mercredi 7 décembre 2016

Michel de Montaigne, 2

Michel de Montaigne compose ses Essais en s'appuyant sur ses lectures innombrables car, avant d'écrire, il a lu, beaucoup lu les auteurs latins et grecs en particulier. Cet immense lecteur a même consacré un chapitre aux livres (Livre II, chapitre 10) : "Je ne cherche aux livres qu'à m'y donner du plaisir par un honneste amusement ; ou si j'estudie,  je n'y cherche que la science qui traicte de la connoissance de moy mesmes, et qui m'instruise à bien mourir et à bien vivre." Il raconte dans ce chapitre, ses manières de lire en utilisant le terme "primesautier", ses préférences littéraires, ses poètes de prédilection comme Virgile, Horace, Lucrèce, ses historiens (Plutarque en particulier) et ses philosophes (Sénèque au sommet de ses choix). La table des matières des Essais résume à elle seule l'éclectisme de son œuvre "fourre-tout" : de la tristesse à l'oisiveté, de la solitude à la liberté de conscience, des menteurs aux cannibales, du dormir au démentir... Au menu de son œuvre unique et singulière, le lecteur peut saisir un sujet à sa guise sans suivre l'ordre des chapitres. Il est même conseillé de "picorer" une phrase, un extrait, une page, un chapitre pour approcher cet homme sage, sceptique, tolérant et honnête. Notre professeur a choisi les chapitres sur les boiteux, sur l'amitié avec Etienne de La Boétie qu'il nous a présenté en lisant à haute voix les extraits significatifs. Ce cours de l'Université populaire savoisienne a permis à ces nombreux participants de découvrir ou re-découvrir cet écrivain-philosophe avec plus de facilité. Avant de pénétrer dans ce labyrinthe de mots provenant du XVIe siècle, il faut aussi se nourrir de quelques ouvrages sur Montaigne dont ceux d'Antoine Compagnon ("Un été avec Montaigne") et de Sarah Bakewell ("Comment vivre ? Une vie de Montaigne en une question et vingt tentatives de réponse"). Je conseille aussi le "Montaigne" de Stefan Zweig, une biographie merveilleuse, car Zweig avait rencontré un "frère" dans ces temps horribles du nazisme. La liberté intérieure de Montaigne est le leitmotiv du livre et je termine cette modeste évocation de Montaigne en citant Stefan Zweig : "Celui qui pense librement pour lui-même honore toute liberté sur terre"... Montaigne, Stefan Zweig, le même combat pour la liberté de penser...