mardi 16 mai 2017

Prague, 3

Mon hôtel se situait idéalement tout près du Pont Charles (Karluv most) que j'ai traversé une bonne dizaine de fois. Cet endroit central rythme la vie de Prague. Ce pont piétonnier, long de cinq cents mètres et large de dix mètres,  relie la vieille ville au quartier Mala Strana. Des milliers de touristes le traversent et cet afflux permanent gâche un peu la beauté de ce lieu unique qui date du Moyen Age. Une quarantaine de statues religieuses ponctue les parapets. Leur noirceur étonne car il est impossible de les rénover à cause de leur fragilité. Le temps les obscurcit et cette couleur sombre leur donne une aura particulière, nimbée de mystère, surtout la nuit. Il faut donc éviter si possible le pont entre 10h et 20h. J'ai préféré donc me balader la nuit, plus propice à la magie pragoise. La masse des touristes téléguidés s'est évaporée comme une nuée de moineaux et j'ai pris le temps de flâner sur le pont en écoutant des musiciens, en admirant le Château royal illuminé au loin sans oublier les tours, les clochers, les églises, le fleuve et les environs. Le terme "Praga magica" se savoure dans ces moments là. Les visiteurs vivent, alors,  une intimité avec cette cité millénaire pendant que toutes les formes architecturales s'estompent, les bruits de la ville s'étouffent, les couleurs se fondent dans un gris bleuté romantique. J'ai ressenti la magie de la ville à tous moments, mais surtout en fin d'après-midi et le soir. J'ai consacré une journée pour le Château, dominant la ville de toute sa splendeur. J'ai évité la foule du matin en pénétrant dans les jardins royaux où un militaire m'a fouillée pour des raisons de sécurité. Traverser ce parc était un enchantement avec la présence d'arbres centenaires, de massifs de fleurs et de statues. Alors que les touristes choisissent le Château (beaucoup de scolaires aussi), la galerie de peinture n'attire quasiment personne. Rodolphe II avait constitué les collections et j'ai retrouvé Lucas Cranach que j'admire particulièrement. Le Château royal mérite le détour pour son immense salle Vladilas, un chef d'œuvre du gothique flamboyant. La cathédrale Saint-Guy offre une belle surprise pour ses dimensions grandioses, ses vitraux, ses chapelles et son kitsch baroque. J'ai préféré la basilique Saint-Georges, un écrin roman d'une pureté absolue. Des vestiges de peintures du XIIe siècle sont visibles dans le chœur. J'ai terminé la visite de cet ensemble par la célèbre Ruelle d'or, composée de maisonnettes transformées en boutiques de souvenirs et en musées ethnographiques. Mais, la foule des touristes m'a vraiment découragée pour apprécier cette petite rue enchâssée entre la cathédrale et le Château royal. Du haut des jardins, Prague s'étage et s'étale tout au long du fleuve et constitue un panorama unique. Je savais que cet espace très prisé serait saturé de visiteurs (dont moi, évidemment), mais j'ai eu de la chance ce mardi matin d'arpenter ce lieu sans attendre des heures pour arpenter le Château et les sites voisins... Une visite incontournable, prioritaire dans une escapade de cinq jours...