mercredi 29 juin 2016

Marcel Proust

Daniel nous a proposé la découverte de Marcel Proust en six séances, le lundi matin. J'étais intéressée, évidemment, par ce projet avant l'été. J'ai même pensé que mon professeur de littérature (et de philosophie) allait me donner l'envie de relire cet écrivain français unique et vénéré. J'ai donc repris ma Pléiade pour commencer par le premier tome, "Du côté de chez Swann". Mais, j'ai vite délaissé ma belle reliure et j'ai préféré un petit volume de l'éditeur Point.2 qui me permet de souligner des phrases et des passages, ce que je ne ferai pas sur une Pléiade... J'avais découvert Proust à l'âge de 20 ans et je l'ai étudié à l'université. Je connais l'univers proustien : une tentative désespérée de retrouver le temps perdu, la présence du narrateur, la myriade de personnages tous liés aux uns et aux autres, l'amour-maladie, la jalousie, la place de l'art dans la vie. Les mots magiques des lieux jalonnent le récit que les lecteurs(trices) connaissent par cœur : Combray, Balbec, Illiers, Venise, Paris, etc. Et les noms des personnages emblématiques résonnent en nous : Swann, Odette, les Verdurin, Charlus, Gilberte, Françoise, Tante Léonie, Bergotte, Elstir, Vinteuil sans oublier la mère du narrateur. Et nous reconnaissons les extraits les plus connus : les aubépines, la madeleine trempée dans le thé, l'immense édifice du souvenir, les pavés de Notre Dame de Paris, les chambres, les salons, l'affaire Dreyfus... Et nous retrouvons les thèmes proustiens : l'homosexualité cachée, le sado-masochisme assumé, la désillusion des amours, la perte des êtres chers, la guerre de 14/18, etc. Proust personnifie aussi le style, un style inimitable, un vocabulaire magnifique, des phrases musicales, un rythme chaloupé, un effet de labyrinthe mental. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas relu et j'avoue que certains passages que je n'avais pas remarqués, m'ont davantage intéressée, en particulier, les réflexions philosophiques sur le temps, sur l'art et sur la psychologie des personnages. Proust ressemble à un archéologue qui gratte, fouille, prélève, sauve et préserve les tessons du temps perdu. Son œuvre continue à nous enchanter même si la lecture ressemble à un Himalaya littéraire. Il ne se passe rien de grandiose dans "La Recherche du Temps perdu", mais cette description méticuleuse d'une société disparue à tout jamais avec ses personnages inoubliables, symbolise la mission de la littérature : retenir le temps qui passe avec des mots...