jeudi 8 décembre 2022

Atelier Littérature, 3

 Après les commentaires sur l'influence d'Internet dans la littérature, nous avons consacré la dernière demi-heure aux coups de cœur. Geneviève a démarré avec l'un des plus grands succès de la rentrée littéraire, "Le mage de Kremlin" de Giuliano da Empoli, publié chez Gallimard. Prix de l'Académie française, ce premier roman détone par sa qualité d'écriture et surtout par son sujet éminemment politique d'une actualité brûlante. Un metteur en scène, Vadim Baranov, devient l'éminence grise de Poutine, dit le Tsar. Le narrateur reçoit les confidences de cet homme énigmatique qui lui relate les coulisses effrayantes du pouvoir poutinien : "Ce sont des bêtes féroces. Ils viennent du néant, ils se sont faits un chemin à coups de massue, sans règles, sans limites". Courtisans et oligarques se livrent un combat incessant et Vadim, le stratège de Poutine, organise son plan communication comme un théâtre politique où le Tsar règne sur ce monde avec un cynisme sans pareil. Un roman instructif sur ce personnage historique paranoïaque et sociopathe. Et pourtant, il mène son propre pays dans un abîme sans fond. Il faut absolument lire ce livre pour comprendre la mentalité "KGB" du pouvoir russe. Odile a présenté le récit de Sonia Devillers,  "Les exportés", paru en août. La famille maternelle de l'autrice a quitté la Roumanie communiste en 1961. Ils ont été "exportés" tels des marchandises vendues à l'étranger. Comment des êtres humains ont-ils pu faire l'objet d'un tel trafic ? Les archives des services secrets roumains révèlent l'invraisemblable. Sonia Devillers mène l'enquête et découvre les agissements sordides du pouvoir communiste échangeant des citoyens d'origine juive contre des animaux d'élevage pour nourrir la population. Ce récit autobiographique dépasse la fiction. Odile nous a donné l'opportunité de découvrir un aspect méconnu et scandaleux de la Roumanie communiste. Odile, la plus récente des lectrices, a beaucoup aimé un ouvrage du psychiatre, Emmanuel Venet, "Marcher droit, tourner en rond". Le narrateur, atteint du syndrome d'Asperger, aime la vérité, le scrabble, la logique et Sophie, une camarade de lycée, jamais revue depuis 30 ans. L'auteur entre dans le monde intérieur de l'autisme mais sans pathologisation. Parsemé de touches d'humour, ce texte original et bien écrit a vraiment "emballé" Odile. A nous de le découvrir. Régine a lu avec beaucoup d'intérêt le roman de Laura Imai Messina, "Ce que nous confions au vent", publié chez Albin Michel. Sur les pentes du mont Kujira-yama, se dresse une cabine téléphonique qui ne fonctionne plus. Pourtant des milliers de personnes décrochent le combiné pour confier des messages à leurs proches disparus. Yui a perdu sa mère et sa fille lors du tsunami de 2011 et elle se rend au sommet de la colline. Elle rencontre Takeshi, qui élève seul sa petite fille. L'écrivaine italienne a écrit un ode à la délicatesse des sentiments et à la résilience autour de la perte. Un beau roman plein de finesse et de poésie. Voilà pour livres préférés de novembre. L'hiver s'est bien installé et la lecture de très bons romans réchauffent le cœur...