lundi 17 juillet 2023

Milan Kundera, un géant de la littérature

Alain Finkielkraut a reçu dans son émission, "Répliques" sur France Culture, Florence Noiville, journaliste du journal Le Monde, et surtout une amie du couple Kundera. Elle a écrit une biographie sur Milan Kundera que j'ai tout de suite achetée pour approfondir ma connaissance de cet écrivain au destin exceptionnel. La journaliste relatait la maladie de l'écrivain "qui était tombé dans l'oubli" et je n'ai pas été étonnée d'apprendre son décès à 94 ans. J'avais choisi quelques un de ses romans dans le cadre de l'Atelier Littérature et le redécouvrir en relisant mes Pléiades a ensoleillé mes lectures hivernales. Le lire vingt ans après m'a encore plus enthousiasmée car prendre de l'âge comporte quelques avantages appréciables comme du temps libre pour lire mieux, une attention plus approfondie, une curiosité plus affûtée. Dans les deux Pléiades publiées en 2011, il a exigé une absence d'indices biographiques et refusait l'effet "people" littéraire. Il ne désirait pas se mettre "en lumière" et privilégiait "la fugue intime". Se définissant comme un romancier (et non un dissident), il vivait littérature, respirait littérature, rêvait littérature, analysait la littérature dans ses divers essais comme "L'art du roman" et les "Testaments trahis". De "L'insoutenable légèreté de l'être" à "La Plaisanterie", du "Livre du rire et de l'oubli" à "Risibles amours", sans oublier ses derniers romans comme "L'Ignorance", j'ai tout relu pendant quelques mois, revisitant sa planète si particulière. Il s'empare de la fiction pour illustrer ses idées fondamentales : la lutte contre les ennemis de la liberté, tous ces "ismes" tel le totalitarisme communiste, le dogmatisme religieux, l'optimisme béat, le romantisme utopique et surtout, le lyrisme de la jeunesse et l'impérialisme. Mais, il préférait aussi évoquer l'amour dans les intrigues de ses fictions. Milan Kundera s'attachait sans cesse à explorer la condition humaine : "dévoiler un aspect inconnu de l'existence" en lui donnant une forme littéraire : "L'écrivain s'inscrit sur la carte spirituelle de son temps, de sa nation, sur celle de l'histoire des idées". Héritier légitime de Rabelais, de Cervantès, de Diderot et de Kafka, il cultive la fantaisie, le jeu, la liberté, l'ironie, mais aussi le désenchantement, la désillusion. Des amis écrivains le décrivent comme "un homme courtois, pudique, drôle, intelligent et rigoureux". Milan Kundera nous a quittés mais son âme reste avec nous dans toutes ses œuvres dont l'une porte le titre "L'Immortalité". C'est aussi ça la littérature : une porte vers l'éternité.