jeudi 16 juillet 2020

Pratiques culturelles des Français

Le journal "Le Monde" évoque dans un de ses articles, daté du 11 juillet, une enquête sur les pratiques culturelles. Tous les dix ans, le Ministère de la Culture interroge quelques milliers de Français (9200, exactement), âgés de plus de 15 ans. Quels sont ces hommes et ces femmes qui vont au théâtre, au cinéma, dans les concerts, dans les musées, fréquentent les bibliothèques, écoutent la radio et regardent la télévision, lisent les journaux ? L'enquête des sociologues marque une rupture générationnelle. Une grande fracture s'opère aussi entre la culture dite patrimoniale ou "légitime" selon Bourdieu et la culture numérique, liée à Internet. Ces deux mondes ne se rejoignent pas : la culture classique ou patrimoniale voit son audience baisser ou stagner. Ce public à majorité féminin est souvent composé d'urbains aisés, diplômés, retraités. On parle des baby-boomers nés entre 1945 et 1955. L'autre public plus jeune, plus masculin, issu de tous les milieux, est "en pleine explosion". Ils vivent aussi bien en ville qu'à la campagne, ils "nagent" dans le numérique visuel et sonore. Le paysage culturel longtemps structuré par les gros consommateurs de livres, de cinéma, de concerts et de spectacles commence à s'effriter, les baby-boomers n'ayant pas un contrat avec l'éternité... Les jeunes lisent moins que leurs aînés, vont moins dans les musées et se détournent de la culture dite classique. La survie de ce monde traditionnel pose un problème à l'Etat : faut-il soutenir ce secteur au détriment d'un public plus éclectique, plus populaire ? La démocratisation culturelle se heurte depuis des décennies à une barrière infranchissable. Les nouvelles pratiques culturelles se concentrent sur l'écoute de la musique (8 personnes sur 10), les jeux vidéos (pour ceux qui sont nés après 1975),  les séries et les films sur des plates-formes de streaming comme YouTube et Netflix. Cet univers juvénile va certainement remplacer la planète des amoureux du temps long. Lire un livre, aller au cinéma, visiter un musée, ces actes culturels prennent du temps mais demandent aussi un élan pour sortir de soi et de chez soi. Les jeunes générations vont-elles un jour passer à côté de ces joies de l'être, de ces découvertes permanentes jubilatoires ? Imaginons un instant une ville sans théâtre, sans bibliothèque, sans salle de concert, sans librairie : un monde vide, inodore et sans saveur, un monde virtuel... Il est encore temps de préserver notre culture classique en intégrant la modernité des supports numériques. Les enquêteurs apportent une conclusion originale en ajoutant que les pratiques culturelles dites de tradition et celles du numérique peuvent aussi cohabiter dans une hybridation heureuse : j'en suis l'exemple même : j'aime les livres et aussi Internet, les podcasts, les série, etc... Mais, j'avoue avec humilité que les jeux vidéos ne m'attirent vraiment pas du tout ! Une question d'âge certainement !