jeudi 18 juin 2015

"Latin-Grec, inventaire avant liquidation", 1

Quand j'ai vu le titre de la revue Le Point sur la disparition du latin et du grec, je l'ai achetée tout de suite. Quand un hebdo présente une Une pareille, c'est assez rare pour le signaler. J'avoue que je suis un peu éloignée du monde scolaire mais la réforme du collège qui, d'ailleurs, est passée dans la loi ne semble pas attirer l'aval des professeurs et des "pseudo-intellectuels" selon notre ministre de l'Education. Quand elle confond Régis Debray, Simon Nora, et d'autres intellectuels avec des commentateurs de radio et de presse, elle est confondante de mauvaise foi... Bref, quand le système scolaire veut s'ajuster au "dénominateur commun" le plus faible,  les langues anciennes ne peuvent que disparaître. Quel gâchis de considérer ces biens culturels immatériels comme des matières marginales dans le cursus scolaire ! Les pragmatiques prônent l'apprentissage des langues vivantes, les travaux en groupe, le soutien individualisé, etc. Les classiques "archaïques" refusent le changement, se désespèrent du mépris institutionnel, regrettent l'élimination future de leurs savoirs ancestraux.  Certains pensent que ce combat  pour sauvegarder les langues anciennes fait partie des causes perdues. Mais quand même ! Nos racines culturelles viennent du grec et du latin. Notre langue française est composée de mots grecs et latins. Notre civilisation occidentale repose sur la philosophie grecque, le droit romain, la littérature homérique, les vestiges architecturaux, la démocratie, la splendeur de l'art antique, le sport olympique. Qui n'a pas envie d'être bon et beau, l'idéal grec, le kalos et agathos ? J'ai appris le latin à l'université pour obtenir ma licence de lettres. Et quand j'ai pris ma retraite, j'ai rencontré celle qui est devenue depuis deux ans, ma professeur de grec ancien. Une fois par semaine, elle m'accueille chez elle pour m'offrir l'apprentissage de cette langue, si belle et si complexe. J'aime décrypter les mots avec cet alphabet si mystérieux, maîtriser les déclinaisons, apprendre le vocabulaire, conjuguer les verbes à tous les temps dont le redoutable aoriste, traduire des petites fables d'Esope, aborder avec timidité des textes plus pointus. J'avance à petits pas grâce à la patience angélique de ma professeur de grec à la retraite. Quand j'étais jeune, je voulais apprendre le grec ancien mais, hélas,  je n'ai pas été inscrite dans les classes concernées. Cinquante ans après, je considère cette initiation comme un  deuxième chance pour apprendre cette langue antique. Deux voyages en Grèce et en Crète, la lecture des ouvrages de Jacqueline de Romilly m'avaient déjà donné envie de me lancer dans cette aventure linguistique... Dans un deuxième billet, je présenterai les livres d'apprentissage...