lundi 28 janvier 2019

Rubrique cinéma

J'avais envie de découvrir le dernier Assayas, dont j'avais aimé "L'heure d'été" et "Sils Maria". "Double vies" raconte l'histoire d'un éditeur, Alain, directeur d'une maison d'édition centenaire. Son ami Léonard, écrivain un peu bohème, publie ses livres chez lui. Or, Alain n'a plus envie d'éditer son dernier manuscrit. En fait, il n'est pas convaincu par la qualité du texte. Dans un restaurant où ils déjeunent ensemble, l'éditeur lui annonce son refus de le publier. La femme d'Alain, Selena, tient un rôle dans une série télé populaire et incarne avec lassitude à l'écran une policière. Valérie, la compagne de l'écrivain, est attachée parlementaire et s'investit à fond dans cette relation professionnelle.  Cette comédie sentimentale entremêle les relations de ces deux couples dans un Paris de bobos intellos. Les intrigues amoureuses donnent un peu le vertige. Alain trompe sa femme avec sa collaboratrice, une brillante jeune femme, spécialisée dans la numérisation des livres. Selena vit une aventure avec Léonard depuis six ans. Seule, Valérie, la femme de Léonard semble s'adonner à la fidélité, valeur dépassée aux yeux de ces quadragénaires urbanisés. Mais, l'intérêt principal du film se situe dans les dialogues de très bonne qualité sur des sujets liés au monde de l'édition, de la littérature et de la révolution numérique. Tous ces thèmes se télescopent dans les personnages du film. Alain défend une certaine idée de l'édition sans se faire trop d'illusions sur la fin de son monde. Sa jeune maîtresse, obsédée par la réussite, ne jure par les ebook, les liseuses, la disparition des livres en papier. Selena vit mal sa célébrité, provoquée par la mode des séries. Léonard se cantonne à l'autofiction et utilise sa vie pour se raconter, pour dévoiler ses proches, surtout ses amours parallèles. Ce tourbillon de mensonges et de tromperies finit par épuiser les personnages. La valse des sentiments va cesser car les liens se disloquent au fil des images : séparations, abandons, retrouvailles. La vie, selon Olivier Assayas… Des acteurs excellents (Juliette Binoche, Guillaume Canet, Nora Hamzawi et Vincent Macaigne), des dialogues succulents, de l'humour acerbe, une comédie contemporaine, un horizon menaçant sur la culture de l'écrit, tous ces ingrédients forment un film intéressant, drôle et délicieusement français… 

vendredi 25 janvier 2019

"Arcadie"

Emmanuelle Bayamack-Tam vient de publier son onzième roman, "Arcadie", aux éditions P.O.L. Le lecteur qui ouvre un livre de ces éditions sait qu'il entre dans une zone littéraire souvent originale, particulière, singulière. "Arcadie" présente donc ces qualités rares dans la production éditoriale. Le personnage principal s'appelle Farah, une jeune adolescente qui vit dans une communauté depuis l'âge de six ans. Une immense bâtisse, un ancien internat de jeunes filles, lovée dans une vallée, près de Nice, accueille des inadaptés sociaux de toutes sortes : les anticonformistes, les écologistes anti-ondes, les végétariens, les phobiques des nouvelles technologies, les handicapés, bref, tous ceux qui rejettent les normes sociales et préfèrent la liberté des mœurs. Un chef charismatique, nommé Arcadie, règne dans cette microsociété paradisiaque. Ce jouisseur bedonnant subjugue tous les membres de ce clan tel un gourou traditionnel. Son grand slogan, "l'amour triomphe de tout", rythme la vie du groupe. La petite Arcadie adopte cette règle car elle veut offrir sa virginité à Arcadie. Mais, Farah n'est pas totalement une femme. Son identité sexuelle, proche de l'androgynat, la magnifie aux yeux d'Arcadie qui l'initie à l'amour physique. A Liberty House, tout est permis. Dans cet Eden d'un autre âge, l'irruption du monde extérieur se manifeste avec l'arrivée clandestine d'un migrant africain. Farah veut l'accueillir, sa générosité débordante l'incite à cacher et à nourrir cet homme esseulé. Comme "l'amour triomphe de tout", la jeune adolescente compte bien intégrer le nouveau venu. Mais, après une délibération du groupe, Arcadie refuse l'aide au migrant. Le dépit de Farah la conduit à quitter la communauté et à rejoindre le monde de la réalité sociale. Elle va rencontrer une amie dans une boite de nuit et entame sa première relation amoureuse. A la fin du roman, Arcadie et les membres de la communauté sont dénoncés par la presse et tout est remis en question. Je ne dirai pas la fin de ce roman étrange et dérangeant. Cette fresque à la Jérôme Bosch, servie par une écriture baroque, n'a pas obtenu de prix littéraire : elle aurait mérité le Prix Médicis… 

