lundi 23 mars 2020

Atelier Lectures, 1

L'atelier Lectures de mars n'a pas eu lieu même si quelques lectrices sont restées à l'AQCV pour partager leurs coups de cœur. Je vais rendre compte de quelques commentaires que j'ai reçus. Je démarre avec le coup de cœur d'Odile, "Croire aux fauves" de Nastassja Martin, un récit époustouflant sur la rencontre d'une anthropologue avec un ours,  déjà présenté par Annette. Ce livre étrange et passionnant, d'une écriture sensible et somptueuse, est une belle aventure littéraire. Régine a choisi un roman historique, "Le prix", de Cyril Gely dont l'incipit précise :"Nul ne sait ce que nous réserve le passé". En décembre 1946, le chimiste allemand, Otto Hahn, se trouve à Stockholm pour recevoir officiellement le prix Nobel pour sa découverte de la fission nucléaire. Cette découverte intervient après de 30 ans de recherches en collaboration étroite avec Lise Meitner, physicienne à l’Institut de chimie de Berlin. Cette dernière, de confession juive, se voit contrainte de fuir l’Allemagne nazie en 1938 et se réfugie en Suède, d’où elle continuera à correspondre avec Otto Hahn. L'action se situe à Stockholm le 10 décembre 1946 dans la chambre d’hôtel d’Otto Hahn avant la cérémonie du Nobel. A la grande surprise du chimiste, son ancienne collaboratrice le rejoint dans cette chambre. Pourquoi est-elle venue le retrouver juste à ce moment-là? Veut-elle simplement le revoir, retrouver cette amitié (ou plus?) qui les liait. Ce huis clos passionnant va peut-être répondre à la question : pourquoi Otto a t’il « gommé » Lise de ses travaux? La réponse : « Derrière chaque grand homme, se cache une femme ».  Un coup de cœur à retenir et à lire dans cette période très délicate de confinement… Annette m'a aussi envoyé deux coups de cœur. Le premier évoque la vie de Flaubert, "Un automne de Flaubert" d'Alexandre Postel, édité chez Gallimard. Le grand écrivain, âgé de cinquante-trois ans, souffre d'une dépression et se réfugie chez un ami à Concarneau. Cet ami dirige la station de biologie marine. Gustave prend des bains de mer, se balade, observe les pêcheurs, se nourrit de mollusques. Un jour, son génie littéraire revient quand il commence à écrire un conte médiéval d'une grande férocité. Il finira par terrasser le dragon de sa mélancolie. Son deuxième coup de cœur, "D'un cheval l'autre" de Bartabas l'a aussi subjuguée. Je reprends les termes d'Annette : "La classe, style ferme, droit, philosophie des relations humaines et animales, sueur, beauté des regards, l'art, la musique, le silence". Magnifique, ce récit malgré un vocabulaire équestre un peu technique. Voilà les coups de cœur du mois de mars, peu nombreux mais de très grande qualité littéraire.