lundi 4 mai 2020

Confinement déconfiné

Alors, le 11 mai, explosion de joie ! Nous allons enfin reprendre le chemin de la liberté, non pas une seule petite heure minimale, accordée avec parcimonie par nos gouvernants, conseillés par les experts médicaux. Ce mode de vie que nous subissons depuis presque deux mois nous a été imposé pour notre bien, pour notre vie. Ce virus, issu d'une chauve-souris "pangolinisée", venu d'Asie a bien bousculé notre temps d'avant, notre liberté d'avant. Hélas, j'ai vite compris que cette promesse se révèle quelque peu prudente, incertaine. On nous signale déjà que ce sale microbe continue sa course folle, ne s'arrête pas pour nous faire plaisir. Il est fort cruel et se moque des humains. Adieu, nos parcs et nos plages, nos musées et nos bibliothèques ! Un grand spécialiste a déjà informé à la télévision que le déconfinement allait provoquer des milliers de morts supplémentaires. Qui faut-il croire ? Des médecins semblent plus rassurants, d'autres plus menaçants. J'en perds mon latin ! L'urgence sanitaire jusqu'au 24 juillet vient de tomber. Ce choix signe encore notre vie contrainte. La Santé pour tous, la priorité des priorités au détriment de la liberté même surveillée pour tous avec des brigades (?), des fichiers, un traçage des malades. Un choix de société qui va s'avérer bénéfique ou maléfique ? Dans quelques mois, la réponse s'affichera sur nos écrans. André Comte-Sponville dans les Chemins de la Philosophie, regrettait ce choix drastique du confinement en pensant aux jeunes générations qui vont subir une crise économique exceptionnelle. Dans ce temps troublé par l'angoisse de la contagion, je pense à Platon et son allégorie de la caverne. Des hommes enchaînés sont enfermés dans une caverne et regardent leurs ombres sur la paroi. Le philosophe grec démontrait sa théorie des idées, du Bien, de l'Idéal. Je ne me permettrai pas de développer ce mythe mais, à mon niveau, j'imagine ces hommes et ces femmes (j'ajoute mes sœurs antiques que Platon excluait) devant leur paroi qui contemplent des ombres : c'est notre monde d'aujourd'hui ! Une paroi : nos écrans, le télétravail. Les silhouettes représentent le monde virtuel. La caverne, notre confinement. Platon décrit notre pauvre condition humaine, notre servitude volontaire, nos dépendances. Platon nous encouragerait à nous libérer, à atteindre la lumière de la connaissance. Le 11 mai, nous allons sortir de notre caverne pour aller enfin vers les autres. L'homme est un animal social selon Aristote. La philosophie m'aide beaucoup en ce moment à conserver une attitude stoïque. Les Romains de la Rome antique ont pratiqué la sobriété, la vie simple, le courage. Sénèque prônait l'ataraxie ou l'absence d'anxiété face à la maladie et au désordre, loin des vanités sociales, du consumérisme et du mirage des progrès techniques qui déshumanisent. Le "cavernement" prendra bien fin un jour prochain. C'est la Science avec un grand S qui abolira cet immonde virus ennemi comme ont disparu les autres : SIDA, EBOLA, H1N1, etc. Ils ont été terrassés, celui d'aujourd'hui le sera aussi mais quand ? Plus de temps à perdre car la patience et la prudence commencent à s'effilocher… Un monde nouveau s'offre à nous ? L'avenir sans virus le dira.