lundi 21 janvier 2019

Rubrique cinéma

Comme j'aime la littérature, je me précipite dans les salles de cinéma qui diffusent des films inspirés par les écrivains. J'ai donc vu "Colette" du réalisateur britannique Wash Westmoreland. Evidemment, je l'ai vu en version originale et cet effet sonore m'a un peu dérangée. Imaginer notre héroïne en langue anglaise est un peu surprenant et déroutant. Keira Knightley incarne magnifiquement notre écrivaine nationale. Le biopic raconte les débuts de sa carrière dans les lettres quand elle rencontre l'écrivain Willy, pseudonyme de Henry Gauthier-Villars. Elle se marie avec cet homme plus âgé qu'elle pour quitter ses parents et sa campagne bourguignonne. Son mari utilise les talents de jeunes auteurs et ne se gêne pas pour signer les écrits de Colette. Ce macho cynique superbement antipathique gruge cette pauvre jeune femme sans remords. A cette époque, les femmes n'occupaient pas une place privilégiée dans le monde de l'édition et la société ultra patriarcale ne supportait aucune exception. Le film aborde ce problème et à la même époque, ma chère Virginia Woolf dénonçait la mise sous tutelle des femmes dans son œuvre "Une chambre à soi". Pour écrire, il faut être libre et Colette va conquérir au fil des images sa liberté d'écrivain. Quand elle compose les quatre tomes des "Claudine", les textes sont signés de Willy. Le succès immédiat et populaire de "Claudine à l'école" éclate dans cette société corsetée comme les femmes de l'époque. Le film montre bien l'engouement du public pour "Claudine" qui provoque un certain scandale. Colette ose évoquer l'amitié amoureuse entre filles… Son mari, toujours aussi séducteur compulsif, la trompe et l'exploite sans vergogne. Mais, la vie va changer pour elle. La jeune femme rencontre un mime qui l'influence pour monter sur les planches (1906 à 1912) avec une amie, Missy, avec laquelle elle entame une relation amoureuse. Elle s'émancipera de son mari et signera de son nom, sa nouvelle œuvre, "La Vagabonde". Le film évoque la période de sa jeunesse et surtout de sa libération quasi féministe, une attitude avant-gardiste pour cette époque. Le film n'est pas un chef d'œuvre absolu, mais se laisse regarder avec plaisir. Comment ne pas succomber au charme de cette femme rebelle, bisexuelle, à l'accent rocailleux dans un milieu parisien d'un snobisme ridicule ? Colette, une des plus grandes écrivaines françaises, n'a pas inspiré nos réalisateurs(trices) français et il a fallu attendre les Anglais pour lui rendre hommage… Quelle ingratitude pour nos créateurs(trices) ! Film un peu trop académique, mais soigné dans les décors, les costumes, les photos et surtout dans l'évocation de cette écrivaine de génie… 

jeudi 17 janvier 2019

Atelier Lectures, 4

Je reprends l'évocation des journaux intimes et récits autobiographiques avec Evelyne qui a relu le "Journal" d'Anne Frank. Ce témoignage unique sur la vie d'une adolescente confinée dans un minuscule appartement a conservé toute sa force littéraire et surtout humaine. En 1942, les Frank s'installent clandestinement dans l'annexe d'un immeuble. Ils sont arrêtés en 1944 sur dénonciation. Déportée à Auschwitz, puis à Bergen-Belsen. Anne Frank meurt du typhus en 1945, peu après sa sœur Margot. Son témoignage sur la vie quotidienne d'une famille juive dans la période nazie a marqué des générations de lecteurs(trices) et continue à émouvoir. A Amsterdam, le musée d'Anne Frank reçoit des visiteurs du monde entier et j'avais remarqué un silence religieux, solennel, respectueux quand nous montions les marches et traversions les petites pièces de l'appartement. Les jeunes qui, par groupes, défilaient dans l'appartement, ne plaisantaient pas, ne jouaient pas avec leurs smartphones… Ce journal restera à tout jamais dans notre mémoire. Odile a lu attentivement un autre journal intime, tenu par Hélène Berr, jeune juive parisienne. Elle commence à écrire en avril 1942 et décrit son quotidien d'étudiante à la Sorbonne, ses lectures, ses balades et sa vie amoureuse. Quand elle doit porter l'étoile jaune, sa vie bascule dans la peur. Elle raconte l'application des lois antijuives de Vichy, la peur des rafles et en 1944, elle est arrêtée. Elle meurt à Bergen-Belsen un an plus tard. Son journal constitue un document exceptionnel sur cette période tragique. Pendant cinquante ans, ce manuscrit était seulement un trésor familial. Consultée par les chercheurs au Mémorial de la Shoah, la famille a publié ce journal qui appartient dorénavant au patrimoine littéraire et à l'Histoire. Janelou a lu et beaucoup apprécié "Mémoire de fille" d'Annie Ernaux. L'écrivaine se souvient de l'été 1958, de sa première nuit avec un homme dans une colonie de vacances. Elle se souvient de sa jeunesse : "J'ai voulu l'oublier cette fille. L'oublier vraiment, c'est-à-dire ne plus avoir envie d'écrire sur elle. Ne plus penser que je dois écrire sur elle, son désir, sa folie, son idiotie et son orgueil, sa faim et son sang tari. Je n'y suis jamais parvenue". L'écrivaine s'appuie sur des souvenirs, des photos et des lettres à ses amies. Au fond, elle ne reconnaît pas cette jeune adolescente. Annie Ernaux ou l'écriture au scalpel, sans concession et sans fioritures. A lire sans tarder. La lecture implique une certaine solitude volontaire, l'atelier permet de nous retrouver autour des livres, des lectures partagées pour notre plus grand plaisir, du moins, je l'espère… 

