vendredi 20 février 2015

Hommage à André Brink

André Brink nous a quittés le 6 février à l'âge de 79 ans. Selon un article nécrologique du Monde, il était "l'ami de Nelson Mandela, un infatigable défenseur des droits humains et surtout l'un des plus grands romanciers sud-africains". Il a marqué des générations de lecteurs comme ses compatriotes écrivains, J.M. Coetzee et Nadine Gordimer, disparue le 13 juillet 2014. Né en 1935, sa mère était enseignante et son père, magistrat, descendants de colons boers, installés en Afrique du Sud depuis trois siècles. Il vit dans un milieu privilégié et apolitique. En 1959, il part à Paris après une double maîtrise d'afrikaans et d'anglais. A la Sorbonne, il remarque la présence d'étudiants noirs, et il prend conscience de l'apartheid dans son pays. La découverte de la littérature française avec Hugo, Zola, et surtout Camus l'influence sa vision de la société africaine. En 1964, il publie son premier roman "L'Ambassadeur". Il quitte la France en 1968 pour son pays. Il choisit la littérature comme arme de combat et certains de ses romans sont censurés comme "Au plus noir de la nuit" en 1976.  Il obtient le prix Médicis avec "Une saison blanche et sèche" en 1980.  André Brink a traduit en afrikaans les auteurs suivants (entre autres) : Shakespeare, Cervantès, Simenon, Camus, Duras. Il n'a jamais quitté les bancs de l'université jusqu'à sa retraite. J'ai voulu évoquer cet écrivain que j'ai lu régulièrement pendant quarante ans et que j'avais un peu délaissé. J'ai toujours préféré l'immense Nadine Gordimer qui me touchait davantage. Mais, je n'oublie pas l'influence littéraire et politique d'André Brink et je ne manquerai pas de découvrir ses mémoires publiées en 2008, "Mes bifurcations" et son dernier roman, "Philida".  Je dis souvent que j'ai deux familles, celle de ma vie personnelle, et celle de ma vie littéraire. Je viens donc de perdre l'un des membres les plus éminents de ma seconde famille... Je citerai pour terminer mon hommage cette phrase extraite "d'Une saison blanche et sèche" : "Il n'existe que deux espèces de folies contre lesquelles on doit se protéger. L'une est la croyance selon laquelle nous pouvons tout faire. L'autre est celle selon laquelle nous ne pouvons rien faire."