vendredi 26 novembre 2021

Escapade parisienne, 2

 Le mardi matin, j'avais rendez-vous à la Fondation Vuitton pour découvrir le bâtiment et la collection Morozov. Ce vaisseau ailé avec ses douze voiles en plein bois de Boulogne a été conçu par Frank Gehry qui définit son geste artistique ainsi : "A l'image du monde qui change en permanence, nous voulions concevoir un bâtiment qui évolue en fonction de l'heure et de la lumière afin de créer une impression d'éphémère et de changement continuel". Sorti de terre en 2014, posé sur un bassin, l'édifice ressemble à un voilier s'insérant parfaitement dans son environnement naturel. J'ai trouvé la file indienne habituelle à toute ouverture de musée avec les contraintes de la sécurité et du passe sanitaire. Malgré une forte fréquentation, les vastes salles permettent une visualisation confortable de tous les tableaux exposés. La collection Morozov constitue un événement majeur avec plus de 200 chefs-d'œuvre d'art moderne français et russe des frères moscovites. J'ai donc parcouru toutes les galeries dans cet espace : Manet, Rodin, Cézanne, Gauguin, Bonnard, Matisse, Van Gogh, Denis, Picasso aux côtés de quelques artistes russes comme Malévitch, Sarian, Répine et d'autres moins connus. Un festival de couleurs, de formes et d'audace artistique. J'ai remarqué le Van Gogh, une marine inconnue et sa toile terrible "La ronde des prisonniers", saisissante de tristesse. J'ai retrouvé avec plaisir les natures mortes de Cézanne, les tableaux sereins de Bonnard, les sculptures de Rodin et de Camille Claudel. J'ai arpenté ensuite les toits terrasses désertés par les visiteurs. La vue époustouflante du Bois de Boulogne et de Paris constitue un des attraits de cette institution ultra moderne. Cette visite s'est terminée au sous-sol labyrinthique où on peut voir une cascade fluide et musicale dévaler depuis l'entrée. Un soleil magnifique illuminait l'édifice et le rendait encore plus majestueux dans toute sa légèreté. Une exposition magnifique et rare, il faut en profiter jusqu'au 22 février 2022. Je suis partie ensuite dans le quartier du Luxembourg que j'aime tout particulièrement. J'avais lu récemment l'ouvrage de Lydia Flem, "Paris Fantasme" où elle évoque la rue Férou dans laquelle j'ai retrouvé le grand poème de Rimbaud, "Le Bateau Ivre", peint sur un mur d'enceinte d'un hôtel des impôts. Cette fresque poétique s'étale sur 300 mètres carrés et a été réalisée par le calligraphe néerlandais, Jan Willem Bruins. J'ai lu à haute voix quelques vers qui me sont si familiers et j'avais l'impression de vivre un moment rimbaldien dans cette rue charmante, proche de la place Saint-Sulpice. Rimbaud avait 17 ans quand il a écrit : "La tempête a béni mes éveils maritimes. Plus léger qu'un bouchon, j'ai dansé sur les flots". Paris et la littérature, un beau couple multiséculaire !