mardi 15 janvier 2019

Atelier Lectures, 3

Pour l'atelier Lectures de ce mois de janvier, j'avais proposé une bibliographie sur les journaux intimes et les récits autobiographiques dans la littérature. Je commencerai par le dernier livre de Henning Mankell, écrivain suédois, disparu en 2015. Régine a beaucoup aimé cette œuvre intimiste non chronologique. Il nous confie "ses réflexions sur des moments de sa vie, sur des personnes qui l'ont marqué, également sur l'avenir de notre civilisation". L'écrivain ne s'apitoie jamais sur lui-même mais énonce parfois des remarques sombres sur la destinée humaine : "Tout sera perdu et réduit à néant". Il évoque le rôle des livres dans sa vie : "Dans les moments difficiles, prendre un livre et m'y perdre, disparaître dans le texte a toujours été ma façon à moi d'obtenir soulagement, consolation ou, du moins un peu de répit". Régine qualifie ce beau récit de "fort, très dense, empli de réflexions qui font écho à nos propres questionnements". Pascale a lu comme Geneviève le récit, "Ecrire" de Marguerite Duras, des textes sur le "silence, l'abandon et la solitude de l'écrivaine". Elle compose ces lignes dans sa maison de Neauphle le Château, sa résidence secondaire où elle se réfugiait pour écrire. Et elle évoque son rapport à l'alcool. Des pages d'une intensité "durasienne"... Pascale a aussi apprécié "les journaux de voyage" d'Albert Camus, édités chez Folio. L'écrivain découvre New York en 1946 et note que la ville ressemble à une "foire lumineuse". Il ressent la puissance économique du pays qu'il trouve "sans humanité". En 1949, il part au Brésil où il voit la pauvreté partout. Il se sent déprimé et évoque le suicide. Seule la mer, l'océan lui procurent un apaisement intérieur. Ces journaux donnent une image différente de l'écrivain, celle d'un homme public, las des mondanités et enclin à un sentiment de solitude. Danièle aime bien Sylvain Tesson que d'autres lectrices du groupe n'apprécient pas beaucoup. Son journal, "Une très légère oscillation", raconte sa lente rééducation après une chute sévère d'un toit. Cet aventurier géographe manie l'humour, la dérision, comme dans son aphorisme relevé par Danièle : "Un fleuve bordé de saules pleureurs, est-ce une rivière de larmes ?". Il parle de sa convalescence, cloué dans un lit de l'hôpital, sans s'avouer vaincu. Sa curiosité débordante et touche à tout passe des attentats terroristes au pape, de la politique française à la littérature, des rencontres à ses escapades. Il incite ses lecteurs(trices) à jouir du moment présent, à considérer la vie comme un cadeau unique et non renouvelable… Je partage avec Danièle ma sympathie pour ce drôle de "paroissien" des lettres françaises… La suite, demain.  

