vendredi 25 février 2011

Lydia Flem

J'ai regardé l'émission littéraire "La Grande Librairie" la semaine dernière et j'ai remarqué la présence de Lydia Flem qui vient d'écrire un roman sur "la maladie", "la reine Alice". Le Monde des livres du 18 février propose une très bonne critique de ce livre. J'avais lu dans le temps "La vie quotidienne de Freud et de ses patients" dans la très bonne collection "La vie quotidienne" chez Hachette. Et puis, j'ai re-découvert un livre magnifique qu'elle avait écrit en 2004 dans la collection "La librairie du XXIe siècle" au Seuil. Je l'ai donc relu d'une façon beaucoup plus intime suite à un deuil familial. Pour tous les lecteurs qui ont traversé cette épreuve, la perte des parents, il faut absolument lire cet ouvrage de 150 pages. C'est un chef d'oeuvre du genre : elle explique dans un style d'une simplicité limpide le phénomène du deuil, ce moment incommunicable, incommensurable, intolérable. Le titre du livre, "comment j'ai vidé la maison de mes parents", est déjà une invitation à la réflexion, à l'interrogation, à la contemplation. Je pourrais citer le livre en entier mais je vais extraire quelques lignes qui le résument à merveille : "Combien sommes-nous à vivre sans en parler à personne ce deuil qui nous ébranle ? Comment oser raconter ce désordre des sentiments, ce méli-mélo de rage, d'oppression, de peine infinie, d'irréalité, de revolte, de remords et d'étrange liberté qui nous envahit ? A qui avouer sans honte ou culpabilité ce tourbillon de passions ? A tout âge on devient orphelin."
Autre passage : "Après la mort de nos grands-parents, puis celle de nos parents, il n'y a plus personne derrière nous. Seulement, une double absence comme un terrible froid dans le dos. En disparaissant, nos parents emportent avec eux une part de nous-mêmes. (...) En les couchant dans la tombe, c'est aussi notre enfance que nous enterrons."
Les derniers chapitres abordent la très délicate question des "objets" de la maison parentale et Lydia Flem adresse aux lecteurs des conseils de bon sens pour se séparer de cet héritage encombrant. "Donner est un grand bonheur", dit-elle et elle termine son essai si salutaire en écrivant : "Devenir orphelin, même tard dans la vie exige une nouvelle manière de se penser. On parle du travail du deuil, on pourrait dire aussi rite de passage, métamorphose."
Ce récit autobiographique suscite l'adhésion totale du lecteur, surtout si celui-ci a vécu la perte des deux parents. Il m'a fait réfléchir sur cet état de mélancolie que l'on traverse souvent dans la journée. Livre-thérapie, livre-partage, ce livre, si petit par sa taille, vaut dix visites chez un médecin et surtout marque l'appartenance de chacun d'entre nous à la communauté universelle des orphelins...