambiant. Leur destin commun de victimes les rapproche et ils finissent par nouer une relation amoureuse malgré la différence d'âge. La scène du pigeon blessé qu'ils soignent ensemble symbolise leur amour fragile et socialement impossible. Norman, le projectionniste, initie Stephen à la manipulation des bobines. Un épisode violent intervient quand Stephen est pourchassé par des racistes qui le tabassent avec une haine insupportable. Sam Mendès dénonce à travers ce fait le racisme des années thatchériennes. Il rend un hommage appuyé au cinéma en montrant une scène touchante quand Hilary découvre le contenu des films alors qu'elle ne les visionnait jamais. Elle comprendra que son jeune amant va partir faire des études d'architecture mais ils resteront amis. Malgré ce handicap, son travail avec son équipe à l'Empire la socialise et l'éveille à la vie et à l'amitié malgré ses troubles psychiques récurrents qu'elle soigne périodiquement à l'hôpital. Un  film sensible et émouvant à découvrir.