lundi 14 janvier 2019

Amos Oz

Le prix Nobel a encore oublié un des plus grands écrivains de la planète : Amoz Oz. Il vient de mourir d'un cancer le 28 décembre à 79 ans. J'avais présenté cet écrivain israélien dans l'atelier Lectures et j'avais lu son plus grand chef d'œuvre, "Un histoire d'amour et des ténèbres", publié en 2003. Ce roman biographique racontait son histoire familiale si singulière. Il est né à Jérusalem d'un père, bibliothécaire et d'une mère, professeur d'histoire. Ces parents ont immigré d'Europe de l'Est dans les années 30, fuyant l'antisémitisme ambiant. L'oncle de son père fut candidat à la présidence de l'Etat d'Israël. Un drame surgit dans son enfance (il a à peine douze ans) car sa mère se suicide. Cet événement le traumatisera à vie. A l'âge de quinze ans, il rejoint un kibboutz et devient un sioniste de gauche. Il commence à écrire, se marie, donne naissance à un fils. Il quitte le kibboutz dans les années 50. Il commence à publier dans les années 60. Cette carrière dans la littérature ne l'empêche pas de participer à la Guerre des Six Jours en 1967. Il a écrit une vingtaine d'ouvrages en hébreu et près de 450 articles et essais. Dans son œuvre, il explore les êtres, leurs espoirs comme leurs désillusions, leur rapport aux autres et il se met toujours à la place d'autrui. L'amour, l'amitié, la solitude, les émotions, Amos Oz les décrypte avec une empathie totale. Il utilise le format court des nouvelles pour illustrer sa vision de la condition humaine. Ses nouvelles sont souvent reliées entre elles et forment des "romans en nouvelles". J'ai souvent comparé Amos Oz à un Tchekhov oriental. Sur le plan politique, Amos Oz s'est engagé pour la paix, pour la création de deux états, Israël et la Palestine. Il est l'un des premiers à plaider cette solution après la Guerre des Six Jours. Reconnu dans le monde entier, il a obtenu de nombreux prix : Prix Primo Levi, Prix Kafka, Prix international de Littérature, etc. Cet homme de paix et de littérature a écrit son amour des livres dans  "Une histoire d'amour et de ténèbres" : Les livres… Il y en avaient des milliers dans tous les coins de la maison. On aurait dit que les gens allaient et venaient, naissaient et mouraient, mais que les livres étaient éternels. Enfant, j'espérais devenir un livre quand je serais grand. Pas un écrivain, un livre : les hommes se font tuer comme des fourmis, les écrivains aussi. Mais, un livre, même si on le détruisait méthodiquement, il en subsisterait toujours quelque part un exemplaire qui ressusciterait sur une étagère, au fond d'un rayonnage dans quelque bibliothèque perdue, à Reykjavik ou Vancouver". Je partage le même rêve que cet immense écrivain…  

vendredi 11 janvier 2019

Rubrique cinéma

Je commence bien l'année avec un bon film : "Une femme d'exception" de la réalisatrice américaine Mimi Leder. Comme j'ai gardé et je garderai la fibre féministe jusqu'à la fin des temps, j'avais envie de voir ce biopic qui raconte la vie d'une avocate, Ruth Bader Ginsburg.  Elle siège aujourd'hui, à 85 ans, à la Cour Suprême et elle est considérée comme l'une des plus grandes figures progressistes des Etats-Unis (cela nous change du président !). Dans les années 60, jeune avocate idéaliste, Ruth vient d'avoir un enfant et ne trouve aucun cabinet qui veut bien l'engager. Elle accepte une affaire fiscale avec son mari et elle comprend que sa carrière démarre. Elle prend conscience de la discrimination fondée sur le sexe. L'affaire dont elle s'occupe concerne un homme qui prend en charge sa mère très gravement malade. Il ne bénéficie d'aucune aide sociale parce que la loi stipule que ces rôles d'aidants sont occupés par des femmes. A partir de cette anecdote, l'avocate se bat avec l'aide de son mari pour faire admettre aux trois juges la discrimination dont cet homme est victime. Ce film, écrit par le propre neveu de Ruth Bader Ginsburg, a été nourri par les commentaires de la juge elle-même. Il a épluché les archives personnelles de sa tante et celles de la Bibliothèque du Congrès. La réalisatrice construit son film d'une façon classique, solide, sans effets artistiques pour valoriser le combat juridique nullement ennuyeux de l'avocate. Car cette héroïne des temps modernes a fait évoluer les mentalités et la société américaine. Dans les années 60, les femmes ne disposaient pas des droits conquis aujourd'hui après des longues luttes, des luttes pacifistes… Le couple uni et solidaire qu'elle forme avec son mari n'était pas courant à cette époque et le film s'attache à évoquer l'aspect égalitaire des relations femmes-hommes. Porté par Felicity Jones, le personnage de Ruth s'affine au fil des images et s'affirme avec force face aux injustices subies par les femmes même dans un pays démocratique. Un beau portrait de femme, une lutte juste pour des droits justes, du cinéma efficace, sans fioritures… 

