mercredi 20 décembre 2017

"C'est chose tendre que la vie..."

Né à Paris en 1952, André Comte-Sponville effectue ses études à l'Ecole Normale Supérieure et à la Sorbonne. En 1975, il obtient l'agrégation de philosophie. Il a enseigné en lycée et à la Sorbonne. En 1988, il quitte ses fonctions de professeur pour se consacrer entièrement à la philosophie. Auteur de nombreux essais qui ont le mérite d'être compris par un large public, il attire la méfiance de certains "puristes" qui n'apprécient pas sa méthode claire, sérieuse et pédagogique pour tous les curieux de philosophie. Il est parfois très difficile de pénétrer de plain pied dans les œuvres de Platon, Aristote, Descartes, Pascal, Montaigne, Spinoza sans citer les plus hermétiques comme Heidegger... Des médiateurs empathiques nous aident à découvrir ces sommets d'intelligence et d'érudition. Je préfère pour ma part André Comte-Sponville à Michel Onfray. J'ai donc lu dernièrement "C'est chose tendre que la vie", publié en 2015 chez Albin Michel et disponible en Livre de poche. Ces entretiens avec François L'Yvonnet empruntent leur titre à Montaigne, "C'est chose tendre que la vie, et aisée à troubler...". Le philosophe rappelle que "la philosophie (...) n'abolit pas ce trouble, toujours possible, mais rend cette tendresse-là un peu plus précieuse, un peu plus consciente, un peu plus réfléchie, un peu plus forte, un peu plus libre, un peu plus sage... Puis, il y a le plaisir de penser. Penser sa vie, et vivre sa pensée, du moins essayer... C'est la philosophie même".  André Comte-Sponville évoque, avec clarté et honnêteté, sa vie personnelle et son parcours professionnel, les influences de ses maîtres, ses valeurs, ses lectures. Il expose en profondeur les grands thèmes de ses livres : le bonheur (qu'il définit comme un gai désespoir), la politique, l'art, la morale. Ce tour d'horizon sur sa vie d'intellectuel  évite le piège de la simplicité démagogique et la forme de l'ouvrage en un dialogue structurant facilite la lecture parfois ardue de quelques concepts. Il rend ainsi hommage à tous ceux qui l'ont nourri : Epicure, les Stoïciens, Montaigne, Pascal, Spinoza chez les anciens et Marcel Conche, Lévi-Strauss, Clément Rosset pour les modernes. Il n'oublie pas la pensée orientale en pratiquant la méditation. Il propose dans ce livre dense sa philosophie : il est matérialiste donc athée, il prône la raison et revendique l'humanisme. Sa vision d'une civilisation universelle repose sur les droits humains et sur le libre arbitre. Si on veut découvrir la philosophie sans subir l'obstacle d'un langage complexe, André Comte-Sponville prend son lecteur par la main et lui explique avec patience et beaucoup de bienveillance les merveilles du questionnement...