vendredi 14 février 2014

"Le détour"

Je connais peu la littérature hollandaise, et comme je prépare un séjour à Amsterdam pour la fin mars, j'éprouve une curiosité aigue pour découvrir "l'âme" de ce pays, si tolérant et si fascinant pour sa culture, sa peinture, sa géographie maritime et tant d'autres richesses. Je préfère me rendre dans les pays du Sud, et je vous avoue mon quatuor préféré : Espagne-Italie-Grèce-Portugal... Mais, pour une fois, j'ai envie de la lumière du Nord, du Siècle d'Or de la peinture hollandaise, des clair-obscur de Rembrandt, des natures mortes, des maisons sur les canaux, de Van Gogh, des péniches sur l'eau... En dehors des guides touristiques, j'aime établir un programme littéraire à suivre et j'ai commencé par un roman de Gerbrand Bakker, "Le détour", publié chez Gallimard en 2013. Le personnage principal, une femme d'une quarantaine d'années fuit Amsterdam pour le pays de Galles. Elle fuit surtout un scandale lié à une liaison avec un étudiant à l'université où elle enseigne. Cette fugue s'accompagne d'une rupture avec son mari et ses parents, car elle se cache dans une petite maison qu'elle loue près d'un village. Commence pour elle une vie quotidienne, bercée par la lecture des poèmes d'Emily Dickinson (elle prépare une thèse sur la poétesse américaine) et par des balades dans la campagne galloise. Elle observe les oies qui vivent dans un pré, jardine, bricole, améliore son habitat quand, un jour, un jeune homme fait irruption et s'installe chez elle. Ils vont se découvrir et s'apprivoiser au fil des jours et partager leur malaise existentiel. Ce roman n'est pas un roman d'aventures, ni un roman social ou politique. Il prend ses racines dans l'étrangeté, dans une ambiance tendue de thriller nordique. Le lecteur(trice) se laissera séduire par cette femme qui se dérobe, lâche prise, et essaie de survivre dans un environnement rude, hostile et inhospitalier. Un roman néerlandais vraiment surprenant et original à découvrir.