jeudi 10 janvier 2019

Atelier Lectures, 2

Véronique nous a parlé du roman de Marina Carrère d'Encausse, "Une femme blessée" qu'elle a beaucoup apprécié. Fatimah, une femme kurde irakienne, victime de brûlures, se confie à son amie, Malika. Mariée de force, violée par son mari, elle attend un enfant qu'elle veut cacher tellement elle éprouve de la honte. La journaliste raconte à travers ce personnage le sort funeste des femmes dans cette société patriarcale et violente. Annette a présenté un livre de l'écrivain Francisco Coloane, "Cap Horn". Cet ouvrage, publié en 1941, conserve toute sa magie et raconte dans ses magnifiques nouvelles, ce bout du monde, nommé Patagonie, avec son climat rude, sa nature inhospitalière, ses hommes et ses femmes courageux qui vivent dans ce coin perdu et sauvage. Les critiques littéraires qualifient cet écrivain chilien, mort en 2002, de Jack London de l'Amérique du Sud. A découvrir sans tarder. Annette a même employé les termes de "gerbe de vie, feu d'artifice, communion avec la nature"... Elle a aussi mentionné un des plus beaux romans de la rentrée, celui de Jérôme Ferrari, "A son image". Si on aime la Corse, la photographie, des personnages forts, une belle écriture, il faut lire ce livre… Odile a présenté le roman documentaire d'Olivier Guez, "La disparition de Josef Mengele", prix Renaudot en 2017. Ce terrible personnage nazi arrive en Argentine en 1949. L'ancien médecin tortionnaire à Auschwitz se dissimule sous divers pseudonymes à Buenos Aires avec la bienveillance de Peron. Quand la traque des nazis reprend, il s'enfuit au Paraguay, puis au Brésil. Il meurt mystérieusement sur une plage en 1979. Pendant trente ans, il a évité son arrestation en errant de planque en planque. L'auteur décrit dans cet ouvrage un monde de ténèbres et de corruption, symbolisé par cet homme monstrueux. Ce sujet n'attire pas les lecteurs(trices) qui peinent à entrer dans cette noirceur humaine, mais il faut parfois accompagner ces écrivains éclaireurs de notre condition humaine. Cette littérature d'alerte, de décryptage des faits historiques mérite toute notre attention. Je n'ai pas encore lu ce livre et je me promets de le découvrir au plus vite. Les coups de cœur : éclectisme, diversité et reflets des goûts littéraires du groupe… 

mercredi 9 janvier 2019

Atelier Lectures, 1

L'atelier Lectures a réuni une bonne quinzaine de participantes ce mardi 8 janvier à la Maison de quartier de Chambéry. Après les traditionnels vœux, la séance a démarré avec les coups de cœur. Geneviève a découvert Jean-Paul Dubois et son dernier roman, "La succession", paru dans la collection Points Seuil. Il est question de pelote basque à Miami, d'un personnage, Paul qui sera confronté à un drôle d'héritage, cette douloureuse "succession", en fait, la malédiction du suicide. Ce livre à la fois cocasse et grave révèle tout le talent de cet écrivain français original. Danièle a mentionné "La Tâche" de Philip Roth qu'elle a beaucoup appréciée. Evelyne a évoqué un ouvrage régional de Franche-Comté, "Les rédacs de quand on était petit". ouvrage plein d'humour et de nostalgie. Janine a beaucoup aimé le deuxième tome de la saga de Karitas, "L'art de la vie" de l'écrivaine islandaise, Kristin Maria Baldursdottir.  Janelou a présenté "Idiss" de Robert Badinter, un des meilleurs livres de l'année passée, un portrait émouvant sur sa grand-mère et sur sa famille. Agnès s'est vraiment enthousiasmée pour "Avec toutes mes sympathies" d'Olivia de Lamberterie. Cet hommage paradoxalement joyeux à son frère suicidé pourrait effrayer les lecteurs(trices) mais bien au contraire, l'auteur préfère retenir les instants de vie d'une personnalité flamboyante en proie à une dépression latente. Mylène a choisi un documentaire sur la vie de Françoise Dolto, "Françoise Dolto, une journée particulière", écrit par Caroline Eliacheff, psychanalyste et pédopsychiatre. Elle évoque,  trente ans après sa mort, la clinicienne de génie, la femme d'un seul homme, la mère, la citoyenne engagée. La forme du livre, découpée en onze petits chapitres, permet une lecture facile et instructive. Françoise Dolto est un peu oubliée de nos jours et cet ouvrage remet à l'honneur cette femme exceptionnelle. Pascale offre souvent un roman de Fellag, homme de théâtre et humoriste. "L'allumeur de rêves berbères". A Alger, dans les années 90, la ville est en proie à la terreur. Zakaria, un écrivain, menacé de mort, se terre chez lui d'où il observe ses voisins et raconte des histoires graves ou rocambolesques. La suite, demain. 

mardi 8 janvier 2019

"Lèvres de pierre"

