vendredi 27 mai 2022

Atelier Littérature, 1

 Ce jeudi 19 mai, malgré quelques absentes, nous étions réunies dans la salle Liberté de la Maison de Quartier du Centre Ville autour des livres et de la littérature. Cette rencontre mensuelle de mai, l'avant-dernière de la saison 2021-2022, avait pour objectif d'évoquer quelques coups de cœur après les commentaires sur la liste donnée en avril sur le thème de la rupture dans les romans. Odile a présenté "Alexis ou le traité du vain combat" de Marguerite Yourcenar. Cette lecture l'a touchée à cause de la souffrance d'Alexis. Celui-ci, musicien, s'est marié un peu par devoir avec Monique. Il lui écrit une longue missive pour lui annoncer sa rupture. Il ne veut plus vivre dans le mensonge et choisit sa liberté pour devenir ce qu'il est, un homme qui préfère les hommes. A cette époque, l'homosexualité dans les années 30, était très mal acceptée par la société et cet acte d'émancipation le condamne aussi à la solitude. Odile a noté le style magnifique de Marguerite Yourcenar et ce roman assez court n'a pas pris de ride. Danièle a beaucoup aimé "L'agent secret" de Philippe Sollers. Un régal de lecture : "Dans la maison, tous les matins, je laisse Richter jouer Haydn, on pourrait l'écouter sans cesse, ré mineur, concert public de Mantoue, notes vives et détachées. J'aime le futur immédiat, je ne crains pas la répétition, jeu enfantin, cercle qui ne va nulle part, on écrit toujours pour une voix disait Beckett, pas de voix, pas de notes, ni de mots. Le bonheur est possible. Je répète. Le bonheur est possible". Danièle a aimé le côté solaire de Sollers, ses confidences intimes, ses amours et ses voyages, ses goûts culturels. Un homme du XVIIIe, égaré dans notre siècle mais toujours convaincu que la vie rime avec la joie. J'ai intégré, dans ma bibliographie, cet écrivain français souvent critiqué, parfois détesté mais aussi admiré car il me semblait correspondre avec le thème de la rupture : rupture avec le conformisme ambiant, rupture avec la société bien pensante. Une ode de la liberté individuelle absolue et une position unique dans le panorama littéraire contemporain, une sorte "d'agent secret" de la vie.  Annette et Odile ont lu "L'Etrangère" de Sandor Marai. Ce roman d'une finesse psychologique troublante raconte la déchéance d'un homme qui vit une rupture incompréhensible avec son épouse, sa famille et même sa maîtresse. Il va même aller jusqu'au bout de son rejet radical de son existence en tuant une femme qu'il rencontre par hasard dans l'hôtel, une "étrangère". Une forme de suicide d'un antihéros qui n'attire pas l'empathie des lecteurs et des lectrices. Annette a bien apprécié ce roman "Mitteleuropa" alors qu'Odile a préféré d'autres œuvres très attachantes de cet écrivain passionnant, un Stefan Zweig de Hongrie.