Nancy Huston a choisi pour son dernier roman, "Lèvres de pierre" un sujet difficile dans la première partie de son livre : le portrait du responsable des Khmers rouges, Pol Pot. Comment lire des pages sur ce personnage morbide et cruel ? L'écrivaine aborde ce sujet avec une question lancinante sur le devenir d'un jeune garçon cambodgien, Saloth Sâr, dont la trajectoire aboutira à un des pires génocides du XXe siècle. Dans la deuxième partie du roman, Nancy Huston évoque sa propre jeunesse en "Mad girl", l'épopée d'une jeune canadienne, attirée par une certaine radicalité féministe. La narratrice explicite cette mise en perspective de deux destins croisés : "Il n'était pas impossible que, malgré leurs dissemblances flagrantes, nos trajectoires s'éclairent l'un l'autre". Saloth Sâr, "l'Homme nuit", passe son enfance dans un village rural, intègre à neuf ans, une communauté de moines bouddhistes comme novice. Son éducation se poursuit dans une école française où il fait la connaissance troublante d'un prêtre amoureux de cet adolescent. Cet homme d'église l'initie à la littérature et à la culture française. En 1949 et grâce à une bourse d'étudiant, le jeune homme rejoint Paris pour une école de radioélectricité car ses résultats scolaires frôlent le désastre. Il noue une relation avec un neveu du roi du Cambodge qui lui fait connaître le jazz, Saint Germain des Prés, et le Paris de ces années-là. Il s'engage dans le communisme dans les années 50 et ne quittera plus cette idéologie en imposant la terreur des Khmers rouges dans son pays. Malgré ce passage à Paris, l'engagement aveugle de cet homme terrifiant fascine Nancy Huston : comment peut-il basculer dans la monstruosité inhumaine ? Elle ne donne pas de réponse et évoque son propre parcours de militante féministe. Elle emprunte un surnom, Dorrit, et raconte son parcours de femme, de l'amante d'un professeur à la lutte pour ses droits dans un Paris des années 70. Elle interroge sa radicalité politique, sa détestation des hommes dominateurs, sa découverte des idées féministes beauvoiriennes. Elle évoque avec sincérité et franchise sa mutation révolutionnaire jusqu'à sa vocation d'écrivain, de compagne et de mère de famille. Les deux parcours n'ont pourtant rien de commun mais Nancy Huston rappelle que l'aveuglement politique reste une énigme, un mystère de la personnalité humaine. Ce roman singulier, original, puissant peut déranger, troubler et bousculer les lecteurs(trices) peu familiers de l'univers "hustonien'. Ce livre mélange les destins individuels à l'Histoire, l'un sombre dans la barbarie, l'autre accède à une renaissance...

lundi 7 janvier 2019

Mes 8 meilleurs films de l'année

Je vais régulièrement à l'Astrée, une à deux fois par mois selon la programmation. J'avoue que pendant l'été, je fréquente peu les salles car je préfère profiter du soleil et de ma terrasse… De plus, (c'est peut-être un effet de mon "grand âge"), je deviens de plus en plus sélective dans mes choix, ce qui restreint la fréquentation des cinémas. J'ai quand même établi une liste de films pour 2018, des films que j'ai plus particulièrement appréciés. Sur les seize films vus, je n'en retiens que huit. Je les cite de façon chronologique :
- "3 Billboards, les panneaux de la vengeance" de Martin MacDonagh, film anglo-américain. Un portrait d'une femme, Mildred, désespérée que le crime de sa fille reste impuni. Elle part en guerre contre les policiers pour leur demander des comptes. Une actrice monumentale...
- "Call me by your name" de Luca Guadagnino. Pour l'Italie, les années 80, le charme d'une maison de famille, la torpeur de l'été, l'initiation au premier amour.
- "Plaire, aimer, courir après" de Christophe Honoré. Sur le Sida, les amours homosexuelles, la famille, l'amitié. Une réussite portée par l'excellent Vincent Lacoste. 
- "Désobéissance" de Sébastian Lelio, film américain qui retrace l'histoire d'une femme juive-orthodoxe se libérant du carcan des traditions.
- "A l'heure des souvenirs" de Ritesh Batra, film anglais avec Charlotte Rampling d'après un roman de Julian Barnes. Charmant, nostalgique, intimiste. 
- "Girl" de Lucas Dhont, film belge très émouvant sur la transsexualité. Lara veut devenir danseuse étoile. Mais, son corps de garçon ne lui obéit pas… Elle veut changer de sexe pour vivre son rêve fou. 
- "Wildlife, une saison ardente" de Paul Dano, film américain. Un jeune adolescent raconte la séparation lente de ses parents. Emouvant et délicat.
- "Bookshop", film anglais, le portrait d'une libraire dans une Angleterre des années 60. Pour la librairie, l'amour des livres, l'éloge de la littérature. 
L'année 2019 sera-t-elle pour moi une belle année cinématographique ? Réponse l'année prochaine en janvier 2020... 

vendredi 4 janvier 2019

"L'eau qui passe"

Frank Maubert, spécialiste de l'art et écrivain, vient de publier un roman, "L'eau qui passe" chez Gallimard. Dès la première phrase, le narrateur décrit son "Ithaque" : "J'ai tout de suite aimé cette maison au bord de la rivière et je l'ai choisie pour sa proximité immédiate de l'eau". Je savais que je l'habiterais à l'exclusion de tout autre lieu. Et que j'y écrirais". Ce refuge, sa maison, baptisée Chêne-Bleu, se niche au milieu d'une nature, arborée de peupliers, de frênes, d'aulnes où il se ressource sans cesse. Ce paysage permet au narrateur de se souvenir de son enfance car il a été confié à un couple d'émigrés, Irmina, d'origine polonaise, et Anselm, ouvrier agricole allemand. Ils habitaient une maisonnette à Provins. Avec ses parents adoptifs, il participait aux travaux des champs, pêchait avec son père, se promenait dans les bois, et s'initiait à une vie simple et modeste. A sept ans, une femme, sa mère naturelle, vient le chercher et l'arrache à son foyer. Le jeune garçon ne reçoit aucun geste d'amour, de tendresse et sa mère, cette inconnue, le conduit directement chez ses grands-parents qui vont s'occuper de lui pendant six ans. Sa mère lui déclare qu'il ressemble à son père sans donner des explications. Elle revient le chercher pour l'installer à Nanterre dans son petit appartement. Les relations avec cette femme dure et acerbe ne s'améliorent guère. La figure du père reste un secret qui empoisonne leur lien familial. Le narrateur apprendra très tard que ce père mystérieux était le complice de Jacques Mesrine, le célèbre gangster des années 70. Il fut emprisonné et libéré, devenant un détective privé. Le narrateur n'établira aucun contact avec cet homme marginal. Malgré cette absence cruelle d'un père et l'indifférence d'une mère, le narrateur se construit grâce à l'art et à la présence constante de la nature. Cette maison le soigne d'une enfance ratée et quand sa mère vient le retrouver pour enfin amorcer une explication tant attendue, il la renvoie sèchement chez elle : "On ne rejoue pas une enfance, on ne reconstruit pas sur des cendres. Après coup, j'ai bien eu conscience que je l'avais atteinte d'un poing de pierre." Ce beau roman-récit autobiographique ressemble à un journal intime apaisée malgré les souffrances d'un adulte en mal d'enfance. Frank Maubert évoque aussi la révélation de l'art dans sa vie et ses nombreuses rencontres avec des artistes. Un livre sensible, émouvant et d'une écriture somptueuse. 

jeudi 3 janvier 2019

Rubrique cinéma

J'ai vu à Aix les Bains, au Victoria, un bien joli film anglais, "The Bookshop", réalisé par Isabel Coixet. En 1959, dans une petite bourgade du Nord de l'Angleterre, Florence Green décide de racheter une vieille bâtisse historique, The Old House, pour installer sa librairie. Veuve de guerre, la jeune femme dévore les livres, adore les livres et comme elle se cherche une activité, elle pense à ouvrir un petit commerce très particulier : une librairie. Mais, dans ce village en bord de mer, on compte les lecteurs sur les doigts d'une main. Quelques villageois se liguent contre ce projet, en particulier, une dame fortunée qui ne supporte pas que la Old House se transforme en magasin alors qu'elle veut la récupérer pour créer un centre d'art avec l'appui de son mari, le général, homme snob et borné. Mais, la libraire découvre dans ce village, un misanthrope, retiré dans sa maison et s'adonnant exclusivement à la lecture et aux promenades en bord de mer. Une relation amicale s'établit entre le lecteur et la jeune femme. Elle lui envoie des colis de nouveautés pour lui faire connaître la littérature de l'époque. Florence embauche une petite jeune fille qui l'aide après l'école alors qu'elle n'aime pas lire. Ces deux personnages, le vieux monsieur et la jeune adolescente, forment un rempart contre la méchanceté et la stupidité de certains villageois. Quand la libraire met en vente avec une certaine audace et un courage certain, le "Lolita" de Nabokov, la colère des villageois éclate. La libraire ne peut plus exercer son métier car le village ne l'accepte plus. Elle devra céder et quitter sa librairie. Le film se regarde avec plaisir même s'il n'est pas un chef d'œuvre cinématographique. J'ai surtout pensé à ma propre expérience de libraire dans les années 70 et j'ai retrouvé cet attachement que l'on éprouve pour ce commerce magnifiquement intelligent. Le charme suranné des vieilles librairies anglaises, chaleureuses, intimistes, peut séduire et emporter l'adhésion des lecteurs(trices). Adapté d'un roman de Penelope Fitzgerald, l'histoire pourrait se dérouler en tous lieux et en tous temps. L'intolérance et la bêtise règnent toujours quand les livres deviennent des outils de liberté et de culture. Cette libraire s'efface mais a semé des graines dans la tête de la jeune fille qui deviendra libraire à son tour. Une belle tradition, une transmission générationnelle d'une importance capitale. Tant qu'il y aura des livres, des librairies et des bibliothèques, nous serons libres…

mercredi 2 janvier 2019

Mes relectures de l'année 2018

En feuilletant mon carnet où je note mes lectures, je me suis rendue compte que je commençais à relire mes écrivains préférés. Ma bibliothèque abrite depuis des décennies mes coups de cœur littéraires. Quand je regarde toujours avec bonheur mes murs du salon, couverts de livres, j'ai envie de tout relire. Il me faudrait une deuxième vie pour entreprendre ce projet, mais, comme tout le monde le sait bien, nous ne disposons que d'une seule. Je vais donc "trier" ces écrivains qui m'ont accompagnée tout au long de mes années de lectrice passionnée. Je commence par Virginia Woolf. Cet été, j'ai relu "Traversées" dans la Pléiade alors que dans les années 70, ce roman portait le titre plus explicite, "La traversée des apparences". Quand je me replonge dans l'univers woolfien, je vis une expérience incroyablement intense, dense, intimiste. Je retrouve l'atmosphère proustienne du roman, mais, je découvre avec plus de profondeur, la psychologie des personnages, et aussi, l'humour grinçant qu'elle manie en décrivant les relations sociales. Indispensable Virginia dans ma planète intérieure… Je poursuivrai cette année l'exploration de ses œuvres. J'ai repris aussi l'édifice mémoriel de Marguerite Yourcenar avec son "Labyrinthe du monde". J'ai relu les deux premiers tomes, "Souvenirs pieux" et "Archives du Nord". Quel régal de lecture : description épique et précis d'un monde complétement révolu, des souvenirs d'une historienne familiale, des pensées philosophiques, une fresque sociale. Cette année, je dois terminer le troisième tome, "Quoi ? L'Eternité ?" et enfin re-savourer "L'œuvre au noir". Dans mon programme de retour aux sources, j'ai donc saisi la Pléiade de Julien Gracq et j'ai relu avec admiration "Le balcon en forêt", un roman sur l'attente, la guerre de 39, la présence inquiétante d'une nature cachée. Un des plus beaux romans de la littérature française. Je terminerai mon billet avec deux écrivains amis : Albert Camus et Pascal Quignard. Je lis souvent "du" Camus sans m'en lasser : "Le mythe de Sisyphe" et les "Carnets" en trois tomes chez Folio. J'ai repris le premier tome de l'immense projet littéraire de Pascal Quignard, "Dernier royaume" qui en compte dix au total. Une lecture renouvelé, encore plus lumineuse que la première fois. Cette année, dans ma liste, je vais repartir sur les traces de Simone de Beauvoir dans la Pléiade et aussi de Marguerite Duras sans oublier quelques classiques. Quand je dis qu'il me faudrait dix vies pour tout reprendre… 

mardi 1 janvier 2019

Mes 10 meilleurs livres de l'année 2018

Comme tous les ans, j'aime bien établir des bilans dans tous les domaines, en particulier dans l'univers de mes lectures. Je note tous les livres que j'ai lus en 2018 et les ai comptés. A mon grand étonnement, j'arrive à cent vingt livres… Si je divise par douze mois, mon appétit de lectures se confirme : dix livres par mois. J'ai peut-être un peu triché en notant tous les guides que j'utilise pour mes escapades en Europe. Mais, depuis que je suis à la retraite, j'avoue que je lis beaucoup et toujours avec la même intensité. Il m'est donc difficile de choisir dix livres mais, les titres que je révèle se sont imposés sans difficulté. Evidemment, ma plus grande émotion, je l'ai ressentie avec "Le Lambeau" de Philippe Lançon que je mets en tête de liste. Voici mon palmarès sans hiérarchie :
- "Le Lambeau" de Philippe Lançon, une tragédie contemporaine et pour son témoignage sur sa reconstruction,
- "Un monde à portée de mains" de Maylis de Kerangal, un style et un vocabulaire d'une richesse flamboyante pour décrire l'univers des fresques,
-  "ça raconte Sarah" de Pauline Delabroy-Allard, pour une histoire d'amour passionnelle entre deux femmes, un premier roman remarquable,
- "La chance de leur vie" d'Agnès Desarthe, un départ familial aux Etats-Unis pour se ressourcer ou s'autodétruire… 
- "Forêt obscure" de Nicole Krauss, un roman fascinant, complexe et original, une écrivaine américaine à découvrir,
- "A son image" de Jérôme Ferrari, pour la Corse, la photographie et le style.
- "Les enfants après eux" de Nicolas Mathieu, un roman social, un portrait d'une France abandonnée, un écrivain naissant et à suivre, dorénavant,
- "Un cœur converti" de Stefan Hertmans, un souffle romanesque, un roman historique, une femme courage,
- "Fille de révolutionnaires" de Laurence Debray, un récit familial, drôle et acide sur deux intellectuels de gauche, amoureux de l'utopie révolutionnaire,
- "Un été avec Homère" de Sylvain Tesson, pour la Grèce antique, pour l'Odyssée et pour la lumière des Cyclades. 
Dans cette liste, j'ai mélangé romans et récits, publiés en 2018 et déjà, je regarde vers les nouveautés de janvier… Les livres, mes compagnons de toujours, fidèles, stables